Le groupe Roy Énergie, sans doute l’un des plus gros concepteurs et assembleurs français d’installations photovoltaïques, finit de construire son centre de production à Toury au nord d’Orléans. Il crée dans le même temps une « école de compétence » pour que les techniciens, les financeurs et administratifs sachent de quoi ils parlent.
Evoquer le développement durable, c’est à coup sûr entrer dans une discussion d’experts qui revendiquent chacun leur vérité. Aborder les énergies renouvelables, c’est la remise en question quasi certaine des solutions innovantes, et prêter le flan à la critique.
Pourtant, Romain Roy semble mettre tout le monde d’accord. Ancien pompier et charpentier-couvreur, il est aujourd’hui président fondateur du groupe industriel éponyme, né il y a six ans. Bien que l’on parle de photovoltaïque, chiffres et retours d’expérience à l’appui, le discours est fluide et frappé au coin du bon sens.
Au milieu de la campagne de Toury, les deux bâtiments impressionnent par leur taille. 800m2 de bureaux, salles de cours et de sport, 2 000m2 de stockage et d’ateliers. « C’est ici qu’on fait la préparation sur mesure de nos chantiers, explique Romain Roy. Nos clients sont des entreprises, des GAEC, la grande distribution et les collectivités, sans oublier les particuliers. Il s’agit de faire produire de l’énergie à toutes les surfaces qui reçoivent le soleil : gymnases, ombrières, façades et même des garde-corps. Mieux encore, on sait installer des modèles mobiles, déployables, voire flottants ».
Recyclables à 98%
Si la France ne s’est vraiment intéressée au photovoltaïque qu’en 2005, les Allemands ont vingt ans de retour d’expérience supplémentaires. C’est donc en partie chez eux que Roy Énergie se fournit en matériels, ainsi qu’aux USA, en Slovaquie et bien sûr chez l’incontournable chinois Hyundai.
« Il faut connaître chaque composant et les avoir testés pour optimiser les installations » explique Romain. Les technologies que nous utilisons ont fait de formidables progrès. Les matériaux sont recyclables à 98% et cinq fois. Les produits ont plus que doublé leur rendement surfacique en dix ans, et l’on a divisé par huit le coût des matériaux. Dans le même temps, le coût d’achat de notre électricité est passé de l’ordre de 10cts en 2010 à 20 voire 30cts en 2022 ». L’effet ciseau est évident, et jamais la question de l’énergie ne s’est posée avec autant d’acuité.
Pour cette raison, Roy Energie développe sa propre « école de compétence ». Pour les techniciens bien sûr, mais aussi récemment, les représentants de 150 agences bancaires. « Il faut faire monter les gens en compétence, insiste Romain, pour qu’ils sachent de quoi ils parlent ».
Il n’est pas de patron plus efficace qu’un patron convaincu. Le Groupe Roy Énergie en est l’exemple : la progression du chiffre d’affaires parle d’elle même, passé de 5,5 millions d’euros en 2018 à 18 millions d’euros aujourd’hui (avec 82 salariés), il devrait atteindre 100 millions d’euros en 2030. « On a deux ans de carnet de commande d’avance et 38 millions d’euros signés ». Le groupe prévoit aussi de créer une agence similaire à celle de Toury, en région toulousaine, et le déploiement d’une dizaine d’agences en France dans les dix prochaines années.
À la recherche des datas
Le concert de Sting à Chambord en juin dernier fut un coup de maître en termes de marketing. Il fut surtout un formidable banc d’essai.
Si les panneaux déployés dans une percée du château n’ont fourni « que » le tiers des 18.000kw consommés, le plus important sont les datas récoltées et la validation d’un concept.
« L’idée est à terme de savoir remplacer les groupes électrogènes thermiques, indispensables en base de vie, en cas de catastrophe naturelle ou en zone sinistrée », explique Romain. Pour un camp militaire installé au Saël, le plus dangereux est de laisser des hommes sortir chercher le carburant pour alimenter le générateur. Le photovoltaïque est plus « safe », encore faut-il en connaître chaque contrainte. Roy Énergie dépense pour cela près de 4% de son chiffre d’affaires en R&D et consacre aussi près de 500 000€ pour le développement d’un générateur à hydrogène. L’énergie de demain sera mixte bien sûr, mais le solaire aura plus d’un mot à dire.
Stéphane de Laage