Lors de leurs assemblées générales respectives, les fédérations du bâtiment du Loiret et du Loir-et-Cher ont rappelé le paradoxe d’un secteur professionnel qui va bien mais qui peine à comprendre et faire avec les choix du gouvernement.
C’est ce qui ressort des assemblées générales qui se sont tenues à la fin du premier semestre. Fabrice Fouquet, le président de la FFB 41, n’a d’ailleurs pas mâché ses mots, d’autant que Nicolas Hauptmann, secrétaire général de la sous-préfecture, était au premier rang. Les messages à l’attention de l’État ont donc été entendus fort et clair.
« Globalement, admet Fabrice Fouquet, magnanime, l’année 2022 a été bonne en termes de chiffre d’affaires, moins bonne si l’on regarde les marges. » Et pour cause, la hausse des matériaux s’est invitée sans crier gare. Et même si les prix de la construction ont répercuté une part de cette hausse (environ 15 %), le compte n’y est pas. La règlementation RE2020 a elle aussi sa part de responsabilité, obligeant à l’utilisation de matériaux plus techniques.
« Le bâtiment a par ailleurs augmenté les salaires de ses compagnons, rappelle le président, ce qui n’est que justice, au regard de l’augmentation du coût de la vie. » Un coût qui ne touche pas que les salariés du bâtiment, mais aussi les candidats à l’accession à la propriété ou à la rénovation. Les taux bancaires se sont eux aussi envolés, réduisant la capacité d’emprunt, et donc les dépenses. « Nous sommes à la croisée de l’inflation forte et d’un pouvoir d’achat qui se réduit. »
L’analyse est bien entendu la même dans le Loiret. Erwan Croixmarie, qui vient d’être réélu à la présidence de la fédération départementale, essaie de redonner de la visibilité à ses entreprises adhérentes, après deux années de crise sanitaires et maintenant une crise mondiale de l’énergie. « On n’a pas réussi à diminuer le prix des matériaux, dit-il, mais on a négocié avec les donneurs d’ordre pour l’accompagnement de nos marchés et de nos entreprises. »
Soyons moteur pour faire mieux
Quant aux aides de l’État, la fédération fait le constat amer de la révision du prêt à taux zéro et du Pinel. « On ne comprend pas pourquoi casser une dynamique qui fonctionnait, s’interroge Erwan Croixmarie. Certes elle coutait 40 milliards d’euros à l’État, mais en rapportait 80 de TVA. »
Fabrice Fouquet résume : « Nous sommes vent debout et souhaitons que les choses changent. Nous comptons sur les élus pour interpeller le gouvernement afin que les choses changent. »
Voilà qui a eu le mérite d’être clair. Le sous-préfet rappelant en écho, dans un discours très détaillé, les efforts de l’État pour soutenir le secteur.
Pendant ce temps, les entreprises peinent à recruter, il manque 400 emplois en Loiret, et les CFA manquent de jeunes. « On a créé une plateforme d’embauche avec une cartographie du Loiret, explique Erwan Croixmarie, partagée avec Pôle Emploi et les partenaires. Nous avons aussi créé six communautés de pays au sein de notre fédération, pour la faire mieux connaître et apporter une dynamique nouvelle dans les territoires. »
« Ne pas se lamenter et aller de l’avant, en particulier quand il s’agit de construire différemment, en mieux. » : Souleye Diouf, directeur général de 3F Centre Val de Loire, suggère, lui, d’aller plus loin et d’engager une évolution plus radicale. « Le temps n’est plus à faire des projections lentes, il faut une évolution de rupture dans notre façon de construire. Oui c’est plus cher, mais c’est à ce prix que nous nous mettrons en conformité, en accord avec nos envies, et, ainsi, ferons mieux. »
Stéphane de Laage