[Dossier Spécial Viticulture à retrouver dans son intégralité dans notre édition d’Octobre 2020]
De Nantes à Saint-Pourçain s’étendent les vignes du Val de Loire. Des côtes de l’Atlantique aux Pouilly-fumé, en passant par la douceur angevine et la Touraine, de part et d’autre de la Loire les cépages ont ici pris racine. Depuis des lustres, les vignerons les ont apprivoisés, autrefois pour en faire le breuvage quotidien de l’Homme. Le vin a depuis gagné bien d’autres vertus. Il est un outil de développement économique, avec tout ce que cela suppose de qualités nouvelles, de maitrise du produit, d’arguments commerciaux, de logistique, d’attraction touristique et bien sûr de force à l’export.
La filière viticole est désormais un enjeu de premier plan dans l’attractivité de la France et de ses territoires. Les vins de Loire ne font pas exception, bien au contraire, ils sont un atout fort pour les départements d’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret.
Le Val de Loire est la troisième région viticole de France, c’est dire le poids économique et le nombre d’emplois, permanents et saisonniers, que crée la filière. Les 3.700 vignerons produisent 325 millions de bouteilles, générant un chiffre d’affaires de 1,3MD€. 20% partent à l’étranger.
Repenser la vigne avec le climat
Les vins de Loire ont une quantité impressionnante de cépages et d’appellations, ce qui fait sa diversité et son intérêt. On le voit cette année, les vendanges s’étalent sur une période qui ira de mi-août à mi-octobre.
Les vins effervescents ont ouvert le bal avec les Pinot noir, les Chardonnay et les Crémant. Les Sauvignon de Touraine et Muscadet ont aussi démarré tôt, les Vouvray (chenin) et Touraine début septembre. « Tout dépend des précocités des cépages et des vins qui sont produits », explique Marie Gasnier, directrice de la prospective d’Interloire*. Le millésime 2020 est clairement très précoce, la météo est estivale, c’est peu de le dire » !
Les spécialistes notent une vraie évolution marquée et assurée pour les millésimes à venir. Pour les dix prochaines années, on sait que ça va durer. 2003 était atypique, mais devient une référence pour les profils climatiques des années 2030 et même 2050. Les études les plus sérieuses montrent que depuis 1956 qu’on a gagné 1,1°, et que les journées caniculaires (+35°c) deviennent fréquentes. Le Val de Loire est un secteur septentrional. Les climats seront toujours profitables à la vigne. En témoigne l’Afrique du sud où l’on plante du Chenin avec succès, cela nous montre que la majorité de nos cépages se comporteront bien en pleine chaleur. « Il y aura certes une évolution, mais des facteurs d’adaptations sont toujours possibles, rassure Marie Gasnier. Avec les clones et porte greffe que conserve l’INRAe et l’Institut français de la vigne et du vin, nous disposons d’une palette de matériels végétaux conséquente pour repenser nos vignes si besoin, et la faire évoluer demain ».
Les coteaux aux expositions à ce jour peu exploités pourraient se révéler à l’avenir, avec de beaux potentiels viticoles. Les parcelles plantées aujourd’hui seront bonnes en 2030 ou 2040. « Il faut anticiper plus que jamais sur des cultures pérennes comme la vigne ».
AOP et AOC, efficaces ?
Les appellations d’origine sont des produits connus et reconnus par le consommateur, en France comme à l’export, et le marché est en croissance sur ces appellations. Les vins de Loire sont en vignoble avec majoritairement des AOP et en IGP Val de Loire. Sur le marché français, on consomme moins que les générations d’avant, mais on voit nettement que les produits consommés sont plus premium.
Les cahiers des charges des appellations sont régulièrement révisés pour tenir compte des évolutions climatiques ou sociétales, mais toujours dans le souci d’améliorer ou de consolider la qualité des produits. Ces évolutions se font à la demande des professionnels, mais avec un suivi très stricte par INAO, l’Institut national des appellations d’origine, donc l’Etat.
Par Stéphane De Laage