Les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus les mêmes aspirations qu’il y a 20 ans. Ce n’est pas qu’ils ne veulent plus travailler, c’est qu’ils veulent pouvoir donner du sens à leur travail. S’engager. Pour un futur meilleur. Pour un monde meilleur. Pour un salaire meilleur ? Pas forcément. En revanche, ils ne font pas l’impasse sur leur besoin de sens. Résultat ? Aujourd’hui, les boîtes ont du mal à recruter et à fidéliser. Aujourd’hui, ce sont les candidats qui choisissent leur entreprise et plus l’inverse. Edgar Grospiron, champion de ski acrobatique devenu conférencier, explique ces nouveaux comportements et donne aux chefs d’entreprise les clés pour se réinventer et rester performants.
« On critique beaucoup les jeunes. Mais est-ce la faute des jeunes ou la nôtre, parce que nous vieillissons et que nous avons plus de mal à nous adapter ? N’aurions-nous pas oublié notre jeunesse quand nous voulions réinventer le monde, faire de notre passion notre métier et s’y éclater ? Nous avions des idéaux à 20 ans… Mais nos responsabilités se sont accrues avec le temps et il est aujourd’hui difficile de se remettre dans la peau de celui ou celle que nous étions à 20 ans. Les choses évoluent dans le rapport au travail mais elles ne sont pas si fondamentalement différentes de nos préoccupations d’il y a 30 ans. » C’est par ce constat qu’Edgar Grospiron, champion de ski acrobatique devenu conférencier spécialiste de la motivation, commence son analyse des nouveaux comportements et des nouvelles attentes des jeunes au travail.
Identifier les composants de sa motivation
« Les jeunes aujourd’hui n’ont pas envie de sacrifier leur vie personnelle pour le travail même si une partie d’entre eux affirme vouloir réussir professionnellement. L’autre partie est plus désabusée : elle n’y croit plus et elle n’effectuera qu’un job alimentaire. Elle trouvera son épanouissement ailleurs. Le clivage est assez fort. Cette dernière catégorie est logiquement plutôt représentée dans les postes à faible qualification. Et il est difficile de recruter, de fidéliser quand la personne n’est pas motivée par le travail. Pourtant, ces jeunes sont essentiels à la bonne marche de l’entreprise ! »
Edgar Grospiron affirme qu’« avoir de l’ambition, pour un jeune, c’est compliqué. C’est une des questions les plus angoissantes pour lui : « qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » Avec quelles armes partir ? Qu’est-ce qui va lui donner les moyens de son ambition ? Les compétences ne suffisent pas. Il existe d’autres ingrédients qui participent à la motivation. » L’ancien sportif de haut niveau en liste trois : « Le premier d’entre eux, c’est la passion. Pourtant, elle est souvent moquée (« ce n’est pas avec ça que tu vas réussir dans la vie !« ) Il faut aller regarder ce qu’il y a derrière cette passion. Parce que quand un domaine passionne, il vient nourrir un besoin essentiel chez l’individu. Il y a ensuite la talent. On peut exercer n’importe quel métier sans avoir de talent particulier. Mais le talent mis au profit d’un métier, c’est une force extraordinaire qui est encore trop peu exploitée. Et il y a enfin les valeurs. En quoi vont-elles être un socle sur lequel on va construire son identité ? Le jeune doit donc avoir pleinement conscience de ses passions, talents et valeurs qui sont des outils à mettre au service de son ambition pour forger sa motivation. Croire en soi et en ses capacités pour réaliser ses ambitions. Un jeune qui a réalisé cela, qui croit en lui (et qui voit que l’on croit en lui) et qui a un niveau d’exigence élevé sera motivé. »
Estelle Cuiry