Fondés en 1845, les Émaux de Briare sont l’une des plus anciennes (et, désormais, la dernière) fabriques d’émaux et de mosaïques françaises. Une des plus prestigieuses aussi, synonyme de couleurs éclatantes et de décoration haut de gamme. Aujourd’hui, l’entreprise doit faire face à la crise de l’énergie et à un désintérêt pour ce style ornemental.
En bon Breton, Jean-Claude Kergoat, PDG des Émaux de Briare depuis 1996, aime utiliser des métaphores maritimes pour résumer une situation : « Nous sommes en pleine tempête. Comme toute entreprise de céramique, nous utilisons beaucoup d’énergie alors le présent est compliqué. Depuis 2022, le prix de l’énergie a énormément augmenté (600 % de hausse !) et l’entreprise n’a plus aucune visibilité. »
Pour l’entrepreneur, la crise de l’énergie se cumule à un effet mode : « La mosaïque est un produit cyclique. Nous sommes actuellement dans le creux de la vague. Les émaux sont utilisés pour mettre de la couleur dans son quotidien, pour affirmer sa personnalité mais, aujourd’hui, la tendance, c’est le gris. On constate une uniformité dans la décoration : les audacieux font du gris clair au lieu du gris foncé. La mosaïque est beaucoup moins dans le vent depuis 10 ans. Par conséquent, le nombre de nos chantiers a plutôt baissé. »
De grands chantiers en 2024
Alors, face à ces difficultés, Jean-Claude Kergoat fait le dos rond : « Quand il y a une tempête, on affale les voiles et on attend que ça passe. Ce n’est pas l’attitude qui a le plus de panache mais c’est comme cela qu’on sauve les hommes et un bateau. » Le PDG a voulu faire en sorte que la situation soit la moins douloureuse possible pour ses employés : « Il y a eu très peu de licenciements. Nous avons surtout opté pour le non-remplacement des départs à la retraite. » Par ailleurs, le chef d’entreprise a développé une nouvelle activité qui devait être secondaire mais qui est, aujourd’hui, très importante : la fabrication de poudre minérale pour le secteur automobile.
Jean-Claude Kergoat se veut optimiste : « Ce n’est pas du tout la fin de notre entreprise. Mon objectif, c’est que le bateau soit toujours là quand la tempête prendra fin, c’est sauver l’essentiel, les compétences notamment, pour le jour où les conditions de navigation seront meilleures. » Et, alors, la société aura besoin des bonnes personnes pour redémarrer. « Nous recrutons des gens qui sont capables de voir au-delà de la conjoncture actuelle. Des gens qui n’ont pas peur quand la mer est un peu agitée. Nous possédons des fondamentaux solides, de bons produits, des clients fidèles, des savoir-faire, un outil industriel performant. C’est juste une mauvaise passe. » En outre, l’industriel a « bon espoir de réaliser deux grands chantiers en 2024. Nous travaillons sur de beaux projets en ce moment. C’est important pour développer la notoriété de la société et pour le moral ! Ce qui permet de construire une belle image de marque, c’est aussi le respect des promesses. Et, nous, nous tenons nos engagements : après 30 ans, nos émaux sont toujours aussi beaux. »
Estelle Cuiry
