“Chers” médicaments : pénurie quand tu nous tiens !

Matthieu Joubert, président de l’USPO 37
Matthieu Joubert, président de l’USPO 37

 

Depuis plusieurs mois, les pharmaciens sont en première ligne pour faire face à la pénurie d’amoxicilline et de paracétamol. La course à la livraison des molécules les plus vendues en France, dans un contexte de tension générale post-Covid et de guerre russo-ukrainienne, est un challenge permanent.

 

12 h par semaine au téléphone avec le fournisseur

« Aujourd’hui, tout a des répercussions sur la fourniture d’amoxicilline et de paracétamol », déclare Matthieu Joubert, Président de l’Union de Syndicats départementaux des Pharmaciens titulaires d’Officine d’Indre-et-Loire (USPO37).

Lors du 1er confinement en 2020, il y a eu une baisse de la consommation des antibiotiques. Les industriels ont, de facto, diminué leur production. « Relancer une chaîne de production requiert du temps et dans une année comme 2022 où le nombre de pathologies explose, l’opposition sous-production versus surconsommation est au plus haut. Comme si ce n’était pas assez, vient s’ajouter à la pénurie de matières premières celle liée aux contenants. Ne plus avoir de flacons en verre pour les médicaments, cela était inimaginable il y a deux ans », s’émeut le Président de l’USPO 37.

Si aujourd’hui la production d’amoxicilline et de paracétamol a augmenté de 30 %, cela demeure insuffisant. Les flux tendus sont permanents et en dépit du fait que le pharmacien a bien passé sa commande, il n’est pour autant pas assuré d’être livré. L’USPO37 estime que les pharmaciens consacrent près de 12 h par semaine à appeler leur fournisseur pour faire le point sur les livraisons et espérer satisfaire leurs patients.

 

4 000 médicaments en rupture de stocks

À l’approche du printemps, Matthieu Joubert se veut cependant optimiste : « Nous pouvons espérer moins de pathologies et moins de consommation de médicaments. » Si les autorités évoquent pour le paracétamol un retour à la normale en mars, cette annonce est immédiatement tempérée par l’USPO37.

En effet, 4 000 médicaments, parmi lesquels les anticancéreux et les antidiabétiques, seraient toujours en rupture de stock selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

Si la pandémie de Covid-19 a ouvert des discussions sur le retour de la production de paracétamol en France, rien de concret encore puisque la production est réalisée aujourd’hui à hauteur de 90 % en Chine ou en Inde. La matière première est ensuite envoyée en France pour être seulement conditionnée.

Certes, la décision de se réapproprier la production de la molécule sur le territoire a été actée, mais la construction de l’outil industriel en France en conformité avec les critères de sécurité européens, va prendre du temps.

Le retour à la souveraineté, dans le secteur de la production de médicaments, n’est donc pas à l’ordre du jour.

 

Camille Colloch

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