Vendômois : la zone d’activité de l’oratoire bénie des Dieux ?

Le parc technologique de l’oratoire, de part et d’autre de la gare TGV vendômoise, connaît une vive croissance. Les bâtiments y poussent comme des champignons dans une carrière de tuffeau !

La zone d’activité du parc technologique de l’oratoire des Territoires vendômois – destinée aux activités secondaires et tertiaires supérieures, aux activités innovantes et à la R&D – connaît ces derniers mois une activité plus que soutenue. « Un rythme que nous n’avons jamais connu jusqu’ici », confie Xavier Garnavault, directeur du développement économique de la communauté d’agglomération.

La construction d’un nouvel atelier Louis-Vuitton, entré en service il y a tout juste un an (voir notre n° 197), a en quelque sorte rouvert le bal. Depuis, les équipes du cabinet d’expertise-comptable Fiteco y ont élu domicile au premier semestre, dans des locaux flambant neufs de 2 000 m2, sur 8 000 m2 de terrain. L’entreprise quittait ainsi ses pénates du centre-ville vendômois, devenus trop exigus et peu adaptés aux nouveaux standards. Dans quelques jours – l’inauguration officielle est prévue le 6 septembre –, ce sera au tour de la société EIC (Éditions informatiques comptables), qui développe des logiciels pour les experts-comptables et de solutions de gestion pour les TPE-PME, implantée à Saint-Ouen depuis 30 ans, de prendre le même chemin, pour les mêmes raisons. L’entreprise prendra possession d’un bâtiment de 2 500 m2 à quelques dizaines de mètres de la gare TGV – ce qui lui permettra également de « se rapprocher de Paris », indique son directeur général, Vincent Petit. Ce dernier objectif est également l’une des raisons qui a poussé Aymeric Repichet, directeur de l’agence vendômoise de la société de conseil en énergie et environnement des bâtiments Béhi, à retenir le parc pour transférer et agrandir prochainement ses locaux, situés eux aussi pour l’heure en centre-ville vendômois. « Certains de nos collaborateurs vivent à Tours, et ce sera également un argument pour attirer les Parisiens », explique-t-il. Ce n’est toutefois pas sa seule motivation : « Faute de pouvoir trouver des locaux idoines, nous avons décidé de construire les nôtres. Ils pourront ainsi nous servir de vitrine, en prouvant par l’exemple que l’on peut construire des bâtiments écologiques et résilients au même coût que des bâtiments classiques. Le parc technologique paraissait tout indiqué ». Le début des travaux est espéré « pour la fin de l’année ou le début de la suivante », sur un emplacement de 3 500 m2 situé près de Trescal. Aymeric Pichet prévoit une construction par tranches, pour accueillir dans un second temps d’autres intervenants du bâtiment. Est également projeté un espace d’accueil, notamment « pour sensibiliser les jeunes à la construction éco-responsable et à la biodiversité ». De l’autre côté de la route, sur un terrain de 3 500 m2, le bâtiment d’Idealex, entreprise vendômoise spécialisée dans la fabrication d’équipements de radioprotection, sort, lui, déjà de terre — même si la découverte de vestiges gaulois lors des fouilles archéologiques préventives a quelque peu ralenti son essor. Ce nouveau bâtiment fera face à A2V Mécatronique, qui a repris il y a peu les anciens locaux d’AMGP (voir par ailleurs).

Pas encore lancés, les travaux de construction de la gigafactory Elogen (voir notre numéro 197), une usine de 20 000 m2 sur un terrain de 9 hectares, ne devraient pas tarder à poindre – le permis de construire devrait être déposé d’ici la fin de l’année. La Commission européenne a en effet donné le 15 juillet dernier son feu vert au « projet important d’intérêt européen commun » Hy2Tech, porté par 15 États-membres de l’Union et qui vise à soutenir 35 entreprises du secteur de l’hydrogène, dont elle fait partie. La mise en service du site est prévue pour 2025. Il devrait en être de même pour le nouveau bâtiment de production de l’entreprise de cosmétique Sisley : 15 000 m2, sur une emprise de 15,5 hectares. Car l’entreprise ne doublera finalement pas la mise à Villebarou, où elle est implantée depuis 2003, n’ayant pas trouvé chaussure à son pied. Outre l’argument du « Fabriqué en France », crucial pour le secteur, Philippe d’Ornano, son président, a déclaré au quotidien Les Échos que deux éléments l’ont convaincu de retenir ce site plutôt que de s’implanter en Asie (l’export représentant 92% des ventes de la société) : « l’implication des collectivités qui nous accueillent et la baisse des impôts de production ».

Certes, on ne gagne pas à tous les coups. Le projet de construction de chai par la société DDV, sur une emprise de 56 000 m2, ne devrait finalement pas voir le jour. Et parmi le bâti existant, les « cubes Celadon » peinent à trouver preneur pour succéder à IPG Contacts services.

Mais le succès est réel. « Il reste environ 17 hectares de foncier viabilisé », indique Xavier Garnavault, qui relève que « le parc de l’oratoire ne constitue toutefois que l’une des 32 zones de l’agglomération ». C’est déjà moitié moins que les 36 hectares que la communauté d’agglomération avait décidé d’acquérir le 23 septembre 2019 auprès de la chambre de commerce et d’industrie pour agrandir le parc, et ce, afin de parer à la raréfaction du foncier économique immédiatement disponible…et d’attirer Louis-Vuitton dans ses filets (la cession de près de 10 hectares à cette dernière avait été adoptée le 9 décembre de la même année). Sans compter que dans ces 36 hectares, ne sont pas compris les 9 hectares cédés à la SAS Elogen, dont l’acquisition auprès de la CCI n’a été décidée par Territoires vendômois que le 28 mars dernier.

Comment expliquer le regain d’intérêt pour ce parc, où se côtoient aussi bien des entreprises multinationales – Thalès Avionics, Daher Aerospace, Worldline, Getinge La Calhène, Trescal, Monceau Assurances… – que des acteurs locaux, comme le laboratoire d’aromathérapie Cosbionat ou le laboratoire Identec ? Le site lui-même présente certes de nombreux atouts. On l’a vu, la gare TGV en fait partie, puisqu’elle met Paris à seulement 45 minutes – sans être pour autant nécessairement déterminante. Il est également proche de la RN10 (Paris-Bordeaux) et à une vingtaine de minutes de l’aérodrome du Breuil, sans aucun feu de circulation sur le trajet (mais pas mal de ronds-points…). Mais tout cela n’est pas nouveau. « Le fait que le foncier soit immédiatement disponible est primordial », avance pour sa part Xavier Garnavault, qui invoque également « le regain industriel » post-covid. Même s’il s’en défend, l’action de son service – couplée à la dynamique des élus locaux – semblent également des facteurs non-négligeables. Ils sont, en tout cas, régulièrement évoqués par les nouveaux venus. Interrogée par L’Épicentre sur les raisons de son choix, la maison-mère d’Elogen évoque ainsi « un terrain très facilement accessible depuis notre site en Île-de-France, la surface du terrain permettant un éventuel développement et l’excellent accueil et proactivité des équipes locales ».

Frédéric Fortin

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