Le saviez-vous ? Le Centre de Transplantation Hépatique du CHRU de Tours greffe chaque année plus de cent patients et figure dans le Top 3 des centres français les plus actifs ! Un centre où l’excellence et la vocation des équipes médicales se conjuguent et avalent parfois les kilomètres pour aller récupérer un greffon et sauver ainsi la vie de patients en attente.
Le développement du centre, la réponse au déficit d’accès à la liste de Transplantation Hépatique
Professeur en chirurgie digestive et viscérale, expert chirurgical en pathologies hépatobiliaire et pancréatique, spécialiste en transplantation d’organes, le Professeur Ephrem Salamé est arrivé du CHU de Caen en 2010 pour fonder le Centre de Transplantation Hépatique (CTH) en Centre-Val de Loire. « Des besoins étaient identifiés eu égard au faible taux d’accès à la Transplantation Hépatique à l’échelle de la région. La première année, nous avons effectué 49 greffes, puis 60 la deuxième », précise le Professeur.
Les patients sont issus de toute la région Centre-Val de Loire, mais aussi du Poitou, du Limousin et de la Basse-Normandie. « Ils ne reculent pas devant les kilomètres pour être pris en charge. Dès lors que tout ce qui ne peut être fait pour eux, dans les CHU de proximité, le sera ici. Tous les jeudis après-midi, nous avons une réunion de concertation avec Limoges, Caen, Orléans, Poitiers, Angers et Le Mans pour une discussion de chaque cas entre spécialistes », explique le Professeur.
Aujourd’hui, le Centre, qui assure plus de cent greffes par an, a réussi à maintenir son activité pendant la crise covid ; « sans faillir, les équipes médicales n’ont pas cessé d’opérer les cancers et de faire des transplantations. La baisse de 20 % de prélèvement durant la Covid, s’analyse de manière multifactorielle avec notamment la pandémie mobilisant fortement le personnel soignant ainsi que les lits de réanimation », souligne-t-on au CTH.
Un long parcours pour le patient
La greffe hépatique est la plus lourde intervention à l’hôpital. Il est donc essentiel de constituer, dès le tout début et le mieux possible, les dossiers des patients potentiellement éligibles. Ceux-ci auront, à leur arrivée, à compléter les quatre pages du questionnaire/bilan pré-greffe qui confirmera la possibilité de la greffe.
Le même jour, les infirmiers en charge de la coordination les recevront et les informeront sur l’intégralité du parcours de la pré-greffe.
Celui-ci varie de trois jours, pour une urgence, jusqu’à quatre à six semaines suivant les malades.
« Quand, pour un malade inscrit, un greffon est disponible au niveau national, il faut réagir vite, dans les trente minutes maximum », indique le Professeur Salamé.
Dès que le greffon est accepté, s’engage une course contre la montre ! L’infirmière coordinatrice se met en relation avec le centre de prélèvement pour organiser l’intervention des équipes sur place. Les cœurs, poumons, pancréas et foie prélevés sont aussitôt acheminés vers les centres hospitaliers demandeurs de ces greffons.
Si le prélèvement d’organe demande 2 à 3h sur place et 2 à 3h après le retour au CHU, la greffe qui suivra prendra 8 à 10 h.
Durant ce court laps de temps, le patient, qui aura été identifié comme compatible (grâce à sa fiche reprenant ses données personnelles et les résultats de tous les examens et analyses pratiqués), sera appelé. Le temps du trajet nécessaire à sa venue est pris en considération dans le compte à rebours.
Pour fiabiliser au mieux tout le processus, les équipes du Professeur Salamé, dépêchées auprès de l’hôpital où le greffon est prélevé, lui adresse une vidéo présentant l’organe afin de juger de son état. « S’il y a des doutes, une biopsie est ordonnée. Si tout est bon, le feu vert est donné pour le prélèvement tandis que le patient entre en salle pour être préparé. »
L’aéroport : un maillon essentiel
Les déplacements de l’équipe de « préleveurs » se font par la route s’ils sont inférieurs à deux heures. Au-delà, les préleveurs utiliseront la voie aérienne. Des avions sont mis à leur disposition par une société privée partenaire de l’agence de la biomédecine. C’est plus que jamais la course contre la montre !
Pour le Professeur Salamé, « l’aéroport de Tours a une triple fonction :
– Aller récupérer un greffon pour notre Centre de Transplantation Hépatique ;
– Permettre aux équipes d’autres hôpitaux de venir en récupérer au CHU de Tours ;
– Permettre l’activité de transplantation à l’équipe de chirurgie cardiaque de Tours (il faut un délai maximum de quatre heures entre le prélèvement et la greffe d’un cœur).
Sans aéroport, les activités de greffe et de prélèvement d’organes cesseraient au CTH de Tours qui, en ne prélevant plus, ne pourrait plus disposer ni proposer d’organes à greffer. Sans organe à greffer, Tours ne pourrait plus poursuivre ses activités de transplantations hépatiques et cardiaques ni participer à celles des autres CHU de France vers qui devraient alors se tourner tous les malades de la région.
On ne peut pas dire “batailler pour un CHU de pointe à Tours” quand est mise sur la table la fermeture de l’aéroport. »
Aujourd’hui, ce sont 107 malades qui attendent l’appel qui leur annoncera la greffe qui les sauvera…
Camille Colloch
Site web : https://www.chu-tours.fr/greffe-foie/