Jean-Luc Hees ©DR
Ancien homme de radio, écrivain, amoureux des États-Unis, Jean-Luc Hees publie un nouvel ouvrage, L’Amérique : la facture, dans lequel il analyse l’impact sidérant sur les relations internationales et sur l’économie mondiale qu’a eu la politique chaotique menée par Donald Trump depuis quatre ans. Jean-Luc Hees sera présent aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois, samedi 10 octobre, pour en débattre.
Jean-Luc Hees n’en revient toujours pas. Que s’est-il passé le 8 novembre 2016 pour que cette Amérique qu’il aime tant désigne Donald Trump comme président ? « Cet homme est pourtant un Narcisse assez dangereux. Il est vaniteux, sexiste, raciste, méprisant, aggressif… Les critiques lui importent peu. Pour Trump, il n’y a que Trump qui compte. » Trump, son électorat et sa réélection en novembre prochain. Pour lui, rien d’autre n’a d’importance. Aussi, dans son dernier livre, L’Amérique : la facture, l’écrivain dresse le bilan du mandat de Trump en termes économique et géopolitique et des répercussions qu’il aura au niveau international.
« Il a réussi à convaincre un certain nombre d’Américains et les autres se sont résignés. C’est ça la tragédie pour les États-Unis et pour le reste du monde. Le mal est fait : il a habitué une grande démocratie à des actes anormaux. » Et il faut prendre garde à ce que ce virus ne se répande pas ailleurs : « Lorsqu’il s’assoit [pour la première fois] dans le bureau ovale, cela signifie que l’impensable est réalisable et qu’ailleurs, des hommes et des femmes dénués de toute réelle conviction démocratique vont croire en leur chance et tenter, à leur tour, d’accéder au pouvoir. »
« Trump a phagocyté la démocratie dans son pays », en a faussé l’image. Mais pas que… Le mal n’est pas que démocratique : « Donald Trump s’octroie tous les grands succès économiques de son pays mais l’administration d’Obama avait laissé les affaires dans une situation plutôt saine. Il s’est contenté de surfer sur cette tendance. Et, aujourd’hui, les États-Unis sont dans une situation économique assez délicate. Il a, en outre, plongé son pays dans une impasse en termes de discussions, de négociations internationales et dans une guerre civile qui ne dit pas son nom : cela a un coût pour toute la planète et, comme beaucoup d’autres, je ne veux pas payer les conséquences du vote américain. »
Perte de leadership
« Donald Trump n’a aucune vision globale. Pas de stratégie, pas de loyauté, pas de bon sens. Une seule idée l’habite : complaire à son électorat. C’est un clown mais il n’est pas complètement idiot : il a compris qu’en flattant les plus bas instincts des Américains, il parviendrait à ses fins. Une réélection. Au prix d’une perte de confiance vertigineuse en la parole américaine. » Car, aujourd’hui, « la nation américaine n’est plus fiable vis-à-vis de ses alliés. Elle est en train de perdre le pouvoir et le prestige dont elle jouissait depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et aucun autre pays n’est en capacité à prendre la place qu’elle occupe sur le plan international. Mais on sent l’Allemagne plus attentive à la situation depuis deux ans. » L’Europe pourrait-elle être le nouveau leader mondial ? « C’est le souhait d’Emmanuel Macron. Mais, pour cela, il faudrait qu’elle prenne son destin en main et devienne une grande puissance. Ce pourrait alors être le seul bénéfice du mandat de Donald Trump ! »
Concernant l’élection à venir, Jean-Luc Hees ne se hasardera pas à donner un pronostic. « En 2016, j’étais persuadé qu’Hillary Clinton serait élue. J’ai eu tort. Aujourd’hui, je me méfie. »
par Estelle Cuiry