Alors que la fast fashion est critiquée pour son impact néfaste sur l’environnement, certains en région Centre-Val de Loire ont fait le pari de créer leur propre marque de vêtements qui se veulent plus écologiques.
Il existe peu d’ateliers de fabrication de vêtements en région Centre-Val de Loire, hormis quelques-uns destinés à la haute couture et aux marques de luxe. Quand on parle de vêtements made in région Centre-Val de Loire, on parle donc surtout de l’imagination du vêtement en région.
C’est le cas notamment de Joëlle Meurgues, une orléanaise passionnée par la haute couture française qui a créé Maison Merise il y a deux ans. Elle travaille uniquement la maille dans un atelier en Mayenne (53). Les ateliers de maille ayant quasiment tous disparu, ceux qui restent représentent un coût important pour les marques faisant appel à eux. À Maison Merise, les ventes se font sur internet et Joëlle organise également des cafés-mode à l’Hôtel de l’Abeille à Orléans. Particularité de la marque ? Elle propose seulement quatre modèles de robe avec une variété de soixante couleurs, allant du XS au XXL : la robe Léa, la Brise d’Été, la Business Woman et la Citadine. Ces robes sont adaptées à toutes les silhouettes, toutes les femmes, toutes les occasions et pour toute la vie. Elles sont fabriquées sur demande.
Fabriquer en France
À 52 ans, Vesna Renault a créé la marque Coolman en 2014. D’origine croate, elle a installé son entreprise à Tours. Elle propose des vêtements en laine de mérinos. La marque travaille avec trois ateliers à Laval, Troyes, et en Alsace. Les vêtements sont vendus sur internet et sur les salons.
À 36 ans, Émilie Souaidé a créé Annahpa il y a quatre ans. Passionnée par la mode, son rêve de petite fille l’appelait à créer sa propre marque de vêtements. L’ancienne commerciale a lancé sa première collection en mars 2019. Habitant à Orléans depuis vingt ans, elle a basé son entreprise à Olivet et travaille avec une modéliste de la région. Les vêtements sont fabriqués dans deux ateliers, un dans l’Oise (60) et l’autre dans le Val-d’Oise (95). 80 % du chiffre d’affaires est réalisé dans près de cinquante points de vente en France, contre 20 % sur internet. Ne pouvant et ne souhaitant pas surstocker, Émilie fabrique uniquement ce qu’elle vend et les boutiques doivent commander six mois à l’avance.
De la fast fashion à la slow fashion
Face à la surconsommation actuelle de vêtements en France, les trois femmes sont unanimes. La fast fashion doit laisser place à la slow fashion. « La surconsommation a été un souci dès le début, explique Joëlle Meurgues. Tout a été délocalisé en Chine ! Il y a beaucoup de quantité, mais pas de qualité. Le fait de produire à la demande n’entraine pas de surconsommation. »
« Les vêtements sont devenus jetables, poursuit Vesna Renault. Le consommateur est tenté d’acheter tout ce qui est en promo. Il y a parfois une frénésie d’achat. À mon sens, il faudrait acheter moins de vêtements, mais de meilleure qualité. Les fabricants doivent faire des vêtements plus durables. La réindustrialisation de la France est une bonne intention, mais il faudra des années pour y arriver. Les marques de vêtements doivent donner l’ordre de produire de la qualité. »
« On a mis trente ans à délocaliser. On mettra trente ans à relocaliser », résume Émilie Souaidé.
À noter tout de même, que les marques présentées ici ne s’adressent pas à tous les portefeuilles. Sans filière textile en France, la mode Made in France ou Made in Val de Loire risque donc de rester un phénomène de niche encore quelques temps…
Maxence Yvernault