L’ubérisation du secteur touristique en région Centre-Val de Loire

Crédit photo Freepik
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Désormais, presque toutes les réservations touristiques se font quasi-instantanément via une plateforme numérique telle que Airbnb, Booking.com ou encore Gîtes de France. Zoom sur l’essor de ces plateformes en région Centre-Val de Loire, pas au goût de certains hôteliers.

Certains en région Centre-Val de Loire ont décidé de mettre leur logement sur l’une de ces célèbres plateformes. C’est le cas par exemple de Sophie Ladylou qui, en décembre 2019, a mis la dépendance de sa maison sur Airbnb dans l’idée d’obtenir un complément de revenu. Elle est devenue depuis ambassadrice de la communauté Airbnb en Indre-et-Loire, une « région touristique splendide » selon ses mots. « Passer par une plateforme est plus sécurisant », poursuit-elle. Airbnb propose notamment une assurance pour le voyageur et l’hôte. « S’il y a une dégradation dans le logement, l’hôte est remboursé. »

Davantage de réservations par internet

Le réseau Gîtes de France observe également un engouement, notamment concernant le nombre de demandes d’agrément qui continue d’augmenter. Côté clients, « la chambre d’hôte vient pallier le manque d’hôtels en zone rurale », explique Ludovic Duris, responsable des agences Gîtes de France dans le Loiret et dans l’Indre depuis quinze ans. Les voyageurs réservent davantage via le site web Gîtes de France. La marque dispose d’un site web national où le client peut réserver partout en France, mais aussi d’un site web pour chaque département. « 66% des réservations se font par internet, poursuit Ludovic Duris. Il y a aussi un fort taux de clientèle d’affaires dans le Loiret et en Eure-et-Loir : entre 20 et 40%, contre seulement 10% pour le Cher ou l’Indre. »

Selon une étude menée par EY Parthenon en coopération avec Booking.com auprès de 600 hôteliers européens, 96% des hôteliers pensent que les plateformes en ligne leur permettent de gagner en visibilité auprès des clients du monde entier. 91% affirment qu’elles leur permettent d’obtenir plus de réservations. 88% déclarent qu’elles leur permettent d’augmenter leur taux d’occupation tout au long de l’année.

Payer par internet, mais payer plus cher

Face à ces plateformes de plus en plus envahissantes, certaines communes françaises ont limité le nombre ou ont même interdit les locations types Airbnb. En région Centre-Val de Loire, aucune n’a fait ce choix. Pour certains hôteliers, ces plateformes constituent une concurrence déloyale par rapport au monde de l’hôtellerie. Ce dernier est contraint de s’adapter. « Les plateformes sont à combattre, fustige Jean-Marie Gervais, Président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Indre-et-Loire (UMIH 37). Les hôteliers sont obligés d’être sur ces plateformes car la plupart des clients passent par internet. Le problème, c’est la commission prélevée à chaque réservation. Les prix augmentent et le client est le grand perdant. La puissance financière des plateformes est telle que nous ne sommes pas assez forts par rapport à eux. »

Même son de cloche du côté d’Isabelle Antoncic, vice-présidente de l’UMIH 37 : « L’hôtelier n’a pas les mêmes obligations qu’un particulier. Le niveau de sécurité peut être différent par exemple. Rien n’est contrôlé ! Soit on n’a pas de visibilité, soit on paye une commission. On n’a pas le choix ! Les prix sont différents sur les plateformes et en direct. On incite à réserver en direct car le client paye moins cher quand il nous appelle directement. »

Maxence Yvernault

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