Le diamant noir pousse aussi en Beauce

Marie-Christine et Philippe Ligouis, avec l’aide précieuse de la chienne Gina, exploitent leur truffière au lieu-dit Beaugency-Le Cuit, à Sougy (Loiret).

 

La truffe noire du Périgord s’acclimate bien en Beauce et en Val de Loire où une quarantaine de producteurs ont constitué une association. Reportage sur l’exploitation de la présidente à Sougy, au nord d’Orléans.

La truffe au ras du sol, Gina, la chienne labrador couleur chocolat se met à creuser. « Il y en a une ! Sentez comme la terre est odorante ! ». Marie-Christine Ligouis connaît bien son terrain et Gina ne s’est pas trompée : sa truffe en a détecté une autre, une truffe noire, le fameux champignon melanosporum du Périgord, là sous quelques centimètres de cette terre de Beauce, du côté de Sougy, au nord d’Orléans. Nous ne sommes encore qu’à la mi-octobre, le sol est détrempé par les pluies d’automne et ce n’est pas encore le bon moment pour la récolte. « Il faut laisser les truffes arriver à maturité. Nous ne commençons à récolter qu’à partir du 15 décembre et jusqu’en février », explique Marie-Christine Ligouis.

Un terroir favorable

Cela fait quinze ans que Marie-Christine et son mari Philippe ont créé cette truffière d’un hectare et demi sur leur exploitation agricole qui en compte 80. « C’était une solution de diversification proposée par notre Groupement de Développement Agricole à une époque où le blé se vendait mal, rappelle Philippe Ligouis. On a étudié sérieusement la question, rencontré des spécialistes et fait des déplacements en Dordogne. La terre de Beauce se prête bien à la truffe, car elle est calcaire et son PH est favorable. »

450 plants de chênes mycorhisés, c’est-à-dire dont le substrat et les racines sont imprégnés de spores de truffe, ont été plantés à proximité des bâtiments de l’exploitation. « Il faut attendre au moins sept ans pour récolter les premières truffes, mais la production est très aléatoire. Sur 450 arbres, il y en a aujourd’hui 150 qui produisent, et pas toujours les mêmes », ajoute Philippe Ligouis.

En vente directe

À partir de la cinquième année, chaque arbre est taillé pour ne pas dépasser trois mètres de haut et laisser la lumière atteindre le pied. C’est là que se forme le fameux « brûlé », cette zone circulaire où l’herbe ne pousse plus et qui témoigne de la propagation du mycélium. Pour enrichir encore le sol, les restes broyés des truffes non vendables sont enfouis autour des chênes après la récolte.

La truffière de Sougy, sous son appellation du « Diamant noir du Loiret » produit aujourd’hui près d’une vingtaine de kilos à l’hectare. Les truffes sont commercialisées directement auprès des particuliers, des restaurateurs et des cavistes. Marie-Christine Ligouis, qui préside également l’association des trufficulteurs de Beauce-Val de Loire (lire ci-contre), fait volontiers visiter la truffière pour assister au « cavage », la recherche des truffes, avant leur nettoyage. Moyennant quelques dizaines d’euros, les amateurs peuvent ensuite repartir avec leur diamant noir de Beauce.

 

Bruno Goupille

 

Un deuxième marché aux truffes en janvier à Orléans

La première édition fut une réussite, il en sera sans doute de même pour le second marché aux truffes organisé par l’association des trufficulteurs de Beauce-Val de Loire, le 14 janvier prochain dans la serre du jardin des plantes d’Orléans. Présidée par Marie-Christine Ligouis, l’association regroupe aujourd’hui près d’une quarantaine de producteurs qui exploitent au total 43 hectares. Ils ont récolté 140 kilos du précieux melanosporum l’année dernière.

Lors de la première édition du marché aux truffes, 550 visiteurs étaient venus humer les enivrants effluves émis par quarante kilos de truffes qui ont toutes trouvées preneur pour un prix oscillant entre 750 et 900 euros le kilo, selon la qualité.

 

Contacts :

  • trufficulteursbvl@gmail.com
  • diamant.noir.loiret@gmail.com
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