Sylvain Bulot : l’art de la marqueterie entre tradition et innovation

Sylvain Bulot dans son atelier de Richelieu.
Sylvain Bulot dans son atelier de Richelieu.

À Richelieu (37), Sylvain Bulot est un artisan d’exception spécialisé dans la marqueterie, un art complexe qui combine finesse du dessin et savoir-faire en ébénisterie. Son entreprise s’est forgée une réputation internationale grâce à des créations uniques et des techniques innovantes.

La passion de Sylvain Bulot pour le bois et le dessin s’est manifestée très tôt. Après une formation initiale en menuiserie et ébénisterie, il ressent rapidement le besoin d’explorer des horizons plus créatifs. Doté d’un talent naturel pour le dessin, qu’il perfectionne aux Beaux-Arts en suivant des cours de nus, Sylvain intègre ensuite une école en Belgique avec une spécialisation en marqueterie.

À partir de 1984, il se forme à la restauration de la marqueterie, puis poursuit son parcours en Bretagne avant de s’installer à Marsay (37) à seulement 23 ans. Sa soif d’apprendre le pousse à suivre des cours de chimie appliqués à la restauration, ainsi que des formations en histoire de l’art, botanique, et serrurerie.

En 1991, il installe son atelier à Richelieu et se dédie à la restauration sur le marché français. Il intègre en parallèle l’École Boulle et fait la rencontre de Pierre Ramand. Cet enseignant, impressionné par ses dessins, l’encourage à persévérer dans la marqueterie.

Développement à l’international

Le parcours de Sylvain Bulot à l’international commence curieusement en 2003 quand il subit un gros impayé client. Il se rapproche alors de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat qui lui suggère de participer à des salons à l’étranger. Il se rend alors à New York pour présenter son art et nouer des contacts, puis à Dubaï et à Abu-Dhabi. Là-bas, l’émir Al Qubesi lui demande de lui soumettre un projet.

Sylvain a alors une idée révolutionnaire ! Inspiré par la culture bédouine et l’histoire du monde arabe, il imagine une table basse sophistiquée de 2 mètres de diamètre avec de la marqueterie incrustée dans le verre. Une innovation pour laquelle il déposera un brevet. Si l’émir décède malheureusement avant que le projet n’aboutisse, cette création unique lui ouvre de nouvelles portes, notamment en Arabie Saoudite et aux États-Unis.

C’est ainsi que surviendra, peu de temps après, la commande originale d’une table de salle à manger sur-mesure de 300 kg en verre. La réaction émue de la cliente, « Je n’ai jamais vu une pièce pareille, j’ai du mal à me dire qu’elle m’appartient », illustre l’impact de son travail.

En 2018, il participe à une exposition du savoir-faire français à l’ambassade de France à Moscou et attire l’attention d’un cabinet de décoration anglaise pour des projets de luxe.

Un risque de perte de savoir-faire

Malgré ses réussites, Sylvain Bulot exprime une certaine inquiétude quant à la pérennité de son savoir-faire. Tout d’abord, il évoque la forte dimension internationale de son entreprise. Son chiffre d’affaires est très lié à la qualité des relations internationales et à la situation géopolitique. Depuis la guerre en Ukraine, les clients moscovites sont ainsi devenus rares.

Ensuite, à 60 ans, tandis qu’il continue de choisir ses projets avec soin, la question de la transmission de son savoir-faire reste ouverte, menaçant potentiellement la disparition d’un art unique après lui. Son histoire est assurément celle d’un artisan passionné, dont les créations continuent de fasciner et d’inspirer à travers le monde.

www.sylvainbulot.com

Camille Colloch

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