Isabelle Pangault, jeune pousse prometteuse de la viticulture ligérienne

Comme le démontre une étude d’InterLoire, le vignoble du Val de Loire attire de jeunes viticulteurs à l’image d’Isabelle Pangault qui donne un nouvel élan au domaine de l’Affût, en Sologne viticole.

Isabelle Pangault viticultrice

Après avoir bourlingué en Argentine et en Inde, Isabelle Pangault a repris en 2018 les 14 hectares de vignes du domaine de l’Affût, à Sassay (Loir-et-Cher). Photo Isabelle Poirier.

Isabelle Pangault a suivi les pas de l’Ulysse de Joachim du Bellay. Elle a fait de beaux voyages et s’en est retournée, pleine « d’usage et raison », vivre au « séjour qu’ont bâti ses aïeux ». A seulement 38 ans, elle a déjà accumulé de belles expériences et de sérieuses références dans le domaine de la viticulture au niveau national et international. Depuis 2018, elle a repris les 14 hectares de vignes du domaine de l’Affût, à Sassay (Loir-et-Cher) après un périple initiatique qui l’a conduite dans la vallée du Rhône mais aussi en Argentine et en Inde.
« Je suis venue au vin par la barrique » dit-elle pour résumer son parcours entre des origines familiales dans le monde du bois, à Monts-près-Chambord, et ses études forestières à AgroParisTech avec, au final, une spécialisation en viticulture et un diplôme d’œnologue obtenu à Montpellier Sup Agro.
L’Inde, territoire pionnier
Au cours de sa dernière année de formation, elle aura l’occasion d’effectuer un stage de six mois en Argentine. Le goût du voyage et de la découverte lui fera ensuite franchir près de la moitié de la Terre pour rejoindre la région de Bombay, en Inde, chez Sula, le leader viticole d’un pays où la culture du vin reste à construire. « C’était une expérience intéressante dans un territoire pionnier », résume Isabelle Pangault qui rejoindra ensuite la mère patrie et la vallée du Rhône chez le producteur Yves Cuilleron. Suivront un passage en cave coopérative à Lyrac, un poste dans le marketing pour le groupe Advini pendant quatre ans et demi, puis une responsabilité en vinification pour les vignobles Foncalieu avec des voyages en tant qu’ambassadrice en Angleterre et aux Etats-Unis.
Un processus créatif complet
Avec le premier bébé, viendra le souhait du retour aux racines et la recherche d’un domaine viticole à valoriser. « Je suis tombée amoureuse de ce territoire de Sassay, près de Contres, avec son monticule qui domine le paysage à 360 degrés et lui a donné son nom de l’Affût », s’enthousiasme-t-elle. Tout restait à reprendre sur cette exploitation d’appellation Touraine qu’elle souhaite convertir progressivement en bio. Avec un investissement de départ de 300 000 €, Isabelle Pangaut a relancé un processus créatif complet en produisant un blanc « Instinctive », un rouge « Orchestrale » assemblage de quatre cépages élevés dans une jarre de terre cuite, et un rouge « Nébulat 1894 » à partir d’un gamay planté en…1894. Cette création originale a été sélectionnée par Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde, pour figurer en 2019 à la Paulée des vins de Loire, à Chartres, et être servie au cours du repas préparé par Pierre Gagnaire. Reconnaissance saluée aussi par l’émission « On va déguster » de France-Inter qui déclenchera 150 commandes en 24 heures.
Isabelle Pangault commercialise son vin auprès des cavistes et restaurateurs ainsi qu’aux particuliers via les réseaux sociaux. Sa production actuelle représente environ 16 000 bouteilles avec un potentiel de 50 000 d’ici quelques années. Mais pour l’heure, son inquiétude réside dans les dégâts provoqués par le gel du début avril. Elle fonde ses espoirs dans le redémarrage des contre-bourgeons et reste, plus que jamais à l’affût.

Bruno Goupille

 

Les vignobles ligériens séduisent les jeunes viticulteurs

Avec un prix moyen de 11 000 euros l’hectare pour les appellations Touraine, les vignobles du Val de Loire restent accessibles et attirent les jeunes vignerons.

Terre de modération et d’équilibre, le Centre-Val de Loire échappe à la folie spéculative des vignobles du Bordelais, de Bourgogne ou de Champagne. Alors qu’un hectare de vigne en grand cru de Bourgogne peut dépasser les 6 millions d’euros et les 2 millions en bordelais, on peut encore s’offrir une parcelle de vignoble d’appellation Touraine pour 11 000 euros. Il vous en coûtera un peu plus cher si vous poussez jusqu’en saumurois (21 000 €) ou en Anjou (17 000 €).
Ce constat a été établi par Vinea Transaction pour le compte d’Interloire, l’interprofession des vins du val de Loire. Il en ressort une augmentation du nombre de ventes réalisées (+ 30% en 2019 et + 40% en 2020) avec entre 15 et 20 cessions de domaines viticoles par an.
Les vignobles ligériens intéressent peu les étrangers (12% des ventes) mais plutôt les acheteurs régionaux (66%) avec pratiquement à égalité (35%) les jeunes vignerons à la recherche d’une première installation et les personnes tentées par une reconversion professionnelle.

Facebook
Twitter
Envoyer à un ami
LinkedIn