Quitter son entreprise et décider quelques mois, quelques années plus tard, d’y revenir, une utopie ? Plus vraiment. Plein-emploi, métiers en tension et nouvelles attentes des salariés, les employeurs s’adaptent à la situation.
« Ce sont des éventualités qui sont aujourd’hui étudiées », commente Anne Pomes, responsable recrutement pour le cabinet Actiforces implanté notamment à Blois, Orléans et Tours. Se faire réembaucher quelques mois, quelques années après avoir quitté son employeur est donc dorénavant une possibilité.
Avec un marché de l’emploi dynamique et des contraintes liées aux nouvelles attentes des salariés, les entreprises sollicitent leur réseau dès qu’elles ouvrent un poste… Alors, faire revenir un ancien salarié fait partie de la réflexion. « Il y a moins de candidats disponibles alors les entreprises sont prêtes à y réfléchir, indique Hugues Prieur, dirigeant du cabinet de recrutement Abaliud à Orléans. Elles doivent s’adapter. Et, avec les réseaux sociaux, elles ont accès au parcours de leurs anciens salariés. Elles gardent un contact virtuel avec eux. »
« Le salarié a pu penser, à un moment donné, qu’il serait mieux ailleurs, mais réalise après quelque temps qu’il était bien là où il était, que son entreprise correspondait à ses valeurs, à son mode de fonctionnement, qu’il s’y retrouvait, expose Anne Pomes. Tout le monde peut se tromper ! Il n’existe pas de parcours professionnel sans erreur. » Et Hugues Prieur de compléter : « Ils sont allés voir ailleurs, l’herbe n’y était pas plus verte, ils reviennent et savent ce qu’ils vont trouver. » Un retour sans risque de – mauvaises – surprises, donc.
Un retour gagnant en fonction des conditions de départ
« Toute expérience est positive si elle est bien claire, affirment les deux professionnels des ressources humaines. L’employé revient pour de bonnes raisons et l’entreprise le réintègre pour de bonnes raisons. » Cela peut être pour reprendre le même type de poste ou alors pour un poste plus important auquel il peut dorénavant prétendre, au vu de sa récente prise de compétences. « Mais il doit bien avoir conscience que son retour est synonyme de durabilité. Un employeur sera plus exigeant envers un salarié boomerang, ce sera une espèce de deal entre eux deux. »
Néanmoins, le retour ne pourra être envisagé que « si le départ s’est passé dans de bonnes conditions », signale Anne Pomes. « On dit qu’il faut toujours partir en bons termes, et on a raison, déclare Hugues Prieur. C’est un pré-requis : s’il y a eu des tensions lors de la rupture du contrat précédent, il n’y aura aucune possibilité de revenir et cela ne sert à rien de l’envisager. » Ainsi, pour Anne Pomes, « si le départ s’est fait proprement, professionnellement, ce sera plus facile de retravailler ensemble. Cela fait partie des points auxquels l’entreprise sera attentive et c’est surtout vrai sur un territoire comme le nôtre où tout se sait. Aujourd’hui, les entreprises travaillent sur leur marque employeur qui inclut également le moment du départ. Elles organisent un entretien de départ pour en comprendre la raison, elles font rédiger un rapport d’étonnement… »
En plus de leur permettre d’embaucher des candidats déjà formés à leurs valeurs, la démarche promeut l’image des sociétés : « De grands groupes valorisent les candidats boomerang, rapporte Anne Pomes. Ils relatent leur histoire sur les réseaux sociaux car ce sont de super ambassadeurs pour l’entreprise. »
Estelle Cuiry