Click and collect et e-commerce : des solutions pour les entreprises

La plateforme ©OLLCA permet aux commerçants indépendants de créer leur propre e-shop

Si l’épidémie de Covid-19 a prouvé une chose aux entreprises, c’est bien l’intérêt – voire la nécessité – de se doter d’outils digitaux pour poursuivre leur activité malgré les restrictions sanitaires. Du click and collect à l’e-commerce, passage en revue des solutions qui s’offrent aux commerçants pour amorcer leur transformation numérique.

 

 

Pour Gérard Bobier, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CRMA) du Centre-Val de Loire, le constat est simple : si elles veulent survivre à la crise sanitaire, les entreprises artisanales du territoire n’ont pas d’autre choix que de se digitaliser. « Nombreux sont les artisans qui réalisent une grosse partie de leur chiffre d’affaires à l’approche des fêtes, certains jusqu’à 60 % », justifie l’entrepreneur du bâtiment, ajoutant que pour ceux aujourd’hui frappés de fermeture administrative depuis le début du deuxième confinement, la pente va être difficile à remonter. Si le réseau des CMA proposait déjà de l’accompagnement à la transition numérique avant l’épidémie – à travers, entre autres, la mise en place d’ateliers et de formations à destination des chefs d’entreprise –les circonstances l’ont conduit à accélérer le mouvement. « En région Centre, nous avons lancé deux marketplace : l’une dédiée aux artisans d’art, l’autre aux commerces alimentaires et aux services », explique celui qui, également président de la CMA 37, voit dans cette initiative une manière de « permettre à ses ressortissants de conserver leur outil de travail, et atténuer leur perte de chiffre d’affaires ». Si la première, « Métiers d’Art O Centre », est déjà en ligne et référence de nombreuses oeuvres et créations, la seconde devrait être dévoilée au public d’ici peu, et permettre aux commerçants de bouche de vendre leurs produits à distance, ou encore à ceux qui proposent d’ordinaire un service – les coiffeurs par exemple – de commercialiser des produits liés à leur activité – en l’occurence, des soins capillaires.

La market place de la CRMA

Si la création de ces places de marché répond à un besoin, c’est parce qu’il peut être difficile, notamment quand on est artisan, de créer son propre e-shop. Valérie Coulon, fondatrice de la boutique Cas’Al Dente spécialisée dans la vente de spécialités italiennes et située sous les Halles de Tours, en atteste : « Quand on n’est pas geek, c’est quasi impossible de s’y retrouver », témoigne celle qui, dès 2018, a pourtant senti la nécessité de disposer d’un e-shop. Pour éviter d’avoir à le créer, elle choisit Ollca, une plateforme dont l’anagramme signifie « local » et qui permet aux commerçants de bouche de disposer d’un espace de vente. Une fois sur ce dernier, les clients choisissent entre le retrait en boutique et la livraison, assurée par la société de coursiers à vélo Stuart, filiale de La Poste. Un service qui a très bien fonctionné pendant la première période de confinement, comme en témoigne Valérie Coulon, mais aussi le CEO d’Ollca Victor Gobourg, chiffres à l’appui. « Entre le 17 mars et le 17 mai, nous avons comptabilisé 700 000 visiteurs uniques, et généré 6 millions d’euros de chiffre d’affaires pour les commerçants », confie-t-il, la particularité de la solution étant que le chiffre d’affaires est entièrement reversé à ces derniers. Pour exploiter leur boutique en ligne, pas de commission sur les ventes, mais le paiement d’un loyer mensuel – forcément moins cher que celui d’un deuxième point de vente physique –, avec l’avantage de pouvoir bénéficier de conseils pour mettre en valeur leurs produits. Un service clé en main, qui a, a priori tout pour plaire… Mais il y a un mais !

Cas'al dente installée aux Halles de Tours a pu créer son propre e-shop grâce à OLLCA

Des commerçants et clients encore hésitants

Si l’intention de l’entrepreneur était de doter les commerçants de proximité « d’un outil pour s’aligner sur la grande distribution et les services de livraison de fast-food qui ont explosé ces dernières années », on voit néanmoins que tous n’y sont pas prêts. Valérie Coulon, qui espérait en signant avec la plateforme que ses confrères suivent le mouvement, accuse le coup : « Je m’attendais à ce que nous soyons davantage d’inscrits, afin que les gens puissent grouper leurs achats ». Pour l’instant, il n’en est rien, explique celle qui se dit « un peu déçue » par la manière dont les services de click and collect et de livraison tels qu’Ollca peinent à convaincre commerçants et clients des Halles. En cause selon elle ? La particularité du lieu, qui rassemble une clientèle d’habitués : « Tout le monde se connaît, on aime s’y croiser, discuter dans les files d’attente… Venir faire ses courses sous les Halles, c’est une culture » conclut-elle, non sans l’espoir de voir les jeunes générations, qui s’approvisionnent de plus en plus dans les commerces de proximité, changer la donne.

Si la transformation numérique apparaît comme un bouleversement des habitudes, elle repose aussi sur une question de « timing »… Car si Cas’Al Dente souffre pour l’instant de son avance, d’autres en mesurent les bénéfices aujourd’hui. Stores-et-Rideaux, entreprise de vente de stores et de rideaux made in France et sur-mesure conçus et fabriqués en Eure-et-Loir, a pris le pli du e-commerce il y a déjà 10 ans. En 2008, l’entreprise dont l’activité repose alors sur l’équipement des collectivités, est frappée de plein fouet par la crise. « Nous avons réfléchi à des solutions… Et compris qu’il nous fallait adresser une nouvelle clientèle : les particuliers », explique Stéphane Beretti, dirigeant de la PME. Pour celui qui n’a aucune certitude, mais souhaite à tout prix sauver l’entreprise, le tournant du numérique est un pari… Dont on constate aujourd’hui qu’il est réussi, en atteste les 200 000 acheteurs qui constituent la base client. Si le sur-mesure et la fabrication française séduisent, le fait qu’il soit possible d’acheter les produits en ligne joue beaucoup. D’autant plus en temps de confinement, où – lors du premier – les magasins de bricolage étaient fermés. « Comme le budget sortie était à zéro, beaucoup de gens se sont tournés vers l’aménagement de leur intérieur », présume Stéphane Berretti, qui explique avoir plus que doublé le chiffre d’affaires de 2019 sur la période. « La preuve que même une entreprise traditionnelle implantée en zone rurale peut prendre le virage du digital ».

Avis aux sceptiques !

Par Juliette Lécureuil 

 

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