Pour la première fois en Centre-Val de Loire, et même en France, les professionnels du bâtiment et de l’immobilier ont fait front commun pour lancer un cri d’alarme face à l’effondrement de leur activité. Leurs assises régionales ont rassemblé près de 350 personnes.
C’était une première régionale, voire nationale. Le 17 mars dernier, la totalité des acteurs de la filière du bâtiment et de l’immobilier faisait cause commune pour alerter sur la situation critique de leur activité. Les professionnels du Centre-Val de Loire ont organisé au centre de conférences d’Orléans leurs premières assises régionales, qui ont réuni près de 350 personnes, preuve que leurs craintes sont partagées.
Défaillances d’entreprises, licenciements, arrêts de chantiers, chute de transactions immobilières, abandon de programmes de construction, tous les indicateurs ont viré au rouge depuis l’année dernière. La faute à l’augmentation des taux d’intérêt, au renchérissement du coût des matières premières, à la pénurie du foncier et aux conditions restrictives d’octroi des aides à l’accès au logement et à la rénovation. « On n’a pas connu une telle crise depuis la deuxième guerre mondiale », n’hésitait pas à affirmer Christian Bodin, le président de la Fédération régionale des travaux publics.
Des mesures d’urgence pour relancer
Tous les présidents des instances professionnelles régionales avaient répondu présents : Anthony Laudat, pour la Fédération du bâtiment, Ivain Le Roy-Liberge, pour la promotion immobilière, Ludovic Dagois, pour la FNAIM, et Eric Liglet, pour l’union des industries de carrières et matériaux de construction, en plus de Christian Bodin. Lors d’une conférence de presse, ils ont déroulé la liste noire des chiffres alarmants : 433 défaillances d’entreprises, dont 153 dans le Loiret, 400 emplois perdus, une baisse de 33 % des constructions de logements, une chute de 18 % des transactions immobilières, un recul de 50 % de la vente de logements neufs et de 30 % des permis de construire.
S’ils dénoncent une situation catastrophique, les acteurs de l’immobilier avancent aussi des solutions. Ils préconisent des mesures d’urgence, comme assouplir les conditions de crédits, faciliter l’accès au prêt à taux zéro, exonérer partiellement les droits de succession dans le neuf, ou encore simplifier l’obtention des primes à la rénovation.
Le cri d’alarme est lancé, sera-t-il entendu ?
Anthony Laudat, président de la Fédération régionale du bâtiment : « Nous restons mobilisés pour sauver nos entreprises »
Interrogé le 11 avril, Anthony Laudat se félicitait du succès des premières assises à Orléans, mais constatait que la situation ne s’améliorait pas. « Il y a eu de petits aménagements comme la suppression de l’approche globale pour l’obtention de Ma Prime Rénov’, mais nous sommes toujours en chute libre pour la construction de logements neufs. Il y a eu une baisse des taux d’intérêt et les banques ont bien joué le jeu en rappelant leurs clients ayant retrouvé une capacité d’investissement, mais ce n’est encore qu’un frémissement, pas une envolée. »
Anthony Laudat signale de nouvelles défaillances d’entreprises du bâtiment en Indre-et-Loire et dans le Cher. « Rien n’est réglé. On nous dit que l’on atteindra le creux de la vague début 2025, mais cela fait deux ans que l’on tire la sonnette d’alarme. Alors on maintient la pression sur le gouvernement et on travaille sur de nouvelles actions pour sauver nos entreprises. »
Bruno Goupille