Les Tourangeaux de souche ou adoptés de longue date peuvent en attester : les planches du Bateau Ivre en ont vu passer, des artistes et des compagnies. Fermée en 2010 en raison du départ à la retraite de son ancienne propriétaire Gisèle Vallée, la célèbre salle de spectacle de la rue Édouard Vaillant renaît cet automne de ces cendres, grâce au combat mené d’abord par le collectif de citoyens Ohé du bateau, puis par la Société coopérative d’intérêt collective (SCIC) Ohé! à partir de 2016. Quelques mots de cette réouverture tant attendue, en guise de mise en bouche.
Si elle était attendue, on l’avait sans doute imaginée autrement. Comme d’autres évènements, la remise à flot du Bateau Ivre n’échappe pas à la crise sanitaire : les 8, 9, 10 et 11 octobre, seul un nombre limité de personnes, assises et masquées, auront la chance de pouvoir découvrir – gratuitement – la nouvelle salle. Au programme, des surprises et des interventions d’artistes, même si comme le prédit la présidente de la SCIC Ohé! Carole Lebrun, « la star du week-end sera le bateau ». Un endroit dont on se contente pour l’instant de deviner les contours, puisqu’il est inaccessible au public depuis 2010 – à l’exception de quelques chanceux ayant pu assister, en 2013 à quelques entresorts, distillations et autres micro-manifestations organisées en solidarité au lieu, ou en 2018 à une vente d’œuvres aux enchères.
Un coup de neuf, et beaucoup de projets
Au sujet de la nouvelle physionomie de la salle, la sociétaire d’Ohé! reste très évasive, déterminée à conserver le secret. « Il y a eu des réaménagements, le lieu a fait peau neuve mais son âme a été conservée », explique-t-elle, ajoutant qu’il s’agira désormais d’un outil dédié au spectacle vivant et à la diversité artistique, avec un grand bar qui en sera « le poumon ». Danse, chant, slam, théâtre, et même cinéma… On devrait retrouver ce savant mélange d’autrefois qui faisait de l’endroit un carrefour culturel, avec en prime des événements tels que des soirées pirates, des scènes ouvertes, et autres propositions « de l’ordre de l’impromptu ».
Reste, pour que ces projets prennent vie, à trouver une autonomie financière. Pour cela, la coopérative compte sur la location de la salle, qui sera le point d’équilibre de son fonctionnement économique. La SCIC mettra ainsi à disposition le lieu à ses sociétaires – parmi lesquels figurent des compagnies, des associations, des collectivités territoriales, des entreprises, des citoyens, etc. – mais pas que… Une manière de plus de faire preuve d’ouverture. Plus qu’à patienter une poignée de jours avant de découvrir ce nouvel espace plein de promesses.
Par Juliette Lécureuil