L’immersion des réfugiés dans le monde professionnel pour un recrutement plus inclusif

Éléonore Germain, cheffe de projet territorial chez Kodiko à Tours, et Jamal, professeur du jour.

 

Créée à Paris en 2016, l’association Kodiko a mis en place sa première antenne régionale à Tours en 2017. Celle-ci agit en faveur de l’insertion professionnelle des réfugiés. Chaque bénéficiaire est accompagné pendant cinq mois en entreprise par un salarié bénévole et volontaire.

« Pour une fois, ce n’est pas moi qui vais animer l’atelier. C’est Jamal qui va vous apprendre à décorer de la faïence. » Ce sont par ces mots qu’Éléonore Germain, cheffe de projet territorial chez Kodiko, accueille les participants du jour. Cet après-midi-là, il n’est pas question de revoir le CV ou de simuler un entretien d’embauche, mais plutôt de « profiter et passer un moment tous ensemble. Je veux que vous dessiniez quelque chose qui vous rappelle vos origines, votre pays, votre culture, vos parents, vos familles » poursuit la jeune femme.

Une intégration professionnelle, culturelle et sociale

Le constat est simple : un réfugié, à cause du danger qui l’a contraint à fuir son pays comme une guerre, des persécutions ou une catastrophe naturelle, risque davantage d’être au chômage par rapport à l’immigration dite « classique ». Dans ce contexte, Kodiko accompagne les réfugiés pendant six mois. Le premier mois permet de faire un diagnostic des difficultés rencontrées et des compétences de chaque individu. Ensuite, pendant cinq mois, la personne est accompagnée par un salarié en entreprise. Cette dernière adhère ainsi à l’association Kodiko. Le salarié accompagnateur n’a besoin d’aucune compétence préalable. Il est lui-même accompagné et formé par Kodiko pendant une demi-journée. Il s’engage ensuite à travers deux rendez-vous par mois, de 1h30 chacun. Le bénéficiaire doit se rendre au moins deux fois dans l’entreprise au cours des cinq mois. « Souvent, le patron, le directeur ou le responsable s’engage en premier, puis, les salariés suivent » explique Éléonore Germain. Preuve de l’efficacité de cet accompagnement personnalisé : 61% des bénéficiaires ont une opportunité d’emploi à la sortie du programme, c’est-à-dire un CDD, un CDI, une mission d’intérim de plus de six mois ou une formation professionnalisante. Douze mois après l’accompagnement, ce chiffre grimpe à 75%.

« Souvent, le patron, le directeur ou le responsable s’engage en premier, puis, les salariés suivent »
Éléonore Germain
Cheffe de projet territotial chez Kodiko à Tours

 

Sensibiliser aux problèmes de recrutement

Kodiko est en recherche permanente de nouveaux partenariats nationaux et régionaux. Parmi la trentaine de sociétés ayant adhéré à l’association, on retrouve notamment la SNCF, Vinci, Total, Google, Keolis ou encore Point P. « Certaines sont engagées depuis 2016 » se réjouit Éléonore Germain. L’immersion des réfugiés en entreprise permet aussi de les sensibiliser aux problèmes et aux besoins de recrutement dans la région.

La prochaine promotion, la onzième, ouvrira en octobre 2022. Petite nouveauté : deux mois de cours de français intensifs seront proposés à ceux qui le souhaitent. Éléonore Germain souhaite également mettre en place en avril 2023 une promotion dite « volante » d’une quinzaine de bénéficiaires à Orléans afin de sensibiliser les réfugiés aux besoins spécifiques du bassin économique du Loiret.

 

Maxence Yvernault 

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