Il ne suffit pas d’être un bon artisan ou d’avoir une bonne idée pour créer une entreprise viable. Être (ou devenir) chef d’entreprise est un métier en soi qui demande d’acquérir ou de parfaire des compétences pour assurer la gestion économique et humaine de sa structure.
La CPME 41, alliée au Groupement de prévention agréé (GPA) et à Initiative Loir-et-Cher (ILC), va proposer dans les prochaines semaines des heures de formation dédiées aux chefs d’entreprise. Une mise en commun de compétences complémentaires qui vise, dans une logique d’accompagnement, à limiter les échecs des jeunes entrepreneurs. Ces formations gratuites seront adaptées au type d’entreprise (commerçant, artisan, profession libérale…).
« Il n’y a pas de permis d’entreprendre. Le statut de salarié est en train d’évoluer et un certain nombre d’entre-eux souhaite créer son emploi. Et la création du statut d’auto-entrepreneur (micro-entreprise) leur a offert une ouverture à moindre risque », souligne Marc Candela, président de la CPME 41. Pour autant, si l’on prend l’exemple d’un bon artisan, il n’a pas été formé au pilotage d’une entreprise. Le GPA, qui vient en aide aux entreprises en difficulté, est en première ligne pour constater ce déficit de formation. En effet, 70 % des entreprises qui ont sollicité le GPA ont été sorties d’affaire grâce à un accompagnement et ont pu continuer leur activité avec un modèle économique viable.
Des chefs d’entreprise aux revenus modestes
800 chefs d’entreprise sont inscrits au RSA (Revenu de solidarité active) en Loir-et-Cher, dont beaucoup d’auto-entrepreneurs. Rappelons que l’idée de départ de ce statut était de tester pendant deux ans une activité avant de muter vers un statut d’entreprise « classique » si le modèle économique s’avérait viable. Dans les faits, beaucoup restent auto-entrepreneurs et 70 % ne créent pas d’emploi autre que celui de son dirigeant. Une bonne formation au métier de chef d’entreprise aide à pérenniser l’activité et à la développer, voire à lui éviter
Marc Candela, président de la CPME 41.
« d’aller dans le mur » en mettant en place des outils et des méthodes de travail qui permettent d’anticiper ses charges fiscales et sociales, ses frais de fonctionnement, ses investissements, sa stratégie commerciale…
Au-delà des aspects « techniques », la gestion des ressources humaines est une préoccupation essentielle au bon fonctionnement de l’entreprise. « Il ne faut pas confondre ‘diriger’ et ‘manager’ : diriger, c’est dire à ses collaborateurs ce qu’il faut faire et quand ; manager c’est amener les personnes à donner le meilleur d’elles-mêmes en les installant le mieux possible dans leur emploi et donner du sens à leur travail au sein du projet d’entreprise », précise Marc Candela.
L’importance du « savoir-être »
Le chef d’entreprise doit être capable de former en interne ses salariés. La reconnaissance du travail ne passe pas seulement par le niveau de salaire, c’est le savoir-
être réciproque qui déclenche la confiance. Si tel est le cas, ce savoir-être se projettera aussi vers les clients de l’entreprise et participera à sa réputation et à sa réussite. Marc Candela reste optimiste vis-à-vis de l’avenir des entreprises : « Je pense que le bon sens général reprendra le dessus. Le chef d’entreprise, qui est resté longtemps isolé, prend conscience qu’il a besoin de se faire aider, en particulier via ses réseaux. Il est par ailleurs anormal que l’entreprise ne trouve pas aujourd’hui de salarié à employer et que des demandeurs d’emploi ne trouvent pas d’entreprise ». Le créateur d’une entreprise patrimoniale met en jeu son patrimoine et sa vie personnelle. Pourtant, l’aventure constitue un beau challenge et un projet de vie. S’en sortir économiquement, être responsable de ses décisions et de son travail, maîtriser son destin et celui de sa famille, transmettre des valeurs à ses enfants… Toutes choses qui procèdent de la recherche d’un équilibre professionnel et personnel. Un parcours semé d’embûches qui demande maturité et compétences pour créer son « écologie de vie ».
Quelques principes basiques
Un chef d’entreprise gère une entreprise (commerçant, artisan, avec un statut de travailleur indépendant…) : à ne pas confondre avec un gérant de société qui gère une société (un commerçant et un artisan peuvent aussi avoir opté pour la création d’une société). Lors de sa création, le choix du statut juridique de son entreprise n’est pas anodin : il conditionne un fonctionnement et un niveau de responsabilité financière personnelle. Basculer d’un statut à un autre est coûteux.
Réservez une journée par semaine pour piloter votre entreprise à partir de votre bureau : pour la gestion administrative, répondre aux demandes de devis, relancer le règlement des factures en retard, régler d’éventuels problèmes en suspens, réfléchir à la stratégie… Ce n’est pas l’expert-comptable qui assurera la gestion quotidienne de l’entreprise. Il est conseillé de mettre en réserve, sur un compte à part, un pourcentage des ressources de l’entreprise qui servira à assurer les charges programmées et quelques imprévus…
De l’humilité
Le chef d’entreprise ne doit pas rester dans sa bulle, surtout s’il n’obtient pas de bons résultats. Participer à des réseaux peut être un moyen de rompre son isolement, d’obtenir des réponses à ses interrogations, générer des idées, des opportunités et apprendre chaque jour un peu plus son métier de chef d’entreprise… La formation proposée par la CPME 41 aux chefs d’entreprises (en création ou non) se veut être un accompagnement qui invitera, s’il le souhaite, le chef d’entreprise à participer à la vie du réseau.
La CPME, le GPA et ILC ont mobilisé d’anciens chefs d’entreprise qui donnent de leur temps pour accompagner bénévolement les entrepreneurs en demande.
J-P. T
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CPME 41
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