Photo : Outre les bûches glacées, les Apprentis Givrés ont créé des pots de glace avec une touche de miel pour la restauration scolaire sous la marque « Les P’tits Ecolos ».
À Céré-la-Ronde, l’atelier des Apprentis Givrés élabore des desserts glacés avec du lait équitable et des ingrédients végétaux valorisés. Une des nombreuses initiatives de la Ressourceraie.
Arnaud Lebert, le fondateur de la Ressourceraie ne manque pas de… ressources. Il a déjà vécu plusieurs vies et multiplie désormais les initiatives et les projets. Il a connu la fin de l’âge d’or des agences de publicité en tant que financier chez Young et Rubicam, et les aventures du Minitel en fondant, avec Edouard de Broglie, le « 3615 je trouve » qui permettait aux artisans de mettre en ligne leurs produits à une époque où le e-commerce restait à inventer. Il a aussi créé des pistes de karting en salle à Nanterre, Toulouse et Nancy.
Fils d’ébéniste et entrepreneur dans l’âme, Arnaud Lebert estime que le savoir-faire des artisans n’est pas assez mis en valeur notamment dans les métiers de l’alimentation et des ressources végétales. De cette conviction, est née il y a trois ans en Touraine la Ressourceraie, une plateforme de services ouverte aux porteurs de projets qui soutiennent les filières de valorisation des végétaux. S’il est seul à la tête de la Ressourceraie, Arnaud Lebert s’associe à d’autres investisseurs pour soutenir des initiatives portées par des entreprises ou des start-ups.
Un pôle dédié aux produits alimentaires
L’un de ses premiers engagements a été de s’associer avec Stéphan Perrotte, champion du monde de la confiture installé à côté de Saumur. Arnaud Lebert l’a fait bénéficier de ses compétences en marketing et communication, et de son réseau, pour faire connaître la Maison Perrotte chez les grands chefs et même en Corée. Idem avec les vergers de la Manse qui fabriquent des jus de fruits près de Tours, ou encore la distillerie Girardot, à Chissay-en-Touraine (Loir-et-Cher), et sa célèbre liqueur « Fraise Or ». La Ressourceraie soutient également Marin Mulliez, de la grande famille des dirigeants d’Auchan, qui élabore près de Chinon des jus à partir de fruits et légumes invendus sous la marque NoFilter.
Ce « pôle food », comme l’intitule Arnaud Lebert s’est étendu il y a six mois avec la création des Apprentis Givrés. Comme son nom le laisse deviner, il s’agit d’un atelier de création de spécialités glacées faisant appel à la formation par apprentissage. « Nous avons recruté un chef spécialisés en glaces qui formera un ou deux jeunes par an, explique Arnaud Lebert. Le laboratoire est installé à Céré-la-Ronde et utilise du lait équitable, c’est-à-dire garantissant une juste rémunération aux producteurs ».
Le label Artisan Agriculteur
Une première gamme destinée à la restauration a été produite ainsi que des pots de crème glacée, avec une touche de miel, sous la marque « les P’tits Ecolos » pour la restauration scolaire. « Nous sortons aussi pour les fêtes des bûches de Noël qui seront les premières à porter notre label « A.A. » pour Artisan Agriculteur », annonce le patron de la Ressourceraie.
Toujours à l’affût d’opportunités, il a repris en août 2018 la soierie Jean Roze, dernière en activité à Tours et plus ancienne de France. « Je l’ai reprise à la barre du tribunal de commerce alors qu’elle était en liquidation, raconte-t-il. Depuis le chiffre d’affaires a été doublé en atteignant 1 M€. Je compte réintroduire la culture des mûriers et l’élevage du ver à soie en Val de Loire. Nous travaillons aussi avec des chercheurs et des laboratoires pour créer un fil de tissage à partir des fibres de pieds de tomates ».
Arnaud Lebert a aussi en tête la création d’un réseau de sites touristiques liés au végétal en Val de Loire, le lancement d’une gamme de produits cosmétiques à partir de la feuille du mûrier, la création de pigments naturels extraits de déchets alimentaires… Quand on vous disait qu’il ne manque pas de ressources !
Par Bruno Goupille
Une filière agroalimentaire régionale d’avenir
La filière agroalimentaire représente un poids significatif en Centre-Val de Loire avec 300 entreprises qui font travailler 12 000 personnes et génèrent un chiffre d’affaires de 3 Md€.
Elle bénéficie des apports de centres de recherches comme le pôle en génie alimentaire Isaac Newton, dans le Cher, le pôle Food Val de Loire, en Loir-et-Cher, ou l’Institut européen d’histoire et des cultures alimentaires, en Indre-et-Loire.
Lors d’une journée de présentation à la presse des innovations de l’agroalimentaire régionale organisée par l’agence de développement économique Dev’Up, François Bonneau, son président, a estimé qu’il s’agissait d’un secteur déterminant pour lequel la région porte des ambitions de développement en se projetant vers les techniques et produits de demain.