La semaine de quatre jours : une solution économiquement viable ?

Laurent de la Clergerie, président fondateur du Groupe LDLC - © Véronique Vedrenne
Laurent de la Clergerie, président fondateur du Groupe LDLC - © Véronique Vedrenne

En janvier 2021, le Groupe LDLC annonce à ses salariés la mise en place de la semaine de quatre jours. La société, qui vend du matériel informatique sur Internet et dans une centaine de boutiques en France, dont trois à Orléans, Blois et Tours, a fait un pari encore peu répandu. Quel est le bilan plus de deux ans après ?

Vous l’avez peut-être vu dans l’émission Patron Incognito, sur M6. Laurent de la Clergerie a créé le Groupe LDLC il y a 27 ans. Basé à Limonest, dans le Rhône (69), le président-fondateur annonce en janvier 2021 que chacun de ses salariés dispose désormais d’un jour de repos supplémentaire, soit quatre jours de travail et trois jours de repos.

Une mesure qui augmente la productivité…

L’idée de la semaine de quatre jours émerge lorsqu’il lit un article sur le sujet en août 2019. Près de six mois plus tard, la semaine de quatre jours est adoptée, au départ pour 700 collaborateurs et aujourd’hui pour l’ensemble des 1 000 salariés du groupe. Ces derniers sont passés de 35 à 32 heures de travail par semaine, le patron estimant que maintenir les 35 heures, soit 8h45 par jour, représenterait une charge de travail trop importante pour ses salariés. Pour maintenir l’activité de l’entreprise, ils ne doivent pas tous prendre le même jour de repos supplémentaire. Ce dernier n’est pas défini par le service RH, mais par le salarié lui-même. Des binômes ont été créés. Une semaine sur deux, le jour de repos supplémentaire est celui souhaité par le salarié et, la semaine suivante, ce jour dépend des besoins du service.

Pensant devoir recruter après avoir mis en place la semaine de quatre jours, Laurent de la Clergerie a été surpris de voir que cela ne serait pas nécessaire : « Mes collaborateurs sont naturellement plus efficaces, explique-t-il. Ce jour de repos supplémentaire permet de faire tout ce que vous deviez faire, mais que vous n’aviez pas le temps de faire, comme un rendez-vous médical par exemple. Le week-end redevient deux jours pour se reposer. Le lundi, vous venez travailler reposés, vous ne pensez pas à autre chose et vous travaillez même mieux. Il y a un véritable équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette mesure a amené du bonheur dans les équipes. »

…mais qui présente certaines limites

La semaine de quatre pourrait-elle être appliquée à grande échelle ? Contrairement à ce qui a été mis en place au sein du Groupe LDLC, une entreprise peut tout à fait adopter la semaine de quatre jours tout en maintenant les 35 heures de travail par semaine. Dans ce cas, les risques sur la santé et les risques d’épuisement augmentent à cause des longues journées de travail et des salariés qui sont davantage soumis au stress et à la pression.

Certains critiquent la semaine de quatre jours en raison de la diminution de l’esprit d’équipe et la perte des relations sociales liées à son travail. A cela, Laurent de la Clergerie répond : « Être à quatre jours, cela ne change rien. Le piège se trouve plutôt dans le développement du télétravail suite au covid. Il y a un turnover dans les entreprises, mais les gens ne s’intègrent et ne se parlent plus. »

« Pendant trois jours, je suis chef d’entreprise et, pendant deux jours, je parle de la semaine de quatre jours. »
Laurent de la Clergerie
Président fondateur du Groupe LDLC

Une mesure qui fait parler

Mais, preuve de l’efficacité de la semaine de quatre jours, le chiffre d’affaires du Groupe LDLC est passé de 500 millions d’euros en 2018 à 680 millions d’euros en 2022. Autre preuve, cette fois-ci, de l’engouement autour de la semaine de quatre jours, quand on demande à Laurent de la Clergerie combien de jours il travaille dans la semaine, il répond : « pendant trois jours, je suis chef d’entreprise et, pendant deux jours, je parle de la semaine de quatre jours », notamment au cours de séminaires d’entreprises et d’interventions régulières dans les médias.

Maxence Yvernault

Sondage réalisé par Laurent de la Clergerie auprès de ses salariés, deux ans après la mise en place de la semaine de quatre jours.
Sondage réalisé par Laurent de la Clergerie auprès de ses salariés, deux ans après la mise en place de la semaine de quatre jours.
Facebook
Twitter
Envoyer à un ami
LinkedIn