CCI Touraine : « Aujourd’hui, on vit une période d’hypermutation »

Philippe Roussy, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Touraine

Ces dernières années, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Touraine a connu des difficultés financières. Depuis le début de l’année 2020, elle est installée dans de nouveaux locaux et souhaite dynamiser ses actions auprès des entreprises du territoire. Explications de Philippe Roussy, président de la CCI Touraine.

La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Touraine est surtout connue dans le monde économique. Quelles sont ses missions ?
Environ 22 000 entreprises, qu’elles aient des salariés ou non, une forte activité ou non, sont installées en Touraine. Elles travaillent dans les secteurs du commerce, de l’industrie, des services (l’artisanat et les métiers de bouche sont gérés par la Chambre des métiers et de l’artisanat, ndlr). La CCI Touraine, elle, leur propose un appui, un accompagnement dans la création, dans la reprise et dans les transmissions, les ventes, les cessions. Elle s’occupe ainsi de l’entreprenariat au sens large. Ces dernières années, beaucoup d’entreprises locales se développent ou souhaitent se développer. La chambre les supporte dans leurs évolutions.

Le développement économique s’accélère-t-il donc ?
L’économie se transforme, ce qui engendre des mutations. Pour comprendre, il faut se souvenir qu’après la guerre, il a fallu créer des entreprises. Ensuite, il y a eu des bonnes et des mauvaises années. C’est cyclique : des activités disparaissent quand d’autres apparaissent grâce à la technologie et à la société. Aujourd’hui, on vit une période d’hypermutation. Les entreprises, grandes comme petites, doivent s’adapter au digital mais aussi de plus en plus aux questions environnementales.

Certes les entreprises évoluent ; mais qu’en est-il de celle qui les accompagne, la CCI ?
Le réseau national des CCI est en pleine phase de restructuration et de réorganisation. A Tours, on a décidé d’anticiper, d’autant que la CCI Touraine a connu des difficultés financières : en 2015, l’Etat lui a prélevé 5 millions d’euros. Depuis 2010, le budget diminue sans cesse. Le projet d’école de commerce France Business School a échoué. Et nous avions 7 millions d’euros d’emprunts. On a donc dû réduire les effectifs mais aussi changer notre manière de travailler. Tout en restant un établissement public, le côté administratif s’efface pour laisser plus de place aux services aux entreprises et au territoire.

Vous vendez votre siège historique, à Tours…
Oui, nous allons vendre la partie moderne de notre ancien siège, dans la rue Jules Favre, à un promoteur.  Cela nous permet d’honorer les échéances de remboursement de l’emprunt et stabilise notre budget. Le reste du bâtiment était notre site historique depuis 1803. Cet hôtel particulier n’était plus adapté aux entreprises actuelles. Même sans les problèmes financiers, nous serions partis. Il y a deux ans, nous avons découvert une ordonnance de Louis XVIII, signée en 1822, qui permet au Département d’Indre-et-Loire d’hériter de ce bâtiment. Nous lui avons donc cédé au mois de décembre.

Où êtes-vous installés désormais ?
Nous sommes sur le site de l’Escem, dans la rue Schiller, à quelques pas de la Chambre des métiers et de l’artisanat, à côté de la sortie d’autoroute. Ce lieu est actuellement propriété de la chambre mais elle va être cédée rapidement, par lots. Les deux premiers lots vont être vendus cette année et détruits par le promoteur accédant. Les autres suivront. D’ici deux à trois ans, la CCI Touraine va donc de nouveau déménager. L’idée est de trouver un emplacement efficace, bien desservi, de réinvestir dans un nouveau siège social, mais aussi de redynamiser l’outil qu’est la chambre.

Comment faire pour muscler les actions de la CCI Touraine ?

A Orléans, dans le Loiret, ils ont créé Citévolia qui regroupe le nouveau siège de la CCI du Loiret, mais aussi le Medef, Loire&Orléans Eco mais aussi des entreprises. Je pense qu’en Touraine, nous avons également vocation à créer des pôles économiques de ce genre. Il y en a marre des administrations qui se marchent sur les pieds pour tirer le succès à elles. Nous devons travailler conjointement, avec la Région, avec Dev’Up, avec la métropole tourangelle, avec les autres chambres consulaires. La CCI de Touraine est à la croisée des réseaux pour l’économie et les entreprises. Pour développer le territoire, il faut s’ouvrir.

Par Claire Seznec.

CCI Touraine – 1 rue Schiller 37200 TOURS – www.touraine.cci.fr

L’Academy RH met l’humain au cœur de l’entreprise

En Touraine, certaines TPE et PME peinent en termes de ressources humaines. Pour les aider à fidéliser et à motiver leur personnel, des ateliers ont été créés par la CCI Touraine.

Si dans les grandes entreprises les ressources humaines sont importantes, les TPE/PME peuvent parfois être à la traîne sur la question. Aujourd’hui, l’économie mute. Les salariés ne cherchent plus les mêmes choses au sein d’une entreprise. Qu’on ne s’y trompe pas : le personnel, lorsqu’il est motivé, fait fonctionner une entreprise au même titre que les clients. Sans personnel, il n’y a pas de commande, pas de chiffre d’affaires. « Depuis deux ans, on constate que de plus en plus d’entreprises refusent des commandes car ils n’ont pas assez de salariés, précise Philippe Roussy, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Touraine. La manière d’être de l’entreprise peut y être pour quelque chose. »

Six mois pour comprendre les RH

Pour d’interpeller les patrons de TPE et PME du territoire, la CCI Touraine vient de lancer la première session de l’Academy RH. Dix chefs d’entreprises et leurs responsables des ressources humaines y participent pendant six mois, à raison d’un atelier obligatoire (comprendre le marché du travail, accompagner la transition numérique, concilier performance économique et performance sociale…) par mois. L’idée ? Leur faire comprendre que les ressources humaines sont le cœur même de la stratégie entrepreneuriale, et pas une simple « matière technique » ; puis, les aider à intégrer cette notion dans leur entreprise. Pour Philippe Roussy, il s’agit de rendre attractives les entreprises à la fois pour ses salariés et ses clients : « si elles ne le font pas, dans dix ans, elles n’existeront plus, martèle-t-il d’ailleurs. Investir dans les ressources humaines, dans son personnel, n’est pas une dépense à fond perdu ».
Si la première édition de l’Academy RH est d’ores et déjà complète, une deuxième salve est prévue pour le début de l’année 2021.

LE SMART BASE RH
Dans les années à venir, un nouveau projet devrait voir le jour : le Smart Base RH. La CCI Touraine y travaille déjà avec l’armée, l’Université de Tours et Tours Métropole Val de Loire. L’objectif est de créer un véritable cluster, sans barrière entre l’entreprise privée et l’entreprise publique, afin d’innover dans les ressources humaines.

Par Claire Seznec.

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