On estime que 30 % des entreprises familiales franchissent la deuxième génération et seules 10 % survivent à la troisième. Nous nous sommes intéressés à ces succès story et à leurs clés de réussite. Pour cette première, nous avons pris rendez-vous avec la famille Lasnier, installée en Loir-et-Cher. Christophe et Bertrand, ont accepté de nous confier les secrets de leur entreprise, qui fêtera ses 100 ans en juin prochain.
Entreprise du BTP bien implantée dans le Loir-et-Cher, notamment dans le Blaisois et dans la Vallée du Cher, le groupe Lasnier BTP vient d’opérer un nouveau tournant avec la reprise de la société par Christophe Lasnier (3ème génération) et trois associés salariés de la société.
TRANSMISSION
« L’équipe qui est devenue gérante à mes côtés est composée de personnes très impliquées depuis de nombreuses années. Ils ont comme moi, des attaches personnelles avec des membres de leurs familles qui ont travaillé dans l’entreprise. Quand on a baigné dans l’univers du bâtiment ou de la maçonnerie, c’est plus facile de transmettre la passion et le savoir-faire » déclare Christophe.
Pour son frère Bertrand, qui a cédé ses parts l’an dernier et qui passe doucement le flambeau à son frère et ses associés, c’est aussi l’ADN de l’entreprise qui doit se cultiver, pour donner l’envie et créer sa pérennité « On a toujours attaché beaucoup d’importance aux valeurs comme le respect et l’échange. Par exemple, en disant « Bonjour » quand on arrive sur un chantier, c’est bête, mais c’est la base » témoigne-t-il.
PASSAGE DE FLAMBEAU
Assurer la pérennité de l’entreprise nécessite de s’y préparer longtemps à l’avance. Quelle que soit la stratégie adoptée et qui prend la décision. Les deux frères nous assurent qu’il faut du temps pour observer, se tester, convaincre et se faire confiance.
Pour Bertrand, c’est son frère Henri, alors à la tête de l’entreprise qui lui a cédé sa place en 2003 « Un jour, il m’a dit « À partir de maintenant, c’est toi le chef ! » Il a pris sa décision quand il a senti que j’étais prêt et qu’il voyait que j’avais envie de m’investir avec de nouvelles idées. De toute façon, pour nous deux, notre père avait décidé que notre avenir était tracé. C’est différent pour Christophe car c’était son choix de venir nous rejoindre et pour le moment, nos enfants ne le souhaitent pas, parce qu’on leur a laissé ce choix de faire ce qu’ils aiment ».
VIE PERSO/VIE PRO
On pourrait croire que, lorsque trois frères et une épouse travaillent dans la même société toutes les discussions du dimanche sont tournées vers le boulot. Et bien détrompez-vous ! Cela ne se passe pas du tout comme ça chez les Lasnier. « Nous avons toujours fait en sorte de séparer les deux. Même pour les grandes prises de décisions, ça se passe tous les vendredis matin, lors de notre réunion. On se réunit avec l’équipe pour évoquer les sujets du moment, confronter nos idées, et trancher ! Même si, quand quelque chose nous préoccupe, on en parle parfois à la maison, comme dans tous les couples » défend Christophe.
« Au début, mon épouse qui travaille aussi dans l’entreprise, me faisait part des problèmes, une fois arrivée à la maison, se souvient en rigolant Bertrand. Rapidement, elle a arrêté de me dire, sinon je ne dormais pas. La nuit de toute façon, on ne peut pas agir, alors autant attendre le jour suivant » conclut-il avec humour.
Un trait de caractère qui fait sans doute l’une des clés de réussite de cette entreprise, bientôt centenaire, tout comme l’empathie qui se dégage des frères Lasnier et des collaborateurs croisés dans l’enceinte de leur bâtiment.
Emilie Marmion