Marie-Jo Bodin, directrice de la Cité des Formations ©Cité des Formations
Dans l’esprit de la réforme de l’apprentissage, le CFA des Douets, baptisé Tours Alternance Formation puis Cité des Formations Tours Loire Valley en janvier 2020, travaille à moderniser son image. Objectif ? Valoriser l’apprentissage pour mieux commercialiser ses formations. Rencontre avec sa directrice, Marie-Jo Bodin.
La réforme, initiée par le ministère du Travail en 2018, avait fait grand bruit. En plus d’instaurer la logique du coût-contrat – les CFA reçoivent désormais une subvention en fonction du nombre de contrats d’apprentissage signés, et plus un financement global –, elle ouvrait la possibilité à « n’importe quelle » personne morale privée ou publique, quelle que soit sa forme juridique, de créer son CFA pour dispenser des formations à des apprentis. Un changement de modèle économique, puisque cette mesure ouvrait un champ concurrentiel très vaste, qui n’existait pas auparavant. Pour s’adapter et répondre à la demande formulée par la région en ce sens, l’ex-CFA Tours Alternance Formation, alors sous la présidence de Thibault Coulon, amorce un important chantier de modernisation et de structuration. « C’était nouveau pour nous : il fallait prospecter, ‘aller chercher le client’… Se mettre en ordre de marche pour ne pas être les derniers », raconte Marie-Jo Bodin. La réforme appelant aussi à un travail de professionnalisation de la structure – les CFA visent désormais la certification Qualiopi, qui deviendra une obligation au 1er janvier 2022 –, les responsables pédagogiques adoptent une posture entrepreneuriale. « Nous nous sommes calés sur des logiques industrielles et structurés en ‘processus’ », détaille la directrice de l’établissement, pour qui ce changement a représenté un gros chantier.
Pour le mettre en œuvre, la Cité des Formations s’est dotée d’un service commercial composé de développeurs de l’apprentissage chargés de remplir les sections, et d’un pôle dédié à la recherche, au développement et à l’innovation pédagogique. À cette même occasion, les contenus des formations ont été modularisés, ce qui a permis de les individualiser davantage. Marie-Jo Bodin donne l’exemple d’un apprenti en cuisine, qui voudrait seulement suivre le module « poisson » : « Il peut le faire, alors qu’avant c’était moins évident et surtout moins formalisé ». À ce jour, la Cité des Formations Tours Loire Valley accueille des apprentis dans les métiers de l’hôtellerie-restauration, de la carrosserie-peinture automobile, du commerce et de l’ascenseur. « En raison de la crise sanitaire, l’hôtellerie-restauration recrute moins que les autres secteurs, qui sont très porteurs », précise la directrice. Mais l’équipe pédagogique planche en conséquence sur le contenu de la formation, tout en gérant l’incertitude liée à la période. « Tous ces changements nous mettent à l’épreuve, mais nous rendent aussi plus agiles, plus crédibles, et font monter la compétence collective », conclut-elle, mentionnant parmi les projets encore dans les tuyaux la construction d’un nouveau restaurant d’application, où pourraient être accueillies d’autres structures d’insertion ou de formation.
Par Juliette Lécureuil
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