Il y a huit ans, Hervé Samagalski a fondé Be Handi, une agence de voyages spécialisée dans les séjours individuels et collectifs pour les personnes en situation de handicap. Installée à Beauce-la-Romaine, l’entreprise doit sa popularité à ses séjours sur-mesure et encadrés par du personnel qualifié (infirmiers, éducateurs spécialisés, assistants médico-sociaux, etc.). Depuis un an, le dirigeant partage la direction avec Fabienne Torche-Kessler. Tous deux ambitionnent de démocratiser davantage le voyage auprès des personnes en situation de handicap et de faire reconnaître le métier des accompagnants. Rencontre pour une pause-café avec ces deux entrepreneurs qui font du bien au genre humain.
ÊTRE ENTREPRENEUR
Si vous deviez compléter la phrase suivante, vous diriez quoi ?
« Pour passer de l’idée au projet, il faut un peu de… et beaucoup de… sans trop de… pour y arriver. »
Hervé S : Je dirais qu’il faut un peu de risques et de folie, avec beaucoup de résilience et sans trop d’appréhension ni de jugements. Quand je me suis lancé dans cette entreprise, tout le monde m’a dit que j’étais fou de faire ça, parce que ça semblait complexe à plusieurs titres. C’est vrai, mais c’est surtout parce que personne ne connaissait vraiment le sujet.
Si vous étiez investisseurs, à quoi feriez-vous attention ?
Fabienne T-K : À deux points : la marge et l’humain. La marge permet de mesurer le potentiel du business et de voir s’il y a de belles perspectives. Ensuite, l’humain est capital, même s’il n’y a pas de recette magique pour bien le percevoir. Je crois qu’il faut suivre ses convictions, et puis on teste. Parfois, on se plante, alors on se relève et on apprend. Avec le temps, si on sait bien s’entourer, on apprend à déléguer et à faire confiance. Pour faire progresser son entreprise, il faut accepter, à un moment donné, de lâcher prise sur son projet pour le faire partager.
Hervé S : Je suis totalement d’accord, ces éléments permettent de mesurer le potentiel développement d’une entreprise.
Si votre entreprise était un film ou une série, ce serait…
Hervé S : Intouchables, bien évidemment. Le film illustre bien le quotidien des personnes en situation de handicap, qui est pesant, et comment on peut venir le bousculer en apportant du plaisir. J’ai en tête la scène où Omar Sy dit « Tu ne vas pas monter dans la bétaillère » alors qu’il y a une belle voiture de sport dans la cour. C’est exactement notre état d’esprit. En démocratisant le voyage, on essaie au maximum de leur faire oublier le handicap pour qu’ils puissent vivre des expériences comme les autres, et ça marche ! On a plus de 50 % de nos clients qui sont désormais des habitués, leurs familles et leurs aidants nous disent combien ils changent après leur voyage. Ils prennent confiance en eux, s’autorisent à partir de plus en plus loin et font des activités qu’ils n’auraient jamais imaginées. Je pense à Sylvain, qui était parti faire de la plongée en Polynésie. Lui qui était lourdement handicapé moteur n’avait plus de douleur dans l’eau. Et puis, comme dans le film, il se crée une vraie relation avec l’accompagnateur. Nos salariés sont à l’écoute pour adapter le programme selon les envies de nos clients. On fait en sorte que ça matche bien, et souvent, ils repartent ensemble.
PARLONS DE VOUS…
Si vous pouviez être quelqu’un d’autre le temps d’une journée, qui aimeriez-vous être ?
Fabienne T-K : Il y a tellement de personnes qui ont fait avancer les choses. Je dirais Champollion pour les explorateurs ou Marie Curie pour le registre des sciences.
Vous êtes particulièrement doué pour… et pas doué pour…
Hervé S : Je suis très doué pour trouver des idées (rires), j’en ai sans cesse. Par contre, je suis moins doué pour le côté organisationnel.
Quelle est votre routine antistress ?
Hervé S : J’aime beaucoup jardiner, et aussi m’occuper de mes abeilles, je suis apiculteur.
Émilie Marmion