L’ADA face au double défi sportif et économique

Alors que son équipe fait une entrée tonitruante dans l’élite du basket français, le président Seignolle a donné le premier coup de masse (il faut d’abord déconstruire…) aux travaux du centre de performance, investissement structurant du club.

Coast to coast ! Après quatre journées de championnat, et autant de victoires, l’ADA Blois, tout frais promu, se retrouvait en tête de l’élite du basket français ! Avec au passage une victoire de prestige contre le triple champion de France en titre – l’ASVEL de Tony Parker –, qui faisait des joueurs de l’ADA « les plus forts du monde » aux yeux de leur entraîneur. Mickael Hay, qui ne s’enflamme habituellement que sur le bord du terrain, s’empressait toutefois de préciser : « Pour un soir ». Dijon, habitué de l’élite, puis les Mets 92 et leur futur prodige NBA ont depuis mis un coup d’arrêt à l’équipe blésoise : « Ce n’est pas un retour sur terre. On ne s’est jamais enflammé », expliquait après la défaite dijonnaise Timothé Vergiat, l’un des pistoleros longue distance de l’ADA. Il est vrai que Mickael Hay n’a de cesse de garder les têtes froides : « On sait qui on est », répète-t-il à l’envi. Ce qui n’empêche pas ce guerrier dans l’âme de tout mettre en œuvre pour que son équipe défende chèrement sa peau. « Si les autres ont pour eux les compétences et l’expérience, en termes de cohésion et de motivation, il n’y a aucune raison qu’ils soient plus fort que nous », affirme-t-il. Leurs adversaires l’ont bien compris : « L’équipe a le profil pour embêter tout le monde », affirmait Paul Lacombe, joueur de l’ASVEL, à l’issue du match. « Il y a un vrai collectif. On respire quelque chose de sain », confiait Milan Barbit, joueur de Fos-sur-Mer lui aussi défait par l’ADA. « C’est une équipe qui ne va pas être difficile à jouer que sur le début de saison », pronostique le Dijonnais Jonathan Rousselle, joueur habitué au très haut niveau espagnol et français. Las, l’aventure sera d’autant plus difficile pour les Blésois qu’ils sont plus que jamais pris très au sérieux par leurs adversaires. Et scrutés de près : « Grâce au travail de nos coachs assistants, nous connaissions tous leurs systèmes », confessait ainsi le Dijonnais après le match.

Premier coup de masse pour le centre de performance

Mais l’adversité, l’ADA connaît. Pour l’heure, c’est surtout pour des fonds européens qui tardent à se débloquer que se bat le président de la SASP, Paul Seignolle. Ces tracas administratifs ont retardé le lancement des travaux du futur centre de performance du club, espéré avant les JO 2024. Il prendra place sur la friche industrielle d’Alkopharm, à quelques encablures du Jeu de Paume, sur un terrain acquis par le conseil départemental et loué à la SASP via un bail emphytéotique de 40 ans. Préférant éviter le tir au buzzer, le président Seignolle a pris le risque du passage en force, en donnant le coup d’envoi des travaux le 3 octobre dernier, comme il s’y était engagé lors de la soirée des partenaires un mois plus tôt. « Un risque mesuré », assure celui qui est également président du Medef, et qui sait que le risque est consubstantiel de toute entreprise. Le projet – qui comprendra bureaux, terrains pour les pros et l’association, vestiaires, hébergements des jeunes du centre de formation, mais aussi un restaurant, un pôle médical et un centre de fitness ouverts au public –, est estimé à 8,5 millions d’euros « au plus ». Pour l’heure, la SASP peut notamment compter sur ses actionnaires, avec une augmentation de capital, et de diverses subventions : 150 000 € de la ville, 500 000 € de la communauté d’agglomération, 500 000 € du conseil régional, le préfet ayant par ailleurs obtenu 200 000 € du « fonds friche » et 350 000 € du plan de relance. « Quelles que soient nos opinions, on finit toujours par s’entendre en Loir-et-Cher », se félicite Paul Seignolle, qui a pris son bâton de pèlerin pour solliciter divers mécènes. On peut compter sur sa détermination pour faire flèche de tout bois.

De son côté, Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, se plaît à souligner « les quatre raisons qui ont conduit au vote de la subvention à l’unanimité : le projet est un exemple d’alliance public-privé ; il est un élément structurant pour le club ; il libérera des créneaux du Jeu de Paume, équipement conçu comme polyvalent ; il permet de recycler une friche industrielle, constituant une parfaite illustration de ce qu’il faut faire : la reconstruction de la ville sur la ville, pour favoriser la sobriété foncière ». Et d’en ajouter une cinquième : « L’ADA est un booster de fierté territoriale ! » Pour l’heure et jusqu’en décembre, la réalité est moins glamour : place au curage du bâtiment, c’est-à-dire déconstruction et désamiantage. En espérant qu’il n’y aura, cette fois, pas de (mauvaise) surprise.

Frédéric Fortin

Facebook
Twitter
Envoyer à un ami
LinkedIn