François Croissandeau, maire de Cour-Cheverny
On peut distinguer deux types d’utilisation d’internet par les particuliers :
- l’utilisation volontaire pour gérer ses loisirs et certains achats en ligne ;
- l’utilisation contrainte par les services publics.
L’Épicentre a demandé à François Croissandeau, maire de Cour-Cheverny, commune rurale, son ressenti sur le sujet face aux problèmes pratiques que rencontrent ses administrés.
L’Épicentre : Internet est-il la solution pour compenser la disparition des services publics implantés dans les villages (ou dans certains quartiers des villes) ? Les services publics, d’une façon générale, délèguent de plus en plus aux administrés les tâches qui leur incombaient.
François Croissandeau : « La réponse de l’État passe par les Maisons France service. Leur fonctionnement suscite des inquiétudes : ces « guichets uniques » seront-ils aussi efficients qu’annoncé ? Vont-ils accélérer la disparition des services publics encore existants dans les villages ? Au-delà des intentions affichées, ce sont les maires qui devront gérer les dysfonctionnements ».
François Croissandeau : « Les personnes, notamment âgées, devront se déplacer. Répondre en un même lieu à toutes sortes de demandes concentrées risque de rapidement saturer le service, sauf à mobiliser un nombre suffisant de personnel. Il est prévu que chaque maison « France Service » devra disposer de deux personnes formées à l’accueil du public et capables d’apporter une réponse pour les démarches du quotidien. Devrons-nous faire appel à des bénévoles en supplément pour assurer de la fluidité en limitant les temps d’attente ?
L’usage du numérique n’est pas une simplification pour le quotidien de nombre de personnes. Il peut même les rendre plus vulnérables car plus dépendantes de tiers. La bonne information est peut-être sur internet, mais encore faut-il la débusquer ».
L’Épicentre : La mairie elle-même a dû organiser ses services autour des outils numériques, en particulier concernant la mise en place de la protection des données personnelles de ses administrés.
François Croissandeau : « La gestion du RGPD est assurée dans les mairies par un correspondant mutualisé à l’échelle d’Agglopolys. C’est un informaticien qui répertorie, sur la commune, les listes susceptibles d’être détournées de leur objet. Il fait le nécessaire pour les protéger et le personnel y est aussi sensibilisé.
Un guichet unique de services
Les Maisons « France Service » devront proposer, au minimum, les démarches relevant de ces organismes : Caisse d’allocations familiales, ministères de l’Intérieur, de la Justice, des Finances publiques, Caisse nationale d’Assurance maladie, Caisse nationale d’Assurance vieillesse, Mutualité sociale agricole, Pôle emploi, La Poste. Ce socle de services pourra être enrichi par les collectivités locales et d’autres partenaires, en fonction des besoins locaux exprimés par les citoyens. Chaque canton devrait avoir une maison France Service d’ici à 2022.