Le 29 juin dernier, au siège du Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire à Tours, était organisée une conférence de presse venant annoncer le lancement d’une société d’économie mixte locale baptisée « Hy’Touraine ». Composée d’acteurs publics et privés, cette société vise à construire un écosystème autour de l’hydrogène vert1 afin d’accompagner la décarbonation2 de la mobilité lourde et de l’industrie.
Le Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (SIEIL), Tours Métropole Val de Loire (TMVL), la communauté́ de communes Touraine Vallée de l’Indre (CCTVI), la communauté́ de communes Loches Sud Touraine (CCLST) et le site STMicroelectronics de Tours se sont associés dans une société́ d’économie mixte locale (SEML) baptisée « Hy’Touraine ». L’objectif de ces cinq acteurs ? Initier, via cette société, la construction d’un site de production d’hydrogène renouvelable et de stations de distribution en Touraine.
Pour Alain Esnault, président de la SEM Hy’Touraine, « la France peut devenir le premier promoteur dans ce domaine, et la région Centre-Val de Loire n’est pas en reste. Des projets sont déjà accueillis sur le territoire, comme le développement de stations autonomes à La Ville-aux-Dames, le test d’un train à hydrogène à Loches, ou encore des bennes à ordure fonctionnant à l’hydrogène renouvelable sur le périmètre de la CCTVI. Hy’Touraine vient fédérer des acteurs pour accélérer la décarbonation sur le territoire de la mobilité lourde et de l’industrie. Nous sommes accompagnés par la société Lhyfe pour le volet production d’hydrogène vert et par la société Terrega Solutions pour le volet distribution. »
La décarbonation, un sujet fédérateur
Dans un contexte de crise énergétique, d’enjeux de souveraineté nationale ou encore d’indépendance économique, le sujet de l’hydrogène vert/renouvelable devient « une ambition partagée. Nous devons construire avec des acteurs multiples une société tournée vers le développement de la décarbonation des transports publics et de l’industrie », insiste Laurent Raymond, directeur général de la SEML.
Diagnostic partagé par Stéphane Martinez, directeur du site STMicroelectronics de Tours. En effet, l’entreprise développe actuellement une technologie GaN (nitrure de gallium) qui nécessite l’utilisation d’hydrogène pour sa production. « En utilisant cet hydrogène renouvelable produit localement, nous développons cette technologie GaN et contribuons à satisfaire l’ambition du groupe d’atteindre la neutralité carbone dès 2027. Faire partie de ce projet de SEML en qualité d’usager de l’hydrogène était une évidence pour nous. »
L’implantation stratégique de la future usine
Située en sortie de l’autoroute A10, la zone d’activités Isoparc, à Sorigny, a été logiquement retenue pour l’implantation de la future usine de production d’hydrogène renouvelable. Étant déjà première station de distribution d’hydrogène de la région, l’offre de services est donc complétée grâce à l’ambition de la SEML.
Le site devrait produire 2 tonnes d’hydrogène renouvelable par jour. « Il servira aux besoins industriels de STMicroelectronics et à ceux de la mobilité via deux stations – une au nord de Tours et l’autre à Isoparc », précise le DG de Hy’Touraine.
Hy’Touraine a été lauréat de l’appel à projets « écosystèmes territoriaux hydrogène » de l’ADEME et bénéficie ainsi d’un soutien à hauteur de 3,4 millions d’euros pour son déploiement.
Dans un avenir proche et grâce à une large diffusion des usages de l’hydrogène renouvelable, la SEML espère donner envie à d’autres acteurs privés comme publics de rejoindre l’aventure pour participer au développement complet d’une filière, identifier de nouveaux usages et sensibiliser la population.
Camille Colloch
- L’hydrogène est dit « décarboné » ou « vert » quand ni sa production ni son utilisation n’émettent de CO2. Cet hydrogène est obtenu par électrolyse de l’eau à partir d’électricité, pour décomposer ses molécules (H2O) et en extraire l’hydrogène.
- décarbonation : ensemble des mesures et des techniques permettant de réduire les émissions de dioxyde de carbone.
