Dev’Up engage la bataille de la relocalisation économique

Au cours de la visioconférence de presse, sont intervenus notamment Harold Huwart (haut droit), Jacques Martinet (bas gauche), et François Bonneau (bas droite).

Tirant les leçons d’une crise sanitaire qui a révélé la dépendance de l’industrie française, l’agence régionale de développement économique engage une stratégie de relocalisation tournée vers l’industrie pharmaceutique, la cosmétique, l’agroalimentaire et la logistique.

« La crise nous amène à nous interroger sur les conséquences d’une mondialisation aveugle », a estimé François Bonneau lors d’une visioconférence de presse ce lundi 11 mai. Le président de la région Centre-Val de Loire y prenait la parole en tant que président de Dev’Up, l’agence de développement économique régionale, au côté de Jean-Louis Garcia, son directeur général. Rappelant l’énergie qu’il avait fallu déployer, jusqu’à « soulever des montagnes », pour faire venir des masques ou des principes actifs, François Bonneau annonce qu’il est temps de « tourner la page » et de revendiquer une « vraie souveraineté économique respectueuse de l’équilibre social et environnemental ».

Telles sont les raisons du lancement par Dev’Up d’une stratégie de relocalisation d’activités économiques visant en particulier quatre filières prédominantes en Centre-Val de Loire : l’industrie pharmaceutique, la cosmétique, l’agroalimentaire et la logistique, auxquelles pourra s’ajouter le numérique.

Des principes actifs pour l’industrie pharmaceutique

La première étape va consister à analyser les chaînes d’approvisionnement et les capacités de production des entreprises régionales afin de repérer les possibilités de recours aux fournisseurs régionaux ou nationaux. « Dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, explique François Bonneau, nous pouvons avec le réseau Polepharma, que nous partageons avec la Normandie et qui représente 60% de la production nationale, parvenir à produire nos propres principes actifs s’il y a une volonté politique partagée tant au niveau national qu’européen. »

Invité à témoigner, Emmanuel Hallauer, le dirigeant de l’entreprise tourangelle Axess Vision spécialisé dans la fabrication d’endoscopes à usage unique, a indiqué qu’il rencontrait des difficultés à se procurer en France des composants qui doivent être fabriqués en salle blanche. Autre exemple cité, celui de la vinaigrerie orléanaise Martin-Pouret qui relocalise la production de cornichons en Val de Loire alors qu’elle est majoritairement exploitée en Inde.

Les outils numériques mobilisés

Pour engager sa bataille de la relocalisation, Dev’Up compte s’appuyer sur une palette d’outils dont le site Internet Invest, dédié aux porteurs de projet, ainsi que le site d’immobilier d’entreprise Setting’Up qui ouvrira une nouvelle rubrique consacré aux projets de relocalisation. « Nous ferons aussi appel à nos partenaires économiques, à Business France et aux réseaux que nous animons comme l’Université des développeurs ou le groupe Ambassad’Up », a ajouté Jean-Louis Garcia.

Le point sensible des coûts de production ne doit pas être un obstacle pour les promoteurs de la relocalisation régionale. « Il faut raisonner en coûts globaux incluant le transport, la sécurité, la qualité, les garanties » estime Harold Huwart, vice-président du Conseil régional en charge de l’économie.

François Bonneau, lui, est persuadé qu’une nouvelle conscience des consommateurs se fait jour. « On le voit au travers du succès de notre plateforme « Produits frais locaux en Centre-Val de Loire » qui génèrent 20 000 contacts par jour. Les consommateurs ont conscience des incidences de leurs modes d’achat. L’externalisation n’est plus économiquement et humainement possible. »

La plateforme de fourniture d’équipements de protection, également lancée par Dev’Up suscite aussi l’intérêt avec 240 entreprises référencées.

Cela n’aura pas été le moindre paradoxe de cette crise sanitaire que de provoquer un sursaut économique et social peut-être salutaire.

Par Bruno Goupille

Thermomix : exemple de relocalisation réussi

Depuis 2014, plusieurs projets de relocalisation ont été menés en Centre-Val de Loire. Par exemple, Axyntis (45) a œuvré pour la relocalisation de la production de molécules actives. En 2016, la société Plastiques 2005 a relocalisé en Indre-et-Loire deux activités qui étaient sous-traitées en Chine. Autre exemple, le groupe allemand Vorwerk a choisi de faire du site eurélien de Cloyes-sur-le-Loir, le seul site de production européen de son produit iconique : le Thermomix.

144 relocalisation hexagonales

Selon Trendeo, l’observatoire de l’investissement, 144 relocalisations ont été réalisées en France depuis 2009. La très grande majorité de ces projets a été menée dans l’industrie manufacturière.

En 2017, 19 relocalisations ont eu lieu sur le territoire français, contre seulement 9 en 2015. Si ces projets ne compensent pas le nombre d’emplois détruits par les délocalisations d’activité à l’étranger, depuis une dizaine d’années, l’écart tend à se réduire.

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