Le paradoxe nucléaire

Alors que le Gouvernement prône la diminution du nucléaire et la croissance des énergies alternatives dans le mixte énergétique français, une étude de l’INSEE en Région Centre Val de Loire vient d’être publiée. Elle a même été commentée en préfecture de région, rappelant le poids de la filière nucléaire dans notre économie régionale.

Un peu comme un fait exprès, cette étude vient prouver s’il en était besoin, le poids énorme que représente cette filière en terme d’emploi. Pour ajouter à l’incompréhension des Français, « le Grand Carénage » bat son plein. Cette opération de révision et de remise à niveau des 56 réacteurs en service en France, a pour but d’en prolonger la durée de vie. De quoi s’interroger sur la finalité de cette étude, très complète au demeurant.

Le nucléaire est la première source d’électricité en France puisqu’elle produit 75% du mixte. Elle est par ailleurs une énergie totalement décarbonée, raison qui fait d’elle sans doute la plus « tolérée » des énergies discutables. Quatre des cinquante-six CPNE, centres nationaux de production d’électricité, se trouvent en Région Centre sur les rives de la Loire. Belleville, Chinon, Dampierre-en-Burly et St Laurent des Eaux.

Ensemble, ils génèrent 6.200 emplois, dont 95% en CDI, directement liés à la production d’électricité. S’ajoutent 2.300 emplois indirects, générés par les commandes des 19 CPNE d’EDF aux centres d’expertise basés dans notre région : l’agence de maintenance thermique de Tours et l’agence Thermique de Montargis notamment.

Le Nucléaire recrute

Cette étude se base sur les données d’avant le grand carénage ; opération débutée il y a six ans déjà sur les réacteurs les plus gros, notamment en Normandie. L’opération nationale de maintenance s’est depuis déployée à Belleville l’an dernier. Dampierre, qui a quatre réacteurs, engage la sienne cette année à raison d’un réacteur par an. « L’objectif, explique Jean-Paul Combémorel, directeur régional EDF, est de passer la durée de vie des réacteurs de 40 à 50 ans, puis de 50 à 60 ans ». De quoi se demander où en est la politique de réduction du nucléaire.

Une chose est sûre, ces chantiers emploient pour certains jusqu’à 1.500 personnes de façon ponctuelle, durant six mois. EDF recrute pour cela souvent dans des métiers en tension, (électriciens spécialisés, soudeurs, plombiers, etc.) pour lesquels il faut anticiper les formations.

« Avec les CCI, Dev’Up, Pôle emploi…On a fait en sorte de sécuriser les compétences dont on a besoin, explique J.-Paul Combémorel. Ces salariés de très haute technicité, on peut les trouver ailleurs, dans la filière aéronautique notamment, avec laquelle nous sommes entrés en contact ».

En Occitanie, là où se trouve Airbus, EDF s’est aussi rapprochée de la filière aéronautique et de ses 20.000 emplois, en difficulté en ce moment à cause du COVID. La centrale d’Agen dans le même temps a besoin de 1.000 à 1.500 techniciens supplémentaires. « C’est une question de bon sens, poursuit le directeur régional d’EDF. Ne nous voilons pas la face, le nucléaire est une industrie peu attractive, et certains territoires de la région Centre sont eux aussi peu attractifs. Il faut lutter contre cela. Ajoutons qu’un tiers des emplois industriels de la région centre ont plus de 50 ans. La question n’est pas celle des formations, elles existent dans les CFA, la carte des formations est bonne. Mais encore faut-il les remplir ».

Alors EDF recrute les 1.300 ingénieurs dont elle va avoir besoin en Région Centre, aussi dans les écoles comme l’INSA, Polytech, ou le lycée des métiers de Giens, qui sont déjà en conventions territoriale.

Qu’on se le dise, les centrales nucléaires sont là pour longtemps !

Par Stéphane de Laage

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