Cosmétique, le made in France réagit

Le pôle de compétitivité rassemble des laboratoires privés et universitaires.

La filière cosmétique a souffert de la crise dès la première heure, par la fermeture de son principal marché qu’est l’Asie. Comment a-t-elle contenu les effets de cette crise et comment prépare-t-elle son redémarrage ?

Entretien avec Christophe Masson, directeur de la Cosmetic Valley.

La Cosmetic Valley fédère l’ensemble des acteurs de la parfumerie-cosmétique de France. L’association qui a son siège à Chartres, accompagne le développement économique de toute la filière. Premier pays exportateur avec 16MD€ de produits exportés, la France tient la Cosmetic Valley pour un poumon économique essentiel. La crise donc a touché un géant.

« La cosmétique a été touchée très tôt puisque la Chine s’est fermé la première. On a donc été en première ligne dès le début mars, explique Christophe Masson. Si nous étions capables de produire sans besoin d’approvisionnement à l’international, nous avons été arrêtés faute de marché. Puis dans un pays à l’arrêt, le packaging, la supply-chain et le conditionnement ont rapidement fait défaut. Les usines ont été fermées durant quelques semaines ».

Les français ont redécouvert l’hygiène des mains, les bienfaits d’un simple savon et donc l’importance du secteur ! L’Etat par décret a autorisé les entreprises à fabriquer du gel hydro alcoolique. C’est alors un éco-système solidaire qui s’est fait jour. Car la force de la Cosmetic Valley est de savoir fédérer son tissu de TPE et PME réparties dans toute la France. Des PME sont ainsi restées ouvertes et ont fourni les hôpitaux locaux, les cliniques, les professions de santé en général.

« La Cosmetic Valley a accompagné cet élan, poursuit Christophe Masson, en jouant notamment un rôle de go-between ; certaines entreprises avaient besoin de packaging, d’autres d’alcool. Cela a permis des échanges de marchandises, parfois même du simple troc ! La solidarité a joué un rôle moteur ».

Front commun à China Buty

« Si l’on a confirmé les forces de l’industrie cosmétique, nous nous sommes rapidement interrogés sur le model à venir, nous disant qu’il était temps de penser l’après crise ».  Pour cela, les Etats-généraux de la filière parfumerie-cosmétique se tiendront jusqu’en octobre prochain. Il s’agit de consulter les acteurs de terrain : industriels, universités, laboratoires de recherche, avant de travailler en groupe pour étudier les grands enjeux de demain.

La cosmétique repart. « Prendre de nouveau soin de soi est essentiel. Les coiffeurs et les parfumeries depuis plusieurs semaines déjà ont rouvert en Chine. C’est un enjeu majeur pour aider les TPE et PME françaises qui sont encore dans l’incertitude. Il faut qu’elles soient présentes à 200% sur le marché asiatique ». Et elles ne sont pas seules car les coréens et les japonais qui ont géré la crise différemment, y sont déjà présents.

« Pour cela on travaille avec Business France et le Ministère des affaires étrangères pour que la marque Cosmetic Valley soit présente, affirmant la qualité et la performance du made in France ». La Cosmetic Valley sera aussi au salon China Buty Expo du 9 au 11 juillet à Shanghai. Un stand de 180 m2 représentera les entreprises cosmétiques de France sous une bannière commune.

Le 15 octobre, la filière française sera à Paris pour tirer les enseignements de la crise et proposer des actions concrètes : gestion de fonds propre des entreprises, export, organisation nouvelle de la filière avec l’état et les collectivités territoriales.

« Tout ce qui tourne autour de l’économie circulaire, sera abordé, insiste le directeur de la Cosmetic Valley. La décarbonation était déjà un élément important pour la France. La crise ne fait qu’accélérer vers une économie plus verte et vertueuse ».

Buty Hub

Enfin, notons la naissance prochaine du « Buty Hub », un accélérateur de startup cosmétiques. Installé à Chartres, là où la Cosmetic Valley a son siège, il accompagnera les jeunes pousses durant six mois, en lien avec les incubateurs existant. Yves Rocher, L’Oréal et quelques autres, sont dans le tour de table pour accompagner la montée en compétence de la France.

On le voit, le pôle de compétitivité aura profité de la crise pour se remettre en question et assurer sa présence sur un marché mondial qui n’a pas fini de grandir.

Par Stéphane de Laage

La Cosmetic Valley en chiffres :

  • 3.200 entreprises en France dont 600 adhérents
  • 245.000 emplois
  • La filière compte 85% de TPE et PME.

Ouverture de la consultation en ligne des Etats Généraux de la filière parfumerie-cosmétique sur la plateforme : https://eg2020.cosmetic-valley.com/

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