L’hôtel Les Trésorières, ouvert depuis le 15 novembre et situé place des Halles, vient de recevoir son homologation cinq étoiles. Ce qui en fait le premier établissement de ce standing à Tours et le troisième dans le département. Rencontre avec sa directrice Marine Bouhour, qui cumule les étoiles comme les projets.
Dans son bel hôtel collé au quartier des Halles et « à l’ambiance cocooning », Marine Bouhour accueille le sourire aux lèvres. Il y a de quoi, à vrai dire. La veille, ses équipes et elle ont enfin reçu la visite du fameux client mystère, celui qui, sous couvert d’anonymat, vient tester la qualité des services en vue d’attribuer à un établissement ses étoiles. Cette visite, l’hôtelière âgée de 34 ans l’attendait impatiemment. Car si elle a choisi de revenir dans sa région natale, la Touraine, après des années passées à travailler dans des hôtels de luxe à l’étranger, et d’enfiler le casque de chef de chantier pour superviser les travaux de la belle bâtisse en tuffeau qui appartenait avant à l’Entraide ouvrière – rachetée par son père, l’homme d’affaires Christophe Bouhour -, c’était bien pour faire de cet immeuble le premier hôtel cinq étoiles de Tours. La nouvelle est d’ailleurs tombée depuis. C’est officiel. L’hôtel Les Trésorières a bel et bien reçu son homologation cinq étoiles. La pression retombe enfin.
« Revenir à Tours, là où je suis née, c’était un choix, j’en avais marre de Londres, la vie était compliquée, à 100 à l’heure. Mon père m’a dit qu’il avait un projet, que la vie serait certainement à 100 à l’heure aussi, et je suis rentrée pour qu’on en discute. Je ne savais pas si j’allais réussir à obtenir mes cinq étoiles mais mon père me disait : on ne peut pas ouvrir un quatre étoiles, il y en a déjà beaucoup à Tours. On devait absolument se démarquer, proposer une offre singulière », confie-t-elle. « Et là je suis contente, soulagée, on avait monté tout le projet, on a tout fait pour que ça arrive. »
L’hôtellerie : une vocation !
« Au départ, j’étais partie pour travailler dans les banques », se souvient Marine Bouhour. Mais l’hôtellerie s’est imposée à elle, comme une évidence. Alors qu’elle vient de souffler sa seizième bougie, elle part travailler au Maroc dans un établissement racheté par son père et des amis de la famille. Ce qui a été déterminant dans ce choix, raconte-t-elle, c’est « le contact avec la clientèle et l’envie de voir les gens sourire ». « Dans la banque, je me suis rendu compte que les gens qui venaient me voir étaient tristes. Ce n’est pas toujours joyeux de se rendre à la banque, les prêts, les rendez-vous avec les conseillers, etc. Tandis que quand les gens viennent à l’hôtel, ils sont contents, ils ont le sourire aux lèvres. Et voir des gens heureux c’était important pour moi. »
Alors jeune adolescente, Marine Bouhour pense avoir trouvé sa voie. Elle rentre en France et s’inscrit à l’école hôtelière Vatel, à Bordeaux. La meilleure école hôtelière en France selon les professionnels. « Ça a confirmé mes attentes, j’ai trouvé ce que je cherchais, j’ai su que c’était vraiment ce que je voulais faire ». Diplôme en poche, Marine Bouhour s’envole ensuite vers Londres : l’une des dix villes dans le monde qui compte le plus d’hôtels de luxe. « Mon expérience en Angleterre était incroyable, l’offre hôtelière y est tellement riche, j’y ai passé cinq ans », ajoute-t-elle. Son séjour en Angleterre est entrecoupé d’un passage en Espagne. « Pour faire du cinq étoiles, il faut pouvoir parler trois langues couramment. » Puis, c’est le retour en France. Et la redécouverte du marché tourangeau, qu’elle connaissait bien, pour avoir travaillé pendant quelques années dans un trois étoiles rue Giraudeau.
Deux ans et demi de travaux pour le premier hôtel haut de gamme à Tours
« Les travaux ont été longs. Deux ans et demi. On peut même dire trois ans. Le Covid nous a ralenti car, évidemment, les entreprises qui travaillent avec nous, tourangelles pour la plupart, ont été touchées. Les livraisons étaient plus longues que prévu. Mais on n’était pas pressés, parce qu’on voulait faire les choses bien. On se rattrapait sur d’autres choses : quand on ne pouvait plus travailler en intérieur, on faisait la terrasse, par exemple. »
Un travail à long terme, mais le résultat en valait la peine. L’arrivée de cet hôtel de luxe dans l’offre touristique locale était d’ailleurs très attendue. Pour preuve, depuis son ouverture, la clientèle est à 50 % tourangelle. « C’est l’attraction, la curiosité. Ils viennent passer une nuit pour se relaxer et profiter de notre espace bien-être », argue la jeune directrice. Les services proposés sont pour le moins alléchants, disons-le. 20 chambres, dont certaines bénéficient d’un espace de 45 m2 et toutes avec salles de bain en marbre noir ou blanc, une suite au dernier étage, une salle de sport, de séminaire, une grande cour intérieure, végétalisée, et enfin une cave voutée avec une piscine, un sauna et un hammam. En somme, plus de 1000 m2 de surface. Pour ce qui est de la décoration, l’hôtelière a souhaité quelque chose de « très cocon ». Les chambres ont une décoration moderne, avec de beaux matériaux, naturels : du bois, du marbre ; et les murs sont recouverts de papiers peints qui rappellent les bords de Loire et la région. « Je voulais une décoration un peu intemporelle », commente Marine Bouhour.
Si l’hôtel Les Trésorières a jusqu’à présent reçu que des bons retours, Marine Bouhour souhaite pour le moment garder cet écrin intimiste pour les clients qui ont réservé une chambre. Pas question, donc, d’ouvrir le petit bar de l’établissement à des personnes extérieures dans l’immédiat. En tout cas, pas avant cet été. « À la mi-printemps, on organisera certainement des brunchs, sur réservation, pour un nombre limité de personnes. On fera venir les Tourangeaux sans qu’ils aient l’obligation de louer une chambre. On organisera quelques mariages, peut-être, et des réceptions, afin d’exploiter au maximum cette cour intérieure. On est quand même en plein cœur de ville. »
Par Johann Gautier
Hôtel 5* Les Trésorières – 2, place Jean Meunier 37000 Tours – 02 46 99 10 10
www.les-tresorieres.com