Les circuits courts visent le temps long

©Kutive – Le groupement Kultive produit des légumes en Val de Loire et dans trois autres régions.

Cet article fait partie de notre dossier spécial  « Circuits courts» du mois de Mai 2020, à retrouver en intégralité dans notre version pdf. 

Favorisés par le confinement, les circuits courts du producteur au consommateur s’installent sur la durée en Centre-Val de Loire. Tour d’horizon des initiatives pour rapprocher le champ de l’assiette.

Le fameux « jour d’après » le confinement et la crise sanitaire sera peut-être celui de l’avènement d’un nouveau mode de consommation plus respectueux des intérêts du producteur et du consommateur. En fermant les frontières t en rendant plus complexe l’acheminement des denrées alimentaires, le Covid 19 met en vedette le principe des circuits courts. Produire et consommer local s’impose comme la solution de bon sens aujourd’hui et encore plus demain. En région Centre-Val de Loire de nombreuses initiatives pour rapprocher « le champ de l’assiette » se font jour. Petit tour d’horizon non exhaustif.

Approlocal, la plateforme de la Chambre d’Agriculture du Loiret

Sur un modèle importé des Hauts de France, la Chambre d’Agriculture du Loiret a ouvert en septembre 2019 une plateforme de mise en relation directe entre les producteurs et les distributeurs. « Approlocal correspond à l’une de nos priorités visant à assurer une meilleure rémunération aux agriculteurs », explique Catherine Boussard, élue de la Chambre d’Agriculture et responsable du comité circuits courts. D’abord ouverte aux professionnels de la restauration collective, la plateforme Approlocal a été proposée en mars dernier aux acheteurs de la grande et moyenne distribution. Compte tenu des circonstances de confinement, l’inscription est offerte pendant deux mois.

« Approlocal compte aujourd’hui plus de 70 fournisseurs locaux proposant tous types de produits (près de 200 articles) : fruits, légumes, viandes, pâtes, farines, miels, huiles, lentilles, quinoa… » ajoute Hélène Bezombes, responsable de la plateforme. « Une vingtaine d’acheteurs de la grande distribution se sont inscrits suite à nos démarches ». Des commandes importantes ont ainsi été passées, par exemple avec une productrice de farine d’Attray.

Sur le site qui fonctionne comme une salle de marché, l’agriculteur met ses produits en ligne à l’aide de fiches et sélectionne l’acheteur en fonction du volume recherché, du prix et de la distance car c’est le producteur qui assure la livraison. « Nous étudions des solutions de prise en charge de la logistique par des groupements de producteurs et des transporteurs », précise Catherine Boussard qui ajoute que cette initiative s’inscrit dans le projet alimentaire territorial porté notamment par la Chambre d’Agriculture et le conseil départemental du Loiret.

A Sandillon, Kultive approvisionne Leclerc en concombres

En novembre 2018, Kultive et le Groupement d’Achats E.Leclerc ont signé un partenariat commercial pour l’approvisionnement en concombres. Pendant 3 ans, Kultive s’engage à produire des concombres en agro-écologie pour le groupe de supermarchés.

Ayant son siège à Sandillon (Loiret), Kultive est un important groupement de producteurs présents non seulement en Val de Loire mais aussi en Val de Seine, dans les Landes et en Provence. Le groupe produit chaque année 70 000 tonnes de légumes, principalement des concombres, tomates, aubergines, et betteraves rouges. Kultive s’est engagé auprès de l’association Demain la Terre, pour des légumes issus d’une démarche agricole écologique et responsable.

C’est qui le patron ? avec LSDH

A la fois marque et mouvement, le label « C’est qui le patron ? » a pris son essor dans le Loiret. La Laiterie de Saint-Denis de l’Hôtel (LSDH), avec son médiatique président Emmanuel Vasseneix, a été la première à s’engager au côté du fondateur Nicolas Chabanne pour produire les premières briques de lait portant la marque en forme de question provocatrice. Le patron, c’est bien sûr celui qui commande, c’est-à-dire le consommateur, mais c’est aussi le producteur auquel une rétribution plus juste est versée. Cette coopérative de plus de 10 000 consommateurs qui prennent le contrôle de leur consommation en choisissant leurs produits et leurs producteurs, a débuté par la fameuse brique de lait en 2016 et propose aujourd’hui des dizaines de produits. Après le lait, LSDH a également conditionné du jus de pomme dans son usine d’Alsace pour la marque « C’est qui le patron ? ».

Les grands de la distribution voient plus court

S’appuyant sur plusieurs enquêtes qui démontrent que les Français plébiscitent les circuits courts, les principales enseignes de la grande distribution privilégient désormais l’approvisionnement local.

Auchan, par exemple, indique que 60 % des fruits et légumes vendus dans ses magasins sont issus des circuits courts ou des terroirs de façon à garantir l’ultra fraîcheur des produits en limitant le temps écoulé entre la cueillette et la mise en rayon.

Pour sa part, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard a pris l’engagement que 95% des fruits et légumes vendus dans ses magasins hexagonaux auront poussé en France, soit un investissement de 50 millions dans l’agriculture.

Chez Lidl on privilégie aussi l’approvisionnement tricolore, en particulier pour la viande et le lait. Des contrats sont signés avec les éleveurs pour leur garantir une rémunération plus élevée.

Michel-Edouard Leclerc s’est engagé envers la FNSEA à donner la préférence aux fruits et légumes français, pendant toute la période de confinement.

Dans cette même période, d’autres responsables de grandes surfaces prennent des initiatives originales comme le directeur du magasin Auchan de Tours-Nord qui a mis son parking à la disposition de producteurs de Touraine pour un marché de produits locaux.

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