La diversité des activités de l’exploitation agricole La Racinerie, à Saint-Cyr-en-Val, lui permet de répondre à l’ensemble des demandes de sa clientèle, même si elle a réduit sa présence sur les marchés. Malgré tout, cela n’est pas sans conséquence sur le travail aux champs et la poursuite des approvisionnements…
Plus de soixante ans. Cela fait plus de soixante ans que l’exploitation agricole La Racinerie, à Saint-Cyr-en-Val, est au cœur du quotidien de la famille de Gérard Michaud. D’abord, ses parents puis lui et son frère qui la reprennent à la fin des années 70. Et ils innovent ! En plus de la vente de leur production sur les marchés, ils mettent en place la vente directe à la ferme, les cueillettes, les paniers, un système de commandes de fruits et de légumes sur internet avec des livraisons sur les marchés ou en points de livraison et, plus récemment, la conserverie qui permet la préparation de soupes, sauces à partir de la production de l’exploitation.
Aujourd’hui, avec la crise sanitaire liée au Covid-19, c’est tout le rythme de travail de l’exploitation qui est remis en cause… Gérard Michaud explique : « Nous avons maintenu le rythme de travail à l’identique avec, bien sûr, toutes les précautions liées au contexte. On a laissé le choix à nos salariés et tout le monde a répondu présent et est en bonne santé. De par nos différentes activités, la distanciation est de toute façon quasiment permanente. »
Gérard Michaud, propriétaire de l’exploitation agricole La Racinerie à Saint-Cyr-en-Val (45).
Pas assez de temps passé dans les champs
Pour assurer la sécurité de ses salariés, Gérard Michaud a cessé de se rendre sur trois marchés : « Aujourd’hui, nous sommes présents sur le marché de Saint-Cyr en Val, le dimanche matin. Nous ne nous rendons plus sur les marchés d’Olivet, Orléans-la-Source et Orléans Quai du Roi. C’est une mesure de protection pour nous et nos clients. Nous isolons notre étal avec douze mètres de film plastique. Cela représente une heure de travail en plus pour mettre cette barrière en place. De plus, toujours pour assurer la sécurité de nos clients, nous sommes cinq à les servir sur le marché. Nous ne pouvons donc pas nous dédoubler sur d’autres marchés. Les ventes sur le marché sont moins importantes que d’habitude. Mais on joue le jeu, on apporte le service. »
Les acheteurs fréquentent moins les marchés mais s’approvisionnent différemment… « On est extrêmement sollicité par une clientèle déjà très présente ou qui nous découvre, raconte l’exploitant agricole. On la bichonne. On fait de notre mieux. On a mis en place un magasin éphémère à la ferme. Mais c’est l’activité des paniers hebdomadaires qui a explosé. On passe trois jours entiers à les préparer. Heureusement que le système était déjà bien en place et qu’il a tenu le coup face à l’afflux de commandes. Ça ne compense pas la baisse des ventes sur les marchés mais on devrait réussir à passer au travers de la vague… »
Néanmoins, Gérard Michaud n’est pas optimiste… Non pas sur la situation sanitaire mais sur la situation alimentaire… « Pour nous, le pire est à venir. Le plus gros du travail dans les champs devrait être en cours en ce moment pour les semailles, les plantations… Les récoltes de la fin du printemps et du début de l’été représentent une grosse partie de notre chiffre d’affaires. Mais je ne suis pas dans les champs… On ne peut pas embaucher, on ne peut pas se fragiliser, on est trop dans l’incertitude… On a été contacté par des personnes qui se proposaient de nous aider bénévolement. Elles nous donnent un précieux coup de main pour le conditionnement des paniers. »
Malgré le contexte, Gérard Michaud n’a pas augmenté un seul prix. Et sa clientèle sait reconnaître son investissement et sa transparence : « Je suis ému d’entendre toutes les gentilles choses qui nous sont dites. J’ai bien l’impression de faire partie de la deuxième ligne. »
par Estelle Cuiry