Le vrac s’implante (aussi) dans les petites villes

L’épicerie Tour’N Vrac.

 

Tendance au départ très citadine, le vrac est présent dans les centres-villes de Tours, Blois et Orléans qui comptent aujourd’hui plusieurs épiceries spécialisées. Mais certains commerçants ont choisi d’installer leur boutique dans de plus petites villes pour proposer ce nouveau mode de consommation aux habitants du coin.

Céréales, riz, pâtes, café, fruits secs, farine, huile, vinaigre, chocolat, mais aussi cosmétiques et produits ménagers : et si, demain, tout le monde pouvait acheter ces produits en vrac ? C’est déjà possible, par exemple, à l’épicerie L’Echo du Vrac, à Saint-Aignan (41). Issue du secteur social, Corinne Pons a ouvert ce commerce en novembre 2020. « J’allais à Montrichard ou à Blois pour faire mes courses et acheter du vrac, explique-t-elle. Il y avait un besoin, mais pas d’offre à Saint-Aignan. Je voulais aussi être plus en cohérence avec mes pratiques personnelles et écologiques ». Avant de s’installer à son compte, la commerçante connaissait déjà quelques producteurs locaux qui l’approvisionnent aujourd’hui. Elle se fournit auprès d’agriculteurs du Loir-et-Cher, d’Indre-et-Loire et d’Indre. « Je suis allée voir tous ces producteurs et je porte une attention particulière à ce qu’ils respectent l’environnement ». En boutique, le vrac permet de se rapprocher au maximum d’une pratique zéro déchet. « Les habitués viennent avec leurs propres emballages, mais le client peut aussi acheter un sac à vrac réutilisable ou utiliser des bocaux seconde main ».

Développer le vrac dans les zones rurales

Le vrac, Maureen Pawula a fait également ce choix en ouvrant en septembre 2021 son épicerie Tour’N Vrac, à Descartes (37). Entre mai 2020 et septembre 2021, la jeune femme effectuait déjà de la vente ambulante de vrac sur les marchés. En trouvant un local dans la petite ville de plus de 3 000 habitants, la commerçante entendait s’installer définitivement et développer une manière de consommer autrement, dans une zone rurale. 95% des produits qu’elle propose à la vente sont bio.

La question de l’hygiène reste une idée reçue sur le vrac qui persiste encore aujourd’hui chez certains consommateurs. À L’Echo du Vrac et Tour’N Vrac, les silos sont nettoyés et désinfectés à chaque fin de lot et les lots ne sont pas mélangés entre eux. L’autre difficulté avec le vrac réside dans le fait que les produits ne doivent pas rester trop longtemps dans les silos car ils pourraient ainsi perdre en qualité. « Tout cela représente beaucoup de travail en amont » indique Maureen Pawula.

Si, sur le papier, il a tout pour plaire, le marché du vrac connaît malgré tout certaines limites et peine encore aujourd’hui à attirer de nouveaux clients. « Mes clients sont plutôt des habitués, explique Corinne Pons. Souvent, ils cherchent un produit bien spécifique ou achètent la base ici et complètent ailleurs, dans les hypermarchés par exemple ». Maureen Pawula observe la même tendance : « Il y a beaucoup d’épiceries qui ferment. Il y a eu un engouement pendant le premier confinement et ça a très bien marché jusqu’en décembre 2021. Les gens faisaient à manger. Aujourd’hui, ils retournent plus au restaurant et au supermarché. Certains m’ont dit qu’ils ne viendraient plus car le bio reste plus cher que le conventionnel. Les gens ont perdu en pouvoir d’achat et dépensent moins ».

Corinne Pons, propriétaire de L’Echo du Vrac.

 

Vrac et grandes surfaces

Le rayon vrac du E.Leclerc de Tavers (45).

 

Le vrac est présent depuis plusieurs années dans les hypermarchés. C’est le cas notamment au E.Leclerc de Tavers (45) qui a installé son rayon vrac il y a près de six ans. « Le vrac était une tendance parisienne, explique Cassandre Joly, responsable communication. Mais, nous avons rapidement compris que c’était quelque chose qui intéressait nos clients ». Aujourd’hui, l’hypermarché propose une cinquantaine de références en vrac de la marque distributeur E.Leclerc et bio. Le client peut venir avec son récipient personnel et l’hypermarché fournit également des emballages si besoin. Parmi les produits qui marchent le mieux, on retrouve les pignons de pain et la gamme apéritive (noix de cajou, pistaches, …). « Pour le client, le vrac est plus intéressant car, pour un produit équivalent en bio, le prix est moins cher en vrac par rapport au produit emballé » poursuit Cassandre Joly.

 

Maxence Yvernault

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