La lumineuse reconversion d’un chef d’entreprise

Ingénieur de formation, Jean-François Vandewalle réalise ses créations dans l’atelier de sa maison.
Ingénieur de formation, Jean-François Vandewalle réalise ses créations dans l’atelier de sa maison.

Cadre dirigeant de sites de production de la pharmacie dans le Loiret, puis de la cosmétique dans le Loir-et-Cher, Jean-François Vandewalle a subi une sévère épreuve d’épuisement professionnel en 2018. Un accompagnement par la Maison des cadres l’a aidé à trouver une nouvelle voie. Il fabrique des luminaires originaux à partir de pièces métalliques industrielles.

Tout allait bien dans la vie de Jean-François Wandewalle. Originaire de Valenciennes, plutôt bon élève, il avait intégré une école d’ingénieur à Mulhouse et décroché sans problème son diplôme dans la spécialité chimie. Une embauche avait suivi dans une entreprise lyonnaise du secteur de la chimie, filiale d’Air liquide, où il était passé assez rapidement de chargé de projet à directeur de production. Le rachat de l’entreprise par le groupe Merck sera l’occasion d’un déménagement à Semoy, dans le Loiret, et d’une nouvelle promotion avec l’accès au poste de directeur adjoint du site. Le fauteuil de directeur lui tendait les bras, mais Jean-François a préféré rejoindre en 2009 le groupe Sisley en prenant la direction du site de production Francos, à Villebarou, au nord de Blois.

Tout continuait d’aller donc très bien pour Jean-François, à la tête d’un site qui connaîtra une forte progression sous sa direction pendant dix ans, passant de 180 à 270 salariés. En 2018, à 55 ans, père de trois garçons et propriétaire d’une belle maison en bordure de Loire, il connaissait la vie trépidante d’un cadre dirigeant faite de conduite de projets, de management d’équipe, de déplacements, et de stress aussi.

La machine était bloquée

Tout allait bien dans la vie de Jean-François jusqu’à ce matin de la fin 2018. Comme tous les matins, il s’apprêtait à partir à Blois pour une nouvelle journée de travail. « Et puis, je me suis retrouvé deux heures après, toujours assis dans ce canapé, incapable de me décider à partir. La machine était bloquée. L’organisme refusait de continuer, le cerveau s’était mis en sécurité », raconte-t-il aujourd’hui, dans sa maison de Saint-Jean-Le-Blanc. Il était victime d’un sévère « burn-out », une situation d’épuisement professionnel capable de terrasser les plus farouches volontés. Pas question de reprendre le travail ni de se gaver d’antidépresseurs. « J’ai négocié une rupture conventionnelle, explique Jean-François. Puis, en 2019, je me suis inscrit à la Maison des cadres car j’avais encore le projet de retrouver une activité de direction industrielle. » La Maison des cadres est une association qui propose un accompagnement personnalisé pour le retour à l’emploi, mais aussi une démarche de développement personnel destinée à faire émerger les motivations profondes. Arrive la période COVID, et Jean-François, pour passer le temps, commence à bricoler dans son atelier des luminaires à base de pièces métalliques industrielles.

Une seconde vie

Sa famille et ses amis le félicitent pour ses créations. En 2021, il est retenu pour un poste de directeur de site industriel, mais il renonce au dernier moment. Sa décision est prise : il sera créateur de luminaires en recyclant des objets industriels. « Dans ma vie professionnelle, j’ai toujours été entouré de machineries et de tuyauteries, explique-t-il. Mon idée consiste à leur donner une seconde vie en les mettant en valeur dans des créations à la fois esthétiques et fonctionnelles. » C’est ainsi que des tubes de canalisation, des raccords, des flexibles, des manomètres se transforment en lampes de bureau, en lampadaire d’intérieur ou en bougeoirs. Ils prennent souvent l’allure de personnages tubulaires évoquant l’univers du Magicien d’Oz.

Après une formation à la création d’entreprise, et avoir testé son modèle dans la couveuse PES 45, Jean-François a commencé à participer à des expositions d’artisanat d’art et des salons. En juin 2022, une première vente à un directeur d’usine, à partir d’éléments métalliques de sa propre entreprise, l’a encouragé à poursuivre. Il en est aujourd’hui à une trentaine de vente et a ouvert un « showroom » dans sa maison de Saint-Jean-le-Blanc. S’il donne une seconde vie aux objets, Jean-François a aussi réussi à donner un nouveau sens à la sienne.

Bruno Goupille

Jean-François Vandewalle présente ses créations dans une pièce de sa maison, 10 rue de la Cerisaille, à Saint-Jean-le-Blanc (45). Elles sont visibles sur sa page Instagram : https://www.instagram.com/jeffcreations45/
Jean-François Vandewalle présente ses créations dans une pièce de sa maison, 10 rue de la Cerisaille, à Saint-Jean-le-Blanc (45). Elles sont visibles sur sa page Instagram : https://www.instagram.com/jeffcreations45/
Facebook
Twitter
Envoyer à un ami
LinkedIn