« L’innovation est à portée de tous »

©Photo:  Jannoon028 / Freepik

Les grandes comme les petites entreprises se doivent d’innover, de développer leurs clientèles, leurs produits. Mais est-ce si simple et comment se lancer ?

Rencontre avec Antoine Bocquého, créateur de StudiHo, à Orléans.

Ces dernières années, on parle beaucoup d’innovation. Mais qu’est-ce que c’est, concrètement ?

L’innovation est la recherche d’améliorations de l’existant. En réalité, il existe plusieurs types d’innovation. L’innovation de rupture, qui permet de changer de paradigme, de conquérir de nouveaux marchés avec parfois un nouveau produit, souvent en lien avec les technologies ; l’innovation de service, également souvent basée sur la technologie ; et l’innovation incrémentale, qui modifie et améliore un produit et/ou un service existant. L’innovation diffère selon le client et son projet. Mais on ne peut pas dire qu’on créé une innovation, ça ne se définit pas. C’est le produit qui fait l’innovation à court et moyen terme.

L’innovation va-t-elle forcément de pair avec les nouvelles technologies ?

Avant de penser à investir dans telle ou telle technologie innovante, on peut observer ce qu’on a sous la main. On ne se rend pas compte mais une multitude d’informations est disponible. La connaissance devient accessible à tous, notamment grâce à Internet et aux divers cours mis en ligne. Une innovation peut ainsi être frugale et être mise en œuvre avec des moyens simples. Donc elle n’est pas forcément coûteuse.

Comment se construit une innovation ?

Elle doit passer par plusieurs phases. Il ne faut pas être impatient car sa croissance sera exponentielle au début… Puis tombera en désuétude avant de prendre le temps de trouver son marché. Concrètement, il faut d’abord ajuster le produit, le produit à grande échelle. Il y aura une différence entre l’échantillon et la réalité, ce qui engendre des mises à jour et des adaptations ; c’est à ce moment que le projet retombe avant de répondre aux besoins réels des clients. Cette période se prépare, notamment en cherchant des personas (des cibles, en marketing, ndlr). Il n’y a aucune règle de temps, tout dépend du produit.

A qui s’adresse l’innovation ?

A tout le monde. Les grandes entreprises ont généralement des équipes qui s’occupent d’innover. Les petites et moyennes entreprises ont parfois besoin d’informations sur le sujet et d’aides dans leurs démarches. Avec StudiHo, je les accompagne, je propose un regard extérieur sur leurs projets. Ensemble, on peut travailler sur la communication, le prototypage. On ne cherche pas à développer un produit parfait tout de suite mais une approche pas à pas vers le succès.

Pour une start-up ou une petite entreprise, à quoi sert-il d’innover ?

Si elles ne le font pas, leurs concurrents le feront. En 2019, on estimait à 33% le taux de clients qui, entre deux mêmes produits, achèterait celui qui répond le plus à son éthique. Cela permet également de donner du sens au travail, ce qui est, semble-t-il, important pour la génération Z (personnes nées après 1997). Et puis, nous n’avons qu’une seule planète : innover améliore nos acquis actuels sans créer de nouvelles choses polluantes.

Pourtant, c’est un terme qui peut encore faire peur…

C’est vrai, notamment auprès des artisans du territoire. Pourtant, l’innovation est à portée de tous et est valable pour tous les métiers de tous les secteurs d’activités, que les entreprises soient déjà innovantes ou non. Développer une innovation de services ou une innovation incrémentale peut permettre aux petites entreprises de fidéliser leur clientèle tout en ayant de nouveaux marchés. Elle peut également être interne pour favoriser une meilleure organisation et permettre de se dégager du temps. L’innovation prend la forme qu’on lui donne mais pour cela il faut d’abord faire un état des lieux de l’entreprise pour se poser les bonnes questions.

Existe-il des aides ?

Sur le territoire, il existe de nombreux incubateurs et des réseaux qui soutiennent l’innovation. Certains proposent des aides, des outils humains, voire financiers. La Banque publique d’investissement (BPI) est un vrai levier pour les créateurs et les innovateurs, en termes d’accompagnement et financier. Il y a aussi des aides européennes et des aides régionales. Les acteurs publics sont conscients qu’il faille aider à l’innovation. En Centre-Val de Loire, on commence même à co-construire la ville de demain, à l’imaginer ensemble en innovant dans une démarche low-tech de bien-être.

La France est-elle en retard en innovation ?

On est dans une société où il y a une véritable course à l’innovation mais qu’est-ce que ça veut dire ? Il y a sans doute encore des choses à faire sur les problèmes de société et les problèmes environnementaux. Mais nous ne sommes pas en retard car à partir d’un moment où on innove, on avance.

Propos recueillis par Claire Seznec. 

Créé en janvier 2020 par Antoine Bocquého, StudiHo propose du conseil en innovation, notamment en innovation frugale, à destination des entreprises et des start-ups. Son objectif ? Rendre l’économie plus vertueuse, plus (éco)responsable, plus humaine.
Antoine Bocquého lui-même a innové avec sa start-up Géonomie, avec laquelle il a créé, avec son équipe, un robot conçu en économie circulaire et qui serait l’un des moins coûteux du marché.

www.studiho.fr 

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