Dans les coulisses du concours régional de l’entrepreneuriat par les femmes

Crédit photo France Active CVL
Crédit photo France Active CVL

Bientôt dix ans que ce concours existe dans la région Centre-Val de Loire. Pour comprendre ce qui anime les entrepreneuses et aussi révéler les freins encore trop présents, je me suis infiltrée en tant que jury dans ses coulisses.

Avril 2023 : les annonces du lancement de la 9e édition du concours régional de l’entrepreneuriat par les femmes fleurissent sur les réseaux sociaux et sont véhiculées par les acteurs de la création d’entreprise. Créée par les équipes de France Active Centre-Val de Loire, cette action fait partie intégrante du PAREF (plan d’action régional à l’entrepreneuriat féminin) depuis 2014. Si les catégories et les prix à la clé ont évolué au fil des années, la philosophie reste la même : donner des rôles modèles, trouver des ambassadrices prêtes à se mettre en avant, à parler de leur parcours professionnel et personnel pour donner envie à d’autres femmes de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Fin mai : c’est la clôture des candidatures. Entretemps, les dirigeantes auront pu compter sur les conseils avisés d’anciennes lauréates et de professionnels de l’accompagnement à l’entreprise. Le dossier n’est pas vraiment un business plan, même si on retrouve ses grands ensembles à renseigner. Les « entrepreneures » (sic) sont davantage interrogées sur leurs motivations, leur soif de réussite et leur manière de franchir les obstacles. Le jury dispose pour cela d’une grille de notation qui permet d’apprécier différents éléments.

15 juin : les membres des jurys sont rassemblés à Châteauroux, la ville étape de cette 9e édition où se déroulera la cérémonie de remise des prix fin septembre (pour les 10 ans, ce sera à Orléans). Au préalable, nous avions reçu les dossiers de notre catégorie à analyser. 2023 est une belle moisson avec 120 dossiers reçus. L’engouement et la popularité du concours ne se démentent pas depuis 9 ans, bien au contraire ! La mixité des membres du jury (dirigeants, conseillers, banquiers, etc.) permet de confronter les points de vue et de faire émerger les coups de cœur. Nous sommes épatés par la bonne qualité des dossiers reçus. Quand le débat s’instaure, chacun y va de ses arguments pour faire élire celles qui l’ont le plus touché. On se replonge alors dans les dossiers, on s’appuie sur la grille d’analyse, pesant le pour et le contre, en gardant bien en tête l’objectif initial : avoir des ambassadrices authentiques.

30 juin : en marge du premier « village régional des entrepreneurEs » à Orléans se tient le 2e jury. Les quinze lauréates sont réunies pour être départagées. Qui seront la grande gagnante et les 2e et 3e dauphines ? Sébastien Nerault, directeur de France Active CVL, les félicite : « Si vous êtes là, c’est que vous êtes déjà les ambassadrices 2023, on ne cherche pas forcément des super-women, mais des personnalités inspirantes, soyez vous-même, racontez votre histoire », leur dit-il. L’après-midi file alors dans une organisation parfaitement rodée : les unes passent devant le jury final tandis que d’autres constituent une fresque de l’engagement. Pendant ce temps, les lauréates de chaque catégorie passent sous les feux des projecteurs. On sent que l’exercice du tournage vidéo n’est pas une mince affaire, il faut passer le cap de la timidité, appréhender la caméra et accepter de s’exposer. Le tout en répondant à des questions (presque) philosophiques sur la place des femmes dans la société et leur rapport à l’entrepreneuriat. C’est à ce moment-là qu’on prend conscience du chemin qu’il reste à parcourir pour sortir des préjugés et du poids que la société patriarcale a ancré en nous.

Deux freins majeurs ressortent : le manque de temps et d’argent. La plupart des femmes rencontrées ont su aller au-delà et ne pas rester dans une posture de victime. « Nous avons essuyé plusieurs refus bancaires, mais après deux saisons de restaurants éphémères qui ont cartonné, plus le soutien de notre propriétaire, de France Active et d’ILC, nous avons enfin pu ouvrir notre concept de restaurant bio cosmopolite », témoigne Pauline Bris, une des trois dirigeantes de Mon Jardin (Montrichard). Un témoignage inspirant sur la capacité d’adaptation nécessaire pour faire aboutir son projet.

Toutes les lauréates seront réunies le 21 septembre à la cité du numérique de Châteauroux, pour la cérémonie de remise des prix. Un beau moment en perspective, qui est ouvert au public. Alors, si vous avez envie de participer au développement de l’entrepreneuriat féminin, venez assister à cet événement et parlez du concours !

Émilie Marmion

Facebook
Twitter
Envoyer à un ami
LinkedIn