La filière caprine tente de faire face au confinement

L’agriculture est durement impactée par le confinement dû à la pandémie de Covid 19. En Centre-Val de Loire, les éleveurs et producteurs de lait de chèvre souffrent particulièrement.

Depuis le 16 mars, les agriculteurs cherchent à écouler leurs stocks de produits et de continuer à vivre. La fermeture de nombreux marchés alimentaires les impacte considérablement. Heureusement, depuis quelques semaines, ils ouvrent de nouveau, avec des consignes sanitaires strictes. Dans la région Centre-Val de Loire, plusieurs filières souffrent ; la plus sévèrement touchée par les efforts du confinement serait la filière caprine. Elle représente environ 650 exploitations dont 60% de la production nationale de fromages AOP. Selon le CRIEL Caprin et la Chambre d’agriculture de la région, on enregistre, à la mi-avril, 70% de ventes en moins, rien que pour l’AOP Sainte-Maure-de-Touraine, dans tous les magasins et enseignes. Il semblerait que les consommateurs se tournent vers des fromages réalisés de manière industrielle (vous avez dit retour à une consommation locale ?). Chez les fromagers, les ventes de fromages de chèvre fermier (tous confondus) connaissent une baisse de 75% sur les quelques marchés ouverts, voire même 70% pour les quarante plus grands fabricants d’AOP Sainte-Maure (Indre-et-Loire, Vienne et Loir-et-Cher). En temps normal, 600 fromages de chèvre fermier sont vendus chaque semaine ; aujourd’hui, seulement 150 partent. La raison ? Les petites laiteries diminuent leurs commandes. Alors les stocks des éleveurs et producteurs de lait de chèvre n’arrivent plus à être écoulés. En cette période, les chèvres viennent de mettre bas et leur production de lait s’avère très élevée. Il faut donc les traire. Sachant qu’il est interdit, de tous temps, de jeter le lait pour éviter la contamination des sols, que faire de tout ce lait de chèvre ?

Diminuer la production et vendre local

Cela fait plus d’un mois que le CRIEL caprin, la chambre d’agriculture mais aussi la FNSEA estiment que la priorité est d’assurer la continuité de la collecte et la transformation des produits. La situation est urgente : les petites laiteries ne sont pas en mesure de collecter le produit sur les exploitations fermières et même si la collecte et la transformation du lait est assurée à 100% sur l’ensemble du territoire régional, toute la chaîne de production doit s’impliquer. Les laiteries ont tout de même demandé aux producteurs de réduire la production de lait de 4% pour faire face et écouler, également leurs propres stocks. Alors les trois acteurs de la filière poussent les producteurs à se rendre sur les marchés ouverts, à demander les différentes aides gouvernementales mises en place (report des échéances mensuelles, trimestrielles et semestrielles, prêts de trésorerie, fonds de solidarité), mais aussi de s’inscrire sur la plateforme régionale dédiée aux produits frais et locaux, récemment créée par la Région Centre-Val de Loire.
Au niveau national, l’Institut de l’élevage préconise de « passer tout ou une partie du troupeau en monotraite », sauf pour la production d’AOP spécifiques. La monotraite entraîne une baisse de production moyenne de 12 à 15%, voire jusqu’à 30%. Cela permet d’avoir moins de stock à écouler. Il met également en avant la possibilité de distribuer le surplus de lait entier de chèvre aux… chevreaux et chevrettes tout juste né.es. L’utilisation humaine du lait peut aussi être modifiée, en transformant une partie du lait en pâte pressée, ce qui nécessite plusieurs semaines d’affinage mais permet de proposer un nouveau produit aux clients ; il est possible de congeler le lait caillé égoutté afin d’étaler la production fromagère dans le temps. Enfin, comme les acteurs locaux de la filière caprine, l’Institut estime que les éleveurs et producteurs doivent vendre leurs produits autrement (à la ferme, en drive fermier, en livraison). 

Afin d’aider les producteurs locaux et notamment ceux de l’AOP Sainte-Maure-de-Touraine, l’enseigne de grande distribution Intermarché situé à Sainte-Maure-de-Touraine a décidé de mettre en avant les produits locaux.

Par Claire Seznec

Facebook
Twitter
Envoyer à un ami
LinkedIn