La FFB du Loiret a tenu son assemblée générale à l’aube des élections législatives. L’occasion de rappeler aux parlementaires que si le bâtiment est traditionnellement le pouls de l’économie française, il est temps de s’inquiéter de quelques sujets de première urgence.
« Quand le bâtiment va, tout va ». L’adage ne date pas d’hier et illustre assez bien l’état économique et social de notre société. Comme toutes les entreprises de France, le bâtiment souffre du manque de certaines matières premières, de l’inflation et du coût des énergies. Les entreprises peinent à recruter, pâtissent de l’image dégradée de certains métiers, et s’inquiètent que les jeunes boudent la formation professionnelle en alternance. En grattant un peu le vernis de cette toile somme toute assez classique, la FFB devient le révélateur de problèmes portés par toute la société. Comment développer une offre de foncier constructible avec une inflation foncière continue ? Comment développer et moderniser les territoires sans aucune artificialisation des sols ? Comment développer le professionnalisme des entreprises quand la technicité est mise en ligne par des plateformes numériques et que l’Ubérisation menace ?
France terre de bâtisseurs
Toutes ces questions, la FFB les pose dans son recueil de « 85 propositions » qu’elle fait aux nouveaux députés, avec le sous-titre « France, terre de bâtisseurs ». « La fédération du bâtiment est apolitique, rappelle Erwan Croixmarie, président de la FFB du Loiret. Nous discutons avec tous les élus, nos problèmes sont structurels et pratiques ».
Comme à son habitude, la FFB alerte, et l’on a entendu ses ressortissants s’exprimer lors de l’AG annuelle.
Arnaud Bouhours, par exemple, chauffagiste à Châteauneuf-sur-Loire, s’inquiète du débouché des négociations pour le départ à la retraite : « Nos salariés commence leur carrière tôt, dit-il ; ils ont des métiers avec une forte intensité physique, alors, allonger l’âge de départ à la retraite n’est pas envisageable ».
Emmanuel Esnault est entrepreneur à Pithiviers, il évoque les finances des Français, regrettant que « les résidences secondaires et les SCI ne bénéficient pas des aides à la rénovation climatique ». Drôle de politique en effet, qui prive le secteur du bâtiment d’une part importante de chantiers de rénovation. « Quant à la prime-Renov, ajoute-t-il, elle est trop complexe, au point que certains renoncent à la demander et reportent leur projet ».
Fabrice Gorecki lui, est maçon dans le Loiret. Il s’inquiète sans détour du devenir des auto-entrepreneurs. « L’idée de l’auto-entreprise, telle qu’elle avait été imaginée était bonne, mais aujourd’hui dévoyée. 40% des auto-entrepreneurs ne déclarent pas de revenus ou presque, et donc ne cotisent ni pour leur retraite, ni pour celle de leurs aînés. On est en train de créer une génération de gens qui vont être pauvres ».
Dans cet ouvrage, il est aussi question de concurrence déloyale, d’application de TVA, de la « permittence » des intérimaires, et de la mutualisation des services des CCI et des CMA. Questions de bon sens et de survie parfois. Erwan Croixmarie se veut rassurant mais attentif : « Il n’y a pas encore de casse, dit-il, les entreprises résistent plutôt bien. Mais elles doivent répercuter les hausses, puisque leurs marges ont déjà été rognées ». Alors cette rentrée sera sans doute décisive : « les dossiers privés seront moins nombreux, on a vu pourquoi, les dossiers publics quant à eux seront sans doute limités par la fin du Plan de relance ».
Stéphane de Laage