Management : vers un arrêt de la culture du présentéisme ?

En France, la culture du présentéisme est bien ancrée dans les mœurs, avec cette idée, celle que plus vous partirez tard du travail et plus vous serez bien considéré car impliqué dans la vie de l’entreprise. Pour autant, l’acte de présence ne révèle pas forcément une efficacité ni un épanouissement au travail.  

Les causes du présentéisme sont multiples, elles peuvent être liées à la culture d’entreprise, liées à un type d’organisation ou encore à un mode de management.

Concrètement, cela se traduit par des horaires de travail rallongés, venir travailler quand on est souffrant ou rester, coûte que coûte jusqu’à 18 h parce que c’est l’heure de la débauche alors même que l’on n’a plus rien à faire. Ces comportements ont leur limite, celui à terme d’épuisement ou de démotivation.

Stéphanie Durin, Consultante en management a constaté l’impact du télétravail sur ce phénomène « J’ai détecté au travers de témoignages, la culpabilité de certains de prendre une pause et de développer un sentiment de suspicion à raison ou à tort de leur efficacité au travail émanant de leur manager. Ce sentiment d’obligation d’être productif à toute heure et de devoir le justifier engendre un facteur de stress ». Elle accompagne les organisations pour faire évoluer leurs pratiques de management et trouver des solutions adaptées aux salariés qui soient en phase avec les enjeux des entreprises.

Mickael Vion a longtemps travaillé aux Etats-Unis, dans des entreprises industrielles et technologiques. Le présentéisme ne fait pas partie de sa culture « Travailler plus de 8 h par jour était signe d’un problème, soit de performance au travail soit de management ou d’organisation de la structure. Nous étions sur des formes de management de projets où la seule chose qui compte est l’atteinte des objectifs, c’est à chacun de s’organiser pour les atteindre avec les équipes ou le département, peu importe comment ».

Pure nouvelle tendance ou une pratique ancestrale remise au goût du jour ?

Travailler en mode projet ou à la mission peut paraître moderne pour des secteurs tertiaires ou du numérique. Pourtant, nos grands-parents cultivateurs ont toujours travaillé de cette manière. Au rythme des saisons et en fonction de la météo. D’ailleurs, la législation du code du travail diffère dans ce secteur pour laisser de la flexibilité aux horaires de travail. Eric Javet, Dirigeant de Hortisologne, explicite ce cadre légal : « La majorité de nos salariés sont sous contrat CDI 35 h annualisés. En décembre, nous leur établissons un calendrier des horaires de travail avec des semaines hautes d’au maximum 48 h et des semaines basses qui peuvent être à 0. Ce calendrier est envoyé à l’inspection du travail tous les ans. L’annualisation permet d’adapter les besoins de main d’œuvre en fonction du travail à effectuer. »

Ces adaptations, peuvent-elles s’appliquer à tous les secteurs ?

Même si la législation de travail offre dans certains secteurs une flexibilité, tous les métiers ne peuvent pas y prétendre. On voit difficilement comment des employés de caisse ou des agents d’accueil pourraient quitter leur poste avant l’horaire de fermeture prévu. Pour Stéphanie Durin, l’enjeu est avant tout de travailler sur l’épanouissement des salariés au travail « Il est essentiel d’adapter les méthodes de management en fonction de chaque individu. Pour certains, avoir des horaires fixes, c’est rassurant, ça va leur permettre une meilleure organisation personnelle quand d’autres vont trouver cela étouffant. C’est la même chose entre un management de projet qui laisse une large place à l’autonomie et un management un peu plus directif ». Pour elle, il n’y a pas une technique de management plus propice qu’une autre pour mettre fin au présentéisme « Le plus important, c’est de travailler sur la responsabilisation des équipes et d’instaurer une confiance entre les personnes ».

Émilie MARMION

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