Chambord, au croisement de la culture et de la nature

Pierre Dubreuil, directeur Général du Domaine National de Chambord
Pierre Dubreuil, directeur Général du Domaine National de Chambord

L’Épicentre a rencontré Pierre Dubreuil, le nouveau directeur Général du Domaine National de Chambord qui succède à Jean d’Haussonville qui a passé plus de dix ans à la tête du château.

L’Epicentre : Vous venez de prendre vos fonctions, au début de l’année 2023, comment se passe vos débuts à Chambord ?

Pierre Dubreuil : Le Domaine de Chambord ne m’était pas inconnu puisque j’y suis administrateur depuis deux ans. J’apprécie énormément la nature, et être projeté au centre d’un immense espace naturel, avoir son bureau au cœur d’une œuvre d’art, est incroyable. Concrètement, j’ai pris le temps au départ de regarder le fonctionnement, les process, de rencontrer les équipes (250 salariés). Je succède à Jean d’Haussonville, qui a su pendant douze ans, faire rayonner ce joyau des châteaux de la Loire et je souhaite continuer dans ce sens en axant sur l’expérience du Domaine, c’est à dire développer le lien entre le château et le domaine, la rencontre de la nature et la culture. La forêt patrimoniale de 5 600 hectares qui entoure le château est exceptionnelle, une mosaïque de biodiversité à faire découvrir.

L’Epicentre : Avez-vous défini vos prochaines missions pour ce domaine ?

Pierre Dubreuil : Je vais rapidement m’atteler à préparer le projet « Chambord 2030 », un projet d’établissement réalisé avec les équipes. Mais dès à présent, nous allons continuer à ouvrir le domaine au public du Loir-et-Cher afin de démystifier le fantasme « Chambord ». Le comptage des animaux, en avril dernier, par les habitants du coin et les amoureux de la nature avec nos équipes, a eu un succès fou.

Je souhaite travailler rapidement sur l’accueil des visiteurs. Le Domaine national de Chambord reçoit annuellement plus d’un million de touristes, il est donc nécessaire d’améliorer la qualité de la prise en charge (temps d’attente, parking…) afin que le visiteur ait une bonne expérience. J’ai le projet de développer les abords des jardins à la française, faire des parcours, guider les visiteurs et leur permettre d’étendre leurs séjours à plusieurs jours. Un autre chantier, la rénovation énergétique du domaine. Il est urgent de s’occuper du chauffage de Chambord, par exemple.

L’Epicentre : L’excellence écologique du Domaine est un de vos objectifs ?

Pierre Dubreuil : Avec mon parcours au Museum d’Histoire naturelle et à l’Office Français de la Biodiversité, j’ai pris conscience de la place de l’écologie et de la nécessité de restaurer un nouveau rapport entre l’homme et la nature. Le Domaine de Chambord pourrait devenir une vitrine de la biodiversité en s’appuyant sur une activité qui lui est traditionnelle, la chasse. La forêt est une question d’équilibre entre l’homme, la nature et le gibier. Un territoire chassé est mieux entretenu. Mettre en place une chasse durable éthique avec le développement d’une filière française de la venaison, alors que 80 % du gibier consommé en France est importé, me semble une mission du service public.

Propos recueillis par Sophie Manuel

Lionel Sabatté magnifie la poussière royale

Lionel Sabatté et sa Dame du lac
Lionel Sabatté et sa Dame du lac

Cet artiste, qui se partage entre sculpture, peinture et dessin, expose 150 œuvres au Domaine National de Chambord, dans son exposition « Pollens clandestins ».

Lionel Sabatté a la spécificité de sublimer l’informe, de la corrosion à des matières dévalorisées telles que la rouille ou la poussière. Dans le château, l’immense portrait « portraits de poussière » est une fresque sublime de cent portraits réalisés à partir de la poussière recueillie à Chambord. Un sentiment d’attraction et de répulsion qui nous pousse à détailler les traits des visages réalisés avec des cheveux et autres résidus. La meute, qui rassemble cinq loups faits de moutons de poussière sur structure métallique est tout aussi captivante.

La sculpture étonnante de la chouette de 5 mètres, située à 400 m du château, conçu de fer à béton, de filasse (fibres végétales) et de ciment, relaie le rapport intime du plasticien avec la nature. Cette « Dame du Lac », éclairée par le reflet de la lumière de l’étang, est la première œuvre pérenne d’un artiste contemporain à Chambord.

Cette remarquable exposition est à découvrir jusqu’au 17 septembre, dans la Forêt, les jardins et le château de Chambord.

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