Quand Vendôme accueille Vuitton

L’installation à Vendôme il y a deux ans, du maroquinier Louis Vuitton filiale du groupe LVMH, a fait l’effet d’un petit séisme. Pourquoi Vendôme ? « C’est un alignement positif des planètes », explique le député de Loir-et-Cher Pascal Brindeau. Développement d’un immobilier historique en centre-ville, neuf en périphérie, création d’emplois, relance du commerce… tout y est !

Le groupe cherchait un territoire pour développer un marché très évolutif à l’export. Il voulait en outre être près de l’Ile-de-France, de l’Auvergne et de la Bretagne où il est déjà présent. Ajoutons que le TGV relie Vendôme à la capitale et que la marque territoriale « Vendôme, bien plus qu’une place », rapprochait la maison de luxe de son nouveau magasin sur la place éponyme. Vendôme avait aussi pour elle son héritage des tanneries.

Besoin d’une nouvelle dynamique

Depuis 2014, date d’installation de la nouvelle municipalité, l’enjeu du territoire vendômois est démographique, puisqu’il a perdu des habitants comme nombre de villes moyennes, et ce, malgré le TGV. Après la crise des Subprimes, aucun dossier d’envergure n’était sorti. « Il fallait susciter un nouvel intérêt pour la ville auprès des promoteurs immobiliers », explique Pascal Brindeau. Nexity et Almila ont ainsi construit des logements, notamment dans la rue du Général Yvon.

L’effet Vuitton est accélérateur, non pas en termes de logement, car le recrutement est local, mais pour l’activité économique qu’il induit. En quelques sortes, tant mieux, car la crise sanitaire est passée par là en exerçant une pression nouvelle sur le territoire. Toutes les maisons disponibles ont, en effet, trouvé preneur en quelques mois, pour une résidence secondaire ou en adéquation avec le télétravail. Cet effet a de plus généré de la rénovation urbaine.

« Notre handicap est le vieillissement de la population, poursuit le député. Les jeunes font construire à l’extérieur de la ville. Vuitton rebat donc les cartes sans les bouleverser, et l’on réfléchit à l’aménagement du territoire ».

Car une maison comme Vuitton, emblème du luxe et du savoir-faire, crée une dynamique nouvelle. Et Vendôme avait anticipé en faisant des fouilles sur les parcelles disponibles, et en constituant une offre immobilière par l’acquisition de bâtiments industriels. « Nous essayons d’attirer des entreprises du même univers du luxe à la française, pour créer un écosystème très qualifié dans ce domaine. Vendôme envisage dans cette optique la création de pépinières d’entreprises. »

 S’organiser pour accueillir

En réponse au cahier des charges du maroquinier, des sites ont été identifiés. Alors que la short-list ne retenait pas le quartier Rochambeau en centre-ville, le patron Michael Burke, féru d’histoire, est tombé en arrêt pour ne pas dire en amour devant le bâtiment Régence. Mais ce dernier était occupé par une dizaine d’associations, l’école de musique et le musée de la ville. « C’est là que vous avez dix secondes pour dire oui ou non, en ayant évalué les conséquences de votre réponse », se souvient Pascal Brindeau.

La réponse fut « Oui, bien entendu ». Les associations ont rapidement pu être installées dans un site qui avait déjà été identifié et réaménagé. Le musée quant à lui déménagera en 2024, libérant une réserve foncière dont Vuitton aura besoin ultérieurement.

Pour gérer le remaniement du bâtiment, classé monument historique, il a fallu constituer un comité de pilotage avec les services de l’État, et anticiper les problèmes qui allaient se faire jour. S’agissant de la vente, la ville s’est conformée à l’évaluation de France Domaine.

On comprend que la venue d’un fleuron comme Vuitton mobilise toutes les attentions, mais oblige à résoudre des problèmes inattendus. Celui du stationnement par exemple, quand on crée 150 emplois en centre-ville. « Cela dynamise le commerce local, se réjouit Pascal Brindeau, mais nous ne voulions pas sacrifier le stationnement public. La ville a donc construit un parking, qu’elle loue à l’entreprise ». C’est ce que l’on appelle de l’agilité administrative.

À ce jour tout fonctionne et Vuitton a même engagé les travaux d’un nouvel atelier, cette fois près de la gare TGV où l’entreprise vient d’acheter six hectares.

Dossier réalisé par Stéphane De Laage. 

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