L’activité partielle de longue durée pour éviter le pire

Le site de Saint-Gobain à Sully-sur-Loire produit des vitrages pour l’aéronautique civil et militaire (Photo Laurent Blossier, Saint-Gobain).

Inscrite au plan de relance, l’activité partielle de longue durée a pour objectif de préserver les emplois et les compétences. Plus avantageuse que le chômage partiel « classique », elle monte en puissance en Centre-Val de Loire.

À la mi-octobre, le nombre de demandes d’activité partielle de longue durée (APLD) a progressé de façon significative en Centre-Val de Loire. « On est passé de 5 à 60 dossiers en une dizaine de jours, a constaté Pierre Garcia, le directeur régional de la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi). « C’est le signe d’une incertitude des entreprises face à la crainte d’une reprise de la pandémie. L’activité partielle de longue durée permet de mieux préserver l’emploi et les compétences », estime-t-il.

Un dispositif méconnu

Opérationnelle depuis le 1er juillet dans le cadre du plan de relance, l’APLD est encore peu connue des employeurs et c’est la raison pour laquelle des ateliers de présentation et des « webinaires » sont organisés par la Direccte. « Ce nouveau dispositif s’avère plus avantageux, aussi bien pour l’employeur, avec une prise en charge des salaires bruts qui passe de 36% à 70%, que pour le salarié dont le salaire est pris en charge à 70% contre 60% avec l’activité partielle classique », explique Pierre Garcia. L’APLD peut aussi s’étendre sur période pouvant aller jusqu’à 24 mois contre 6 mois dans le système précédent.

1 500 dossiers de formation

L’APLD intègre en outre l’obligation pour l’employeur d’instaurer des formations permettant aux salariés d’enrichir leurs compétences et dont les coûts sont pris en charge à hauteur de 80%. Imposée également pour l’activité partielle « classique », les demandes de formation ont littéralement explosé cette année avec 1 500 entreprises demandeuses pour 7 000 salariés alors qu’il y avait eu un seul contrat FNE (Fonds National de l’Emploi) l’an dernier en région. « 750 entreprises ont engagé ces formations pour faire monter en compétences leurs collaborateurs », ajoute Pierre Garcia.

Pic de chômage partiel en avril

Concernant l’activité partielle « de droit commun », Depuis le début de la pandémie près de 50 000 entreprises ont déposé une demande d’activité partielle pour 489 000 postes. Le pic a été atteint en avril avec 27 615 demandes.

Le recours massif à l’activité partielle a évité le recours aux PSE (Plans de Sauvegarde de l’Emploi) qui sont restés limités avec 16 dossiers déposés concernant environ 2 000 emplois. Il y a néanmoins eu beaucoup de licenciements économiques hors PSE qui ne s’applique qu’aux entreprises de plus de 50 salariés à partir de 10 emplois supprimés. À l’instar du virus qui l’a provoquée la destruction d’emploi aussi est insidieuse.

Par Bruno Goupille

Un accord à l’étude à Saint Gobain Sully

Spécialisée dans le vitrage des avions et hélicoptères civils et militaires, l’usine Saint-Gobain de Sully-sur-Loire subit les effets de la crise du transport aérien provoquée par la pandémie. Le ralentissement de l’activité s’est traduit par une réduction important du nombre d’intérimaires, une quinzaine actuellement contre 125 en début d’année, de façon à ne pas affecter l’effectif permanent de 460 salariés.

Un accord d’activité à temps partiel de longue durée est toutefois en cours de négociation avec les partenaires sociaux pour l’ensemble du site. « Il permettrait un ajustement de la présence des ouvriers sur certains ateliers le vendredi ou le lundi, explique Jean-Eric Vermont, directeur général de Saint-Gobain Sully. Cela concernera une quinzaine de postes, déterminés chaque semaine en fonction de la spécificité des commandes, pour 20% de leur temps de travail en moyenne. »

 

L’accord devrait être signé début novembre pour une période de 12 mois, éventuellement renouvelable. Un retour à meilleure fortune du marché aéronautique est espéré à partir de 2023, sachant qu’il faut s’y préparer deux ou trois ans à l’avance.

 

« Ce dispositif va nous permettre de passer le creux de la vague en restant opérationnel pour la reprise, commente Jean-Eric Vermont. Il n’était pas question de sacrifier des compétences qui sont précieuses dans nos métiers ». Le temps de formation imposé par l’accord sera d’ailleurs utilisé pour développer les polycompétences des collaborateurs entre les différents postes de travail et les technologies mises en œuvre.

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