L’œnotourisme, on adore !

Troglo Degusto à Bourré dans le Loir-et-Cher 

Il y a trente ans, les vignerons ne sortaient guère de leurs exploitations, et les industriels se cachaient dans leurs usines. Aujourd’hui, tout a changé, les exploitations se sont ouvertes, le tourisme industriel comme agricole s’est développé et le public se passionne.

 Les viticulteurs accueillent au chai et dans les vignes ; on découvre, on joue les curieux, on se cultive. Mieux encore, on fait la route des vins, on arpente la Loire à vélo, on dort chez l’habitant et l’on pique-nique à la ferme, on joue même les aventuriers dans les troglodytes. L’œnotourisme est devenu un mode de développement incontournable de l’économie locale et l’atout cœur des viticulteurs.

Les 5 et 6 septembre en Val de Loire, comme chaque année depuis plus de 15 ans, ils se sont mis en quatre pour accueillir les randonneurs en leurs domaines. Le rendez-vous VVR (Vins, vignes, rando) organisé et coordonné par les vins du Val de Loire, recueille un succès qui ne se dément pas. En famille ou entre amis, ces quelques heures passées dans les vignes et dans les chais, sont des instants de convivialité et de découverte un peu à part, en compagnie bien sûr des vignerons. Quelques heures de balade ponctuées de dégustations, de visites de domaines, de la découverte du patrimoine et des appellations ligériennes.

Le Val de Loire, 1er vignoble œnotouristique de France

Selon l’Observatoire de l’œnotourisme, le Val de Loire a accueilli en 2018, près de deux millions de visiteurs dans le réseau des 350 caves touristiques. Les retombées financières sont importantes, estimées à 84 M€. Une terre d’accueil qui travaille pour cela et ça se voit. Elle a été récompensée à quatre reprises. En 2019, InterLoire a reçu le 1er prix du concours « European Iter Vitis Awards » et le 1er prix du concours « Destination of Sustainable Cultural Tourism 2019 ». Cette année encore, au salon des Vins du Val de Loire, VVR a reçu le prix spécial du jury lors des Bacchus de l’œnotourisme ; en avril, la médaille d’Argent dans la catégorie Promotion du terroir.

Montlouis, non loin de la Loire à Vélo

La cave coopérative de Montlouis joue aussi la carte du tourisme. Elle accueille pas loin de 30.000 visiteurs par an. Depuis quatre ans, les visites audioguidées des caves troglodytes sont gratuites. On les a conçues pour être ludiques et courtes pour intéresser toute la famille. Tripadvisor publie d’ailleurs les meilleurs commentaires. A noter que le site internet vante aussi ses partenaires comme la Loire à vélo. « On est un point relai sur cette route.se félicite la directrice Emeline Hascoët. Les visiteurs achètent peu car ils sont à vélo, mais ils reviennent plus tard, et emportent une bouteille qui sera un outil de communication qui voyage » !

Troglo Degusto : mélodie en sous-sol

A Bourré dans le Loir-et-Cher, des siècles durant, l’homme a creusé sous terre pour y extraire la pierre blanche de Tuffeau, composant de tous les édifices du val de Loire. Pas un château, pas une cathédrale, pas même une maison qui n’en soit construit. Ce sont aujourd’hui des galeries souterraines que l’on visite et qui préservent le vin de la lumière, à température constante.

Troglo Degusto a fait de l’œnotourisme sa spécialité, emmenant le visiteur à la découverte de l’art populaire des carrières, et des vins du terroir. Chez eux on parle en kilomètres, 35 pour être précis, 580 Km à Bourré, capital des sous-terrain. On parle aussi de vin puisque le domaine des Tabourelles, tout juste voisin trouve ici refuge une fois mis en bouteille. Le vignoble que cultive Anne Josseau, d’Appellation Touraine Chenonceau, s’étend sur les coteaux de la Vallée du Cher. On y fait une cuvée de Sauvignon Blanc, star de l’AOC Touraine, une autre de rouge issue d’un assemblage Côt Cabernet, et même le pinot d’Aunis vinifié en rosé.

La pierre de tuffeau apporte dit-on, une minéralité et participe de l’élaboration des vins pétillants, perlants et mousseux.

« Les visiteurs se passionnent pour l’histoire de la viticulture, confirme Julie, guide touristique du site. Un public très divers, jeunes et moins jeunes, de toutes catégories socio professionnelles. Les entreprises s’y intéressent aussi, poursuit Julie. Elles viennent passer des moments récréatifs et intelligents, découvrir sans doute aussi des valeurs essentielles ».

Même si la règlementation ne favorise pas le vin, on consomme moins mais mieux. Les visiteurs veulent connaitre les vins. Pourquoi, comment, par qui sont-ils fait ?

La petite entreprise que mène Stéphane Josseau, et qui surfe sur cette envie de découverte, a été récompensée pour sa créativité, ses prestations atypiques. Elle a obtenu le Top tourisme catégorie Territoires en 2017, et élu en 2019 parmi les 10 meilleurs sites œnotourisme de France.

Ouvert toute l’année sur réservation . 

Le luxe fonctionne toujours

S’il fut une époque où la connaissance des vins était l’apanage des gens aisés, l’on voit que les foires aux vins et l’œnotourisme ont gommé ces lignes. Pour autant, le luxe et les plaisirs du vin font toujours bon ménage. Preuve en est l’inauguration cette année du domaine des « Sources de Cheverny ». Un établissement 4 étoiles qui allie l’hôtellerie, la gastronomie et la Vinothérapie©. Ici, on cultive le bien-être au cœur des vignes et l’on vous fait découvrir, les joies de la culture des vins de Loire. Le palace cible une clientèle haut de gamme majoritairement étrangère, comme les Sources de Caudalie, autre établissement 4 étoiles Luxe à Martillac au cœur du vignoble bordelais. Jérôme Tourbier, le propriétaire envisage aussi de produire du vin sur son domaine. Sept hectares de cépage blanc Romorantin devraient être plantés et vinifiés par un viticulteur local.

Par Stéphane de Laage

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