Après plusieurs mois de fermeture, la Fondation du Doute, version 2 vient d’ouvrir. Ni musée, ni centre d’art, ce centre artistique atypique implanté à Blois s’affirme comme le lieu incontournable pour découvrir le mouvement artistique Fluxus.
Pas d’inquiétude, l’immense « Mur des mots » recouvert des 300 plaques émaillés de Ben est toujours là. On ne se lasse pas de lire les messages de l’artiste Benjamin Vautier dans la cour du doute implantée depuis 1995 au milieu d’un pôle d’enseignement artistique communautaire (école d’art, conservatoire de musique…). Les nouveautés de la Fondation du Doute portent essentiellement sur le parcours de visite à travers le rez-de-chaussée et les deux étages de 400 m², des nouvelles œuvres et un nouveau café-boutique. « Nous souhaitons apporter une nouvelle vision du Fluxus. La nouvelle scénographie offre une découverte du concept de façon plus fluide » indique Alain Goulesque, directeur de la Fondation du doute.
Soixantième anniversaire du mouvement Fluxus
Le 24 septembre dernier, la Fondation du doute fêtait avec le public, les 60 ans du mouvement artistique Fluxus en présence de Ben, figure emblématique, aujourd’hui âgé de 87 ans. Ce mouvement d’art contemporain est né en 1962. Ses influences sont principalement des artistes comme George Maciunas John Cage, Dada et Marcel Duchamp. Fluxus est un état d’esprit, une manière d’envisager le monde. « Fluxus ne peut pas être défini de trop près » a indiqué Dick Higgins. Néanmoins, une découverte de ce courant est possible avec les œuvres exposées à la Fondation du Doute qui permettent de découvrir le rôle majeur du Happening ou event, l’humour comme arme de subversion de l’ordre établi, la réunion de toutes les expressions de l’art, de la musique, au théâtre, au cinéma, aux arts plastiques. La nouvelle scénographie propose une sensibilisation de cet esprit à travers onze dénominateurs communs des travaux Fluxus ; la musicalité, le minimalisme, l’art-amusement…
Cet anniversaire a été l’occasion d’inaugurer l’exposition temporaire (jusqu’au 27 novembre) sur la théorie de l’ego mise en forme par Ben dans l’espace du pavillon d’exposition, L’ego indestructible.
Un centre de questionnement
Le café, au rez-de-chaussée, est le lieu de vie, on s’arrête pour regarder les œuvres de Ben, on se pose pour boire un thé, on y lit le journal du Doute. Son organisation a été revue, le design réalisé par Luc Chevallier (designer local) offre un nouvel aménagement plus ouvert dans l’esprit du mouvement Fluxus. Ce lieu de rencontre est le souhait de Ben, de permettre l’échange, un espace public ouvert à tous destiné à la rencontre et à la discussion. L’idée est de dispenser, dans ce café, une programmation culturelle riche avec une mise en avant des jeunes artistes.
La Fondation du Doute est un lieu unique en Europe. L’équipe de cinq permanents reçoit des visiteurs individuels (environ 20 000 personnes par an), ainsi que des groupes de lycéens et collégiens sur un angle pédagogique.
Sophie Manuel