Le Coteaux-du-vendômois, l’appellation qui monte !

Florent Jumert et Pierre-François Colin examinant les vignes, en vue de lever le ban des vendanges (Thoré-la-Rochette, 17/09/21) 

L’AOC Coteaux-du-vendômois célèbre cette année son 20e anniversaire. Les vins encore trop méconnus de ce terroir trouvent pourtant désormais leur place dans les pages des guides et sur la carte des meilleures tables.

Difficile pour une jeune appellation viticole de faire sa place en Touraine, aux côtés des Bourgueil, Chinon ou autres Vouvray. C’est le défi que s’emploie pourtant à relever le Côteaux-du-vendômois, appellation réservée aux vins tranquilles blancs, rouges et gris sise entre Vendôme et Montoire.

Si Henri IV goûtait déjà les vins de ce terroir, ce n’est qu’en 2001 – il y a tout juste vingt ans – que l’appellation d’origine contrôlée (AOC) a été obtenue (le vin était classé VDQS depuis 1968). Un label venant récompenser les efforts d’une poignée de passionnés, parmi lesquels Patrice Colin, Charles Jumert, Jean Chaillou ou Dominique Norguet.

Le vin aujourd’hui produit par la dizaine d’exploitants de l’AOC (une vingtaine sur l’ensemble du vignoble, l’AOC représentant environ 125 ha des 400 hectares plantés), exerçant leurs talents sur une douzaine de communes de la partie loir-et-chérienne de la vallée du Loir, n’a toutefois sans doute plus grand-chose à voir avec le breuvage qu’appréciait le Vert galant. La quantité produite en AOC – environ 4 000 hectolitres (hl) annuels en moyenne, soit potentiellement 530 000 bouteilles – ne permet guère de rivaliser dans les casiers, quand celle du Saint-Nicolas-de-Bourgueil est d’environ 60 000 hl ou celle du Chinon de près de 90 000 hl. Sans parler du plus lointain Cabernet d’anjou, qui dépasse les 330 000 hl ! Mais sa qualité est désormais reconnue (même si elle est encore parfois raillée localement, nul n’étant prophète en son pays…). Pour preuve, on retrouve dorénavant régulièrement le Coteaux-du-vendômois dans les sélections des guides et colonnes des magazines, et même à la carte des restaurants étoilés, ces « tables des rois » du monde moderne. « En Loir-et-Cher, il est notamment servi à La Maison d’à côté, chez Assa ou encore au Pertica », pointe Pierre-François Colin, 9e génération (en vendômois, les anthocyanes coulent dans les veines !) à exploiter le domaine familial (Thoré-la-Rochette). La notoriété de l’AOC dépasse toutefois les frontières. À la cave coopérative du vendômois, la part de l’export atteint les 10 % pour l’AOC, dont 6 % environ vers les USA.

Pineau d’aunis et vendômois, inséparables

L’appellation dispose d’une solide locomotive : le pineau d’aunis, cépage intimement lié au terroir vendômois, dont il apprécie les sols argileux à silex. D’aucuns affirment même que l’on retrouve sa trace dans la région au moins depuis Charles-Martel ! « Sans le pineau d’aunis, nous n’aurions probablement pas obtenu l’AOC », estime Florent Jumert, lui-aussi tombé dans le pressoir quand il était petit – il représente la 8e génération à exploiter le domaine de la Berthelotière (Villiers-sur-Loir), qui compte des vignes plus que centenaires. Conformément au cahier des charges de l’appellation, le pineau d’aunis constitue le cépage unique du « gris » vendômois – un vin rosé à la robe pâle, tête de gondole de l’AOC – et majoritaire dans l’assemblage des vins rouges. Réciproquement, « le vendômois représente plus de la moitié des 400 hectares plantés en France ; très exactement 266 hectares sur 443 en 2015 », souligne Nicolas Parmentier, directeur de la cave coopérative et vigneron lui-même. Bref, comme Du Bellay et Ronsard, autre local de l’étape, l’un ne va pas sans l’autre !

Cépage Cendrillon

Une belle revanche pour ce cépage au destin de Cendrillon. Longtemps décrié – consignes (et même primes !) étaient données dans les années 1970 de l’arracher pour le remplacer, par du gamay notamment –, il est aujourd’hui loué pour ses qualités organoleptiques, mais aussi pour sa résistance. Lors de l’inspection des vignes effectuée le 17 septembre afin de lever le ban des vendanges – la date à laquelle la récolte pourra commencer, fixée officiellement par arrêté préfectoral –, les exploitants ont d’ailleurs constaté que « c’est celui qui a le mieux résisté » aux affres d’une météo particulièrement capricieuse cette année. Gel, orages et forte pluviométrie, favorisant mildiou, oïdium et autres botrytis (un champignon), ont fortement mis à mal vigne et… viticulteurs, qui ne pourront respirer qu’une fois les vendanges faites. Restera alors aux viniculteurs– qui sont bien souvent les mêmes, la plupart cumulant les deux casquettes – à entrer en scène. Pour notre plus grand plaisir.

Fr. Fortin

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