Les pigeons roucoulent aussi dans la campagne Loirétaine…

Ludovic Guillaume, propriétaire des Pigeonneaux du Gatinais à Ladon (45).

 

Certains disent qu’ils sont sales, qu’ils prolifèrent dans nos villes. D’autres en ont peur (c’est la colombophobie !). D’autres encore, à l’inverse, ont fait de l’élevage de pigeonneaux une activité agricole comme une autre. Rencontre avec deux éleveurs du Loiret : Odile Tourne, implantée à Nesploy, et Ludovic Guillaume, à Ladon.

Le pigeonneau est un produit peu connu, festif et souvent associé à Noël. « Les gens ne pensent pas à cuisiner le pigeon » explique Ludovic Guillaume. Mais, ce manque de popularité ne décourage pas les éleveurs. Leur activité se divise en deux parties. D’abord, l’élevage avec la surveillance et le nourrissage des oiseaux, et l’entretien et le paillage de leurs cages. Ensuite, l’abatage, l’emballage et la livraison des produits. Un mois seulement s’écoule entre la naissance du pigeonneau et sa commercialisation. Ils sont vendus à des clients professionnels et notamment aux restaurateurs, grossistes, volaillers, bouchers et grandes surfaces. Les couples de pigeons reproducteurs, eux, sont gardés quatre ans. Leur viande est transformée en filets, rillettes, terrines et pâtés.

Un produit qui s’exporte. 

Très loin de la mauvaise image que certains peuvent avoir de ces oiseaux, les élevages de pigeons sont soumis à une réglementation stricte. Tout éleveur doit détenir un agrément sanitaire européen CE l’autorisant à manipuler des produits d’origine animale. Les pigeons sont suivis par un vétérinaire et vermifugés une fois par an. 

Avec mille couples de pigeons lors de la création de la SCEA des Huit Routes en 2005, Odile Tourne en a possédé jusqu’à 3300 en 2019. Elle n’en possède plus que 2700 aujourd’hui. Face au succès de son élevage, l’exploitante a agrandit ses locaux et embauché deux salariés. Les pigeons sont trente par cage. Ils sont nourris au maïs cultivé sur l’exploitation par le mari de l’éleveuse ainsi qu’aux granulés et aux coquilles d’huitres concassées pour faciliter la digestion de l’oiseau. Le pigeonneau, lui, est nourri exclusivement par ses parents. L’éleveuse vend principalement sa marchandise à Paris et dans l’export. Chaque semaine, entre cinquante et cent pièces sont envoyées partout dans le monde. 

"Les gens ne pensent pas à cuisiner le pigeon."
Ludovic Guillaume
Propriétaire des Pigeonneaux du Gatinais

 

600 couples qui roucoulent. 

Toujours dans le Loiret, Ludovic Guillaume est passionné de pigeons depuis qu’il est enfant. Il en élevait déjà plusieurs avant la création des Pigeonneaux du Gatinais en 2016. Cette année-là, il décide d’acheter le champ situé à côté de sa ferme et, après quelques travaux, il accueille 600 couples en avril 2020. L’agriculteur participe à des marchés de producteurs locaux les dimanches matin et une grande partie de sa marchandise est destinée aux particuliers. « Les restaurateurs modifient régulièrement leurs cartes et donc la vente de pigeonneaux aux restaurants n’est pas régulière » explique Ludovic Guillaume. Sur les marchés, les pigeonneaux sont vidés et prêts à cuire. A l’inverse, ils sont livrés pleins chez les bouchers et les restaurateurs car ils se gardent mieux. En moyenne, un pigeonneau coûte 8,50€ la pièce. L’exploitant écoule entre 80 et 100 pigeonneaux par semaine. Actuellement, la première partie de son élevage paye les charges de son entreprise et notamment l’alimentation des pigeons. Un troisième bâtiment composé de plusieurs cages est actuellement en construction.

Maxence Yvernault 

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