Pour lutter contre le désert médical, la région et l’ARS recrutent vingt chefs de clinique assistants territoriaux ayant une triple mission : soin, recherche et formation de jeunes médecins à Blois, Bourges, Chartres Châteauroux et Orléans.
Les chefs de clinique devront partager leur temps entre les soins à leurs patients et la formation des étudiants en médecine dans leur spécialité.
Votre mission si vous l’acceptez : soigner la population, former de futurs médecins et faire de la recherche. Une condition : vous installer dans l’un des centres hospitaliers de Blois, Bourges, Chartres, Châteauroux ou Orléans. Un objectif : contribuer à réduire le désert médical du Centre-Val de Loire.
L’annonce pourrait ainsi être libellée dans le style de la célèbre série « Mission impossible », mais elle est beaucoup plus administrative sur le site de l’Agence Régionale de Santé (ARS) du Centre-Val de Loire. Elle n’en exprime pas moins une nécessité : recruter vingt chefs de clinique assistants territoriaux pour commencer à repeupler en médecins une région qui en manque cruellement.
L’initiative a été prise conjointement par la région Centre-Val de Loire, l’ARS, le CHRU et l’Université de Tours dans le cadre du plan « territoires universitaires de santé » porté par les facultés de médecine de Tours, d’Angers, de Caen et de Reims. Une réunion interministérielle du 4 février a validé la création de 20 postes de chefs de clinique assistants territoriaux.
Un contrat de deux ans
Les profils recherchés sont ceux de jeunes médecins titulaires de leur Diplôme d’Études Spécialisées (DES) dans des spécialités autres que la médecine générale, six postes de cette nature étant déjà pourvus. Les spécialistes ciblés relèvent des domaines de l’anesthésie, la chirurgie pédiatrique, la diabétologie, l’hématologie, la médecine d’urgence, la néphrologie ou la pédiatrie.
Les candidats retenus devront se « partager en trois » afin d’assurer les soins dans leur spécialité, au moins la moitié du temps, des travaux de recherche en lien avec l’université ou l’hôpital, et bien sûr, la formation d’étudiants en médecine. Le contrat de travail, d’une durée de deux ans non-renouvelable, est assorti d’une condition géographique d’exercice dans l’un des cinq hôpitaux du Groupement Hospitalier Territorial (GHT), à savoir Blois, Bourges, Chartres, Châteauroux ou Orléans. Une partie de la rémunération, attractive (voir l’encadré), est prise en charge conjointement par la région et l’ARS à hauteur de 500 000 € chacun.
Innovant et expérimental
Lors de la conférence de presse de présentation début mars, François Bonneau a estimé que ce dispositif innovant et expérimental représente « un enjeu capital pour faire en sorte de former des médecins spécialistes désireux de s’installer sur notre territoire ».
Le directeur de l’ARS, Laurent Habert y voit le moyen « d’ancrer les carrières de jeunes médecins en région », et discerne une évolution favorable avec l’augmentation de 20% du nombre d’étudiants en médecine depuis deux ans.
Doyen de la faculté de médecine de Tours, Patrice Diot se réjouit de cette initiative qui va renforcer l’effectif actuel de 80 chefs de clinique, mais ne parviendra pas à faire remonter significativement la place de Tours : 29ème sur 38 pour le nombre d’enseignants. « Il nous faudrait 73 postes supplémentaires pour atteindre la moyenne » a-t-il précisé.
Premier chef de clinique territorial à avoir été recruté, Thomas Stienne, originaire de Reims, exerce la spécialité de rhumatologue à l’hôpital de Blois. Il a indiqué avoir eu des appels de jeunes médecins intéressés par les postes proposés.
Le directeur du centre hospitalier régional d’Orléans, Olivier Boyer, est persuadé du succès de l’initiative et note que 20 chefs de clinique passés par le CHRO se sont implantés dans la région. Preuve que le désert n’est peut-être pas si aride.
Bruno Goupille
65 390 € par poste
Le coût estimé, et annoncé par l’ARS sur son site, pour chaque poste de chef de clinique assistant territorial s’élève à 65 390 €. Ce budget se répartit en 23 115 euros pour la part universitaire et 42 275 euros pour la part soin. La part universitaire est prise en charge à égalité par l’ARS et le Conseil régional, soit 500 000 € chacun sur deux ans. La part concernant les soins est à la charge des établissements hospitaliers accueillant les médecins.